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     2 - Les grands esprits se rencontrent.

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    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: 2 - Les grands esprits se rencontrent.   2 - Les grands esprits se rencontrent. EmptyDim 9 Jan - 23:01
      Je me suis fait avoir comme un bleu. Comment ai-je pu penser pouvoir m'en sortir aussi facilement ? Comment ai-je pu croire qu'on me laisserait m'enfuir d'ici ?
      Je suis vraiment con. Heureusement, on n'a pas trouvé indispensable de me tuer. Y'a-t-il donc pire que la mort comme punition, à Vampire's Kingdom ? Où suis-je exactement ? Un long couloir sombre et puant, des cages alignées contre les murs, des dizaines d'inconnus enchaînés tout comme moi. François m'a parlé de cet endroit, quelques heures avant que je ne le tue. D'après lui, il s'agit d'une sorte de magasin, où les vampires achètent des esclaves pour s'amuser avec, les torturer, les tuer, ou tout simplement pour avoir une boniche. Comment peut-on être aussi cruel ? Et puis ça ne ressemble pas à une boutique, ce truc, on dirait plutôt un centre de SPA... Des gens attachés en laisse comme des clebars attendent avec impatience qu'un bon maître vienne les chercher... Sur qui vais-je tomber ?

      Finalement, je n'aurais peut-être pas dû tuer François. Il était pas vraiment méchant, au fond... après tout, il ne faisait que me violer, me donner à bouffer directement dans le bec et me promener avec une chaîne autour du cou pour que je puisse aller pisser et me dégourdir les jambes. S'il n'avait pas tué mon frère, nous serions peut-être partis du bon pied. Il avait sa vision personnelle de l'entraide entre amis, le bougre ! Ce n'est pas parce que Youri me faisait partager son humeur exécrable depuis son accident qu'il fallait évidemment le supprimer. Qui ne s'est jamais disputé avec son petit frère ?
      Il fallait que je me défoule sur quelqu'un, j'ai donc choisi François un bon matin ensoleillé... et je l'ai fait cramer. Quel imbécile. On a beau dire que les fils de Caïn sont supérieurs aux humains en de nombreux points, je suis tombé sur l'idiot du village, la brebis galeuse... Il était tant épris de moi que pour me satisfaire, il m'a détaché le matin de sa second mort. D'après lui, je n'arriverais pas à quitter la ville.
      Il avait raison, ce con...

      Ce qu'il fait froid, ici ! Comme un débile, je n'ai même pas pris le temps d'enfiler une chemise avant de fuir, ni même des chaussures. Je suis donc parti pieds nus, uniquement vêtu de mon pantalon en cuir. J'ai la chair de poule. Je suis fatigué, mais le léger courant d'air glacé qui traverse le couloir me fait frissoner à chaque fois que je suis sur le point de m'endormir. Il y a un instant, j'avais même envie de crever ici. Mon moral subit des hauts et des bas. En ce moment, il stagne en un juste milieu... Espérons que je demeure lucide au moment où un caïnite pâlichon s'approchera de moi.

      Mes plaies commencent à faire des croûtes, et je suis encore recouvert de sang. Je n'ai pas tellement mal physiquement. La douleur est plus morale qu'autre chose... Ceux qui m'ont frappé avant de me jeter ici n'y sont pas allés de main morte. On ne m'a même pas soigné et lavé, après ça. S'ils espèrent me vendre à un bon prix, ils se fourrent le doigt dans l'oeil jusqu'au trognon. Ils devraient sérieusement revoir leurs techniques commerciales.
      Mais qu'est-ce que je raconte, là ?
      C'est pas moi qui leur fera une bonne pub, en tout cas. Je suis un produit au rabais, je ne vaux pas deux roubles.

      Je relève enfin la tête. Mon voisin d'en face me dévisage. A côté de lui, un bol plein de bouillie. Déjà l'heure du dîner ? Punaise, ce "dourak" qui nous surveille m'a oublié ! Je me redresse et me lève. Mes chaînes m'empêchent de me rapprocher des barreaux. Je lui lance avec mon plus mauvais accent anglais :

      - Eh, du con, j'ai faim !

      Ma voix résonne dans le couloir. Je crois que c'est la première fois que j'ouvre ma gueule depuis la mort de François. Le type se ramène, en compagnie du bossu qui vend les esclaves. Il me jette un regard noir, soulève le petit accès pour le plateau repas, et balance mon bol dans la cage. La moitié de la bouillie informe se carapate et s'échoue au sol comme un gros glaire. Répugnant.

      Je m'agenouille et examine avec dégoût mon unique repas de la journée. D'habitude, il me donne quelque chose de plus consistant, mais là c'est jeudi, c'est le jour de la bouillie ! Si c'est une spécialité anglaise, ça me fera bien rire. J'aime pas la bouffe anglo-saxone. Préfère crever de faim que de manger ça. Il peut se le fourrer où je pense, son bol de merde !

      Au fait, ça fait combien de temps que je suis ici ? Pas un rayon de soleil, pas d'heure... Pas moyen de le savoir. Plusieurs jours, au moins.
      Une goutte d'eau tombe sur mon épaule toutes les trois ou quatre secondes. C'est plutôt énervant. Mes cheveux humides commencent à boucler. J'ai faim, j'ai froid, et je saigne à l'épaule parce que je viens de m'arracher une croûte en m'appuyant contre le mur abrupte et froid. Combien de temps vais-je encore moisir dans ce trou à rats ?





    Edwin Vanelsin


      * Espèce d'imbécile... *

      Pour une sortie discrète, c'était réussi. La soirée débutait seulement qu'il avait déjà réussi à se faire écraser la queue par un humain tout perdu qui tournait la tête dans tous les sens d'un air effaré. Il ne sembla pas davantage rassuré en voyant ce chat roux cracher à son intention et détala sans demander son reste. Quelle mauviette... Avoir peur d'un matou, non mais vraiment.
      C'était mille fois plus agréable de quitter le manoir sous sa forme féline qu'en marchant sur ses petites jambes. Il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi, mais cela faisait plusieurs jours que tous les regards se braquaient sur lui - enfin, encore plus que d'habitude, disons - dès qu'il passait dans un couloir.

      * Le vernis noir, sûrement... *

      Ils ne comprenaient donc vraiment rien. A croire que les vampires étaient presque aussi stupides que les humains. Oui, il fallait bien avouer que depuis qu'il faisait partie de cette race, il avait un peu attrapé la grosse tête, et il lui arrivait de mépriser les humains, surtout quand il était agacé...

      Le magasin, la raison de sa sortie nocturne, n'était pas très loin ; au bout de quelques bonds agiles, il le repéra. Un vieux bâtiment délabré semblable à une prison, pour ne pas dire pire... Ah, il les aurait presque plaints, ces pauvres petites choses, si seulement le mot pitié avait fait partie de son vocabulaire.

      * Drôle d'idée que de vouloir se procurer un esclave... *

      Ses yeux bleu-violet de félin brillaient dans la nuit et semblaient déchiffrer l'écriteau qui se trouvait à l'entrée de la "boutique".

      * Bien, j'y suis. Et maintenant ? *

      C'était peut-être une drôle d'idée que de venir ici pour entrer en possession d'un esclave. Mais il avait beau critiquer cette façon de faire, il se trouvait devant l'entrée en ce moment-même. Pourquoi, alors qu'il trouvait cet acte plutôt stupide ? Peut-être était-ce à cause de cet autre vampire avec lequel il avait dialogué il y a quelques temps ; il lui avait touché deux mots à propos de son joujou bien aimé qu'il ne quasiment plus.
      " A quoi cela sert-il donc ? " avait-il osé demander.
      Grosse erreur Edwin, grosse erreur. A partir de ce moment-là, il resta un long moment à écouter l'homme lui conter tous les avantages de posséder un être à son service. Sur le moment, ça ne lui avait pas paru particulièrement alléchant. Mais de retour dans ses appartements, il y avait mûrement réfléchi. Et puis finalement, ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée que ça... Mais qu'en ferait-il, de son esclave, hein ?

      Et à présent, il était assis devant l'endroit où l'on stockait les prisonniers ; le museau frémissant, hésitant encore. Il pouvait toujours faire demi-tour, ça ne choquerait personne, un chat qui repartirait d'où il venait...
      Mais il ne le fit pas. Il se faufila même par une fissure et pénétra dans le bâtiment.

      L'odeur était infecte, l'air irrespirable. De partout, des cris perturbaient le silence de mort qui régnait ; des mains se tendaient à travers les barreaux pour tenter de saisir des acheteurs au passage. Pensaient-ils réellement que le sort qui les attendait à Vampire's Kingdom était meilleur que celui-ci ? Dans le fond, ne valait-il mieux pas qu'ils restent à croupir au fond de leur cachot ? Tout cela dépendait du maître sur lequel il tomberait.
      Il tressaillit et son poil se hérissa à cette perspective. Il allait devenir maître, lui aussi. Propriétaire, en quelque sorte. Ca lui donnait une drôle de sensation ; et rien que l'envisager lui donnait la chair de poule. Serait-il comme il faut ? Edwin n'était pas violent et avait encore moins l'intention de violer son esclave. Et s'il tombait sur un rebelle, qui lui pourrirait l'existence ?

      * Pfff, qu'il essaye de lever le poing sur moi. C'est moi le patron tout de même... *

      Non, il ne se laisserait sûrement pas faire. Cependant, si le nouveau venu venait à se montrer trop pénible et trop encombrant, il tenterait sûrement de le renvoyer d'où il venait. Ce n'était pas un cobaye qu'il souhaitait, ni une petite boniche. La raison qui avait poussé ses pas jusqu'ici était plutôt... l'ennui. Il avait beau être solitaire, il s'ennuyait à mourir, seul dans ses appartements. La compagnie de son piano ainsi que de ses chats ne lui suffisaient plus. Et en venant ici, il espérait trouver quelqu'un qui pourrait le distraire. Mais comment saurait-il lequel choisir ?

      Le gracieux matou se faufilait à travers les acheteurs aux mines graves et parcourait des yeux les différentes cages. Aucun des humains enfermés ne l'attirait particulièrement. Ils étaient tous pareils, avec leurs yeux exorbités, désespérés au point de supplier un chat du regard.
      Mais là, près du gardien qui distribuait la soupe, il y en avait un. Torse nu, pataugeant dans une mare de sang, les épaules écorchées à vif. Edwin n'aurait su dire ce qui l'attirait en lui, pourquoi c'était cet homme qu'il achèterait l'instant d'après. Ses cheveux dégoulinaient à cause de l'humidité de la pièce. Il devait sûrement avoir froid, et faim... Cependant, il ne paraissait pas vouloir se rabaisser au point de laisser transparaître son état de malaise. Très courageux, sûrement...

      Perdu dans ses réflexions et dans ses observations, il ne vit pas le pied du garde jaillir et le propulser dans le mur le plus proche.

      *Oula... Alors là, mon gaillard.... J'te signale juste comme ça que j'ai l'intention de te donner une certaine somme d'argent qui pourrait éventuellement contribuer à augmenter ta misérable paye. Et t'as osé me traiter comme ça, espèce de vermine... *
      Son attaquant n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. La seconde suivante, deux mains petites mais puissantes le saisirent au col et le secouèrent comme un prunier.

      - Ecoute-moi bien, espèce d'imbécile. La prochaine fois que tu oses me traiter comme ça, t'as intérêt à courir vite.

      Puis, se tournant vers le prisonnier, il l'indiqua d'un signe de tête et sortit une liasse de billets.

      - Sors-le.

      Le ton était froid et sans appel , il ne permettait aucun commentaire, aucune remarque, aucune discussion.

      Il reporta son attention à l'objet de ses désirs. C'était lui qu'il avait choisi. Il était certain de ne pas se tromper. Alors que le gardien de cellule déverrouillait la porte, le caïnite se faufila sous sa forme féline à travers les barreaux et reprit son apparence normale une fois à l'intérieur, faisant face à son nouvel esclave.

      - Je n'ai pas envie de passer pour quelqu'un de banal à tes yeux, mais il faut bien commencer par les formalités. Ton nom ?

      Debout, les bras croisés sur le torse, vêtu de sa veste et de son pantalon de cuir, il observait sa trouvaille en silence, l'examinait sous tous les angles comme s'il avait voulu lui trouer la peau et apercevoir son âme au travers.
      Puis il s'appuya contre le mur, en face du prisonnier, et attendit tout en défiant son regard qu'il lui révèle son identité.
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    Atticus

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    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 2 - Les grands esprits se rencontrent.   2 - Les grands esprits se rencontrent. EmptyDim 9 Jan - 23:07
      Mon estomac est si bruyant... J'ai la dalle, bordel ! Mais hors de question de manger ce truc. Tant pis, je fais la grève de la faim. Ces mecs n'en auront certainement rien à fouttre, mais tant pis. Je mourrais ici, à moins qu'on ne m'achète avant...
      Le type en face de moi me regarde comme si je ne suis qu'une sous-merde. Et puis j'aperçois un minet qui s'avance... Un chat, ici ? Je lui souris et lui adresse un petit claquement de lèvres sonore, pour l'appeler vers moi. Gentil minou, gentil ! C'est alors que le gardien suit la direction de mon regard et lui balance un violent coup de pied. Le félin est projeté contre un mur. Connard ! Me tabasser l'autre jour, ça t'a pas suffi ? Faut encore que tu martyrises un chat devant moi ? Je te hais, salaud ! Le jour où je te recroise, quand je serais libre, tu prendras mon poing dans ta face de rat !

      Calme-toi, Mihaïl, calme-toi. T'as déjà assez d'ennuis comme ça. Comme d'habitude, tu te contenteras de l'ignorer. Mais, eeeuh !... Non, suffit, j'ai dit !
      Le gardien se retourne vers moi tout en ricanant. Et puis tout à coup, il est attrapé par le col, par... le félin, qui, sous mes yeux, vient de prendre forme humaine ?! C'est quoi cette sorcellerie ? Un vampire, inévitablement. Je viens de faire des mimiques débiles à un fils de Caïn, comment va-t-il le prendre ?

      Bon, ça va, finalement... puisqu'il vient de décider de m'acheter, visiblement. Il lâche le gardien, mute en félin à une vitesse impressionnante, et entre dans ma cage, pour de nouveau retrouver une apparence humaine. Waw... Je veux savoir faire ça, moi aussi ! Hébété, je ne réagis pas tout de suite à ce qu'il vient de me dire. Je me relève soudainement pour lui faire face. Nous sommes à peu près de la même taille... à vrai dire, nous nous ressemblons un peu... barbiche, cheveux longs, l'air un peu sombre...

      Il m'observe sous toutes les coutures, le regard inexpressif, attendant ma réponse... J'aurais jamais cru qu'on s'intéresse à moi dans mon état. Je suis si sale, si mal en point ! Et si fatigué... Je n'ose imaginer les cernes sous mes yeux, je dois avoir une tête de zombie, et pourtant je lui plais. Sur quels critères se base-t-il ? Notre apparente ressemblance physique ?
      Je lui réponds enfin en anglais, malgré mon accent placé entre le russe presque oublié et le français mal travaillé :

      - Mihaïl Egonov.

      N'a-t-il pas vu les marques de morsure sur mon cou, qui réduisent ma qualité en tant qu'esclave ? Sait-il seulement que j'ai déjà tué un vampire, ici ? De toute façon, s'il ne le sait pas il finira par l'apprendre. S'il me demande pourquoi je suis blessé, je le lui dirais. Il vaut mieux être honnête, après tout je ne suis peut-être pas trop mal tombé...

      Je sais qu'il ne me laissera jamais partir, ça je l'ai compris depuis un moment. Mais s'il me donne à manger et une baballe pour jouer, je serais un bon toutou...
      Mihaïl, tu me fais pitié. C'est la faim qui te tiraille qui te fait penser à toutes ces conneries...

      Le bossu ouvre la cage et me débarrasse de mes chaînes. Je masse mes poignets endoloris, alors que le gardien glisse à l'oreille mon prix de vente. Je l'entends tout de même... diable, suis-je en si mauvais état ? J'aurais pensé valoir un peu plus.

      Normalement, ils n'auraient pas du me revendre. Pour avoir tué François, ils auraient dû me battre à mort. Mais j'ai entendu un inconnu intervenir alors qu'ils me fouettaient : d'après lui, je pourrais encore servir. En gros, je crois que c'est ma belle gueule qui m'a sauvé... Je suis du genre à plaire, il paraît...
      Mais ce prix si dérisoire va certainement surprendre le vampire qui se tient en face de moi. Se laissera-t-il charmer par la mise en solde ? De toute façon il semble déjà avoir fait son choix...





    Edwin Vanelsin

      Le détenu n'avait pas vraiment l'air mal à l'aise. Non, surtout las d'être enfermé dans ce trou et d'être condamné à boire de la bouillie tous les jours. A côté de ça, ses appartements assez simples lui parurent un véritable luxe.
      Le jeune homme se présenta enfin avec un accent assez étrange. Déduction immédiate : il n'était sûrement pas anglais. Et puis, avec un nom pareil...

      - De quelle origine ?

      Polonais, ou russe, peut-être ? Enfin, là n'était pas la question. Il avait trouvé ce qu'il était venu chercher, et il n'avait pas l'intention de commencer à moisir ici, lui aussi.

      - Mmmh, à moins que tu n'es pris racine ici, ne penses-tu pas qu'il serait temps de sortir ? Enfin, si tu y tiens, je peux toujours regarder s'il y a plus intéressant ailleurs... lança-t-il à l'intention de Mihaïl par-dessus son épaule, tandis que lui sortait de la prison.

      Il leva un sourcil en entendant le prix de sa trouvaille fraîchement dégotée. Quoi, seulement ? Dévisageant le bossu des pieds à la tête, il le taquina un peu.

      - Tu as donc tellement envie de te débarasser de lui ? Il n'a pas l'air bien méchant, pourtant...

      Il détourna légèrement la tête et adressa un clin d'oeil discret à sa nouvelle acquisition avant de se tourner de nouveau vers le... vendeur, disons.

      - On ne va tout de même pas le laisser sortir ainsi, le pauvre... Regarde-le donc, gros lard ; oui, c'est à toi que je parle. Nous autres vampires ne percevont pas vraiment le froid ; mais lui risque d'arriver au château en grelottant de tout son corps. Pour te faire pardonner de ton accueil parfaitement lamentable, je te conseille de lui laisser la jolie veste qui repose en ce moment sur tes épaules. J'espère que tu ne l'as pas trop imprégnée de ta sueur, ça risquerait d'être assez désagréable à porter...

      Il claqua des doigts et lança un nouveau regard en arrière.

      - Bon, on s'active derrière ? J'ai pas l'intention de passer la nuit ici, moi.

      La main tendue, il attendit que le gardien ne lui lègue sa veste en cuir qui suivrait certainement avec le pantalon du jeune étranger pendant qu'il agitait frénétiquement, de l'autre main, la liasse de billets qu'il avait gardé. A ce prix-là, il aurait même pu en prendre deux... Bah, au moins, il ferait des économies. Ca lui permettrait peut-être de s'offrir un synthétiseur...

      Ca y était enfin, le lourdeau, après avoir paru sonné, avait préféré laisser sa veste et sauver sa peau. Sage décision... Le caïnite l'échangea contre l'argent et la tendit à son nouvel esclave en la tenant par le bout des doigts, comme s'il était effrayé à la seule pensée d'un éventuel contact physique.
      Mais avant de quitter les lieux, il fallait s'assurer d'une chose... Qui lui disait que cet homme lui servirait, le divertirait ? Ce n'était pas marqué sur son front ; et pourtant, il fallait qu'il sache...

      - Dis-moi donc, Mihaïl... Disposerais-tu d'un don ou d'un talent particulier ? Oh, la question peut surprendre ; mais ça m'intéresse, crois-moi.

      Ah oui, pour sûr, ça l'intéressait... Imaginer un instant qu'il ne serve que de décoration était parfaitement inenvisageable. Même s'il l'avait acheté à un prix dérisoire, ce n'était pas pour autant qu'il ne servirait pas.
      Il dévisagea de nouveau son esclave un court instant. Il était particulier tout de même... Il n'avait pas paru tellement surpris lorsqu'il avait vu Edwin s'introduire dans son cachot pour venir le questionner. Etait-il fatigué à ce point ? D'après le peu de choses qu'on lui avait raconté sur le sujet, les nouveaux esclaves étaient tous effrayés en voyant leur futur maître débarquer, les attraper par les cheveux et les tirer hors de leur prison. Mais pas lui... Enfin, il fallait avouer qu'Edwin n'était pas une brute, mais la situation était tout de même étrange. Et tout ce sang qui ruisselait sur ses épaules et dans son dos...

      - On t'a battu ? lui demanda-t-il en indiquant ses blessures d'un coup de menton.

      Cet étranger était peut-être aussi mystérieux que lui. Qui était-il réellement ? Et pourquoi n'avait-il pas l'air terrifié, comme il s'y attendait ? Tout cela était fort étrange ; mais il était certain qu'avec le temps, il obtiendrait une réponse à chacune de ces questions.
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    Atticus

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    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 2 - Les grands esprits se rencontrent.   2 - Les grands esprits se rencontrent. EmptyDim 9 Jan - 23:11
      Le vampire devant moi reste inébranlable, et pourtant je décèle une once de curiosité dans son regard. Je dois certainement lui paraître trop sûr de moi, en comparaison à tous ces gugusses dans les cages qui hurlent et supplient comme s'ils allaient mourir dans la minute suivante... Je n'ai jamais tremblé devant qui que ce soit, mais je ne suis pas téméraire non plus. Tant qu'il ne fait pas en sorte que je le craigne, je ne le caindrais pas. Je ne suis pas une lopette soumise, François ne m'a pas habitué à celà, me traitant avec du respect malgré les entraves.

      Toujours immobile, je le regarde sortir de la cage. Je finis par lui répondre :

      - Je suis Russe, Monsieur. Et je vous avoue que, malgré ma sympathie à l'égard de mes geôliers, l'ambiance n'est pas vraiment à mon goût, ici. J'accepte volontiers votre proposition.

      Une pointe d'humour ne fait jamais de mal. Si ce gars me respecte, j'en ferais autant. Il a l'air plutôt sympa, du moins il apprécie autant le bossu que moi. Il semble effectivement surpris par ce que je coûte.
      Je ne peux m'empêcher de sourire en sortant de cette maudite cage. Enfin ! Je suis même plutôt à l'aise, je positive... pour changer. Je m'arrête en face de mon nouveau propriétaire. Qu'est-ce qu'il est classe ! Je veux le même pantalon ! Le mien laisse à désirer.

      Les humains alignés comme des bêtes me regardent avec stupéfaction. Bah quoi ? J'ai pas le droit d'être content ? Ah oui, je sais : ils ne comprennent rien de ce qui se passe, et surtout, ils n'ont jamais été esclaves. Quant à moi, j'ai appris à me faire à l'idée d'être prisonnier, et au lieu de me lamenter sur mon misérable sort, je lui trouve de bons points.

      Il est si rare que je semble de bonne humeur. En fait, je ne montre pas ce que je ressens, je garde tout pour moi, d'habitude. Mais là, la fatigue est un facteur important dans mon comportement...

      Le vampire me tend la veste du bossu. Je l'enfile sans hésiter. Ca va, ça pue pas trop, il a dû prendre sa douche annuelle avant de la mettre ! Elle est un peu grande pour moi, mal taillée au niveau des épaules, mais le cuir est d'une qualité rare. Elle dû lui coûter cher, et il ne comptera pas sur moi pour la lui rendre. Ca lui apprendra à laisser les gens dans leur crasse. Si ça se trouve, j'ai chopé une saleté d'infection à travers mes plaies !

      La transaction se passe en silence, puis le caïnite se retourne vers moi. Il veut savoir si je sais faire quelque chose de mes mains. Mais oui, bien sûr ! File-moi un bout de bois et je t'en fais une chaise, un violon, un buste de Napoléon !

      - J'étais menuisier-luthier avant de venir ici... et je me débrouille pas trop mal au violoncelle. Disons que je suis assez manuel et doté d'un sens artistique, mais après tout ce sera à vous de juger...

      Violoncelle... ça fait tellement longtemps que je n'en ai pas tenu un dans mes bras, senti vibrer ses cordes contre moi, me laissant porter par les sons... Au fond, j'ai presque plus envie de jouer que de manger. C'est pas mon estomac, mais mon coeur qui grogne. Je m'égare dans mes souvenirs, l'atelier, le conservatoire... Tout cela est si loin et inaccessible à présent...

      Une question de mon maître me tire de mes pensées. Je reviens sur Terre avec violence, comme si je tombais du paradis pour m'écraser dans le monde réel. Dois-je réellement lui expliquer ? Il ne voudra peut-être plus de moi si je lui raconte pourquoi on m'a tabassé, et je retournerais dans cette maudite cage ! Comment formuler celà, avant que le bossu ne le lui raconte en détails ? Placé derrière le vampire, il me lance un regard noir, un léger sourire au coin des lèvres. Il pense que je vais me faire refouler. Quel gros con, vraiment.


      - Oui, Monsieur. J'ai pas été gentil avec mon ancien maître. On m'a puni, mais au lieu de me tuer, on m'a mis en rayon...

      Pour l'instant, j'en dis pas plus. Je le laisse supposer ce qu'il veut. Il doit se douter que c'est pour une chose grave qu'on a voulu me zigouiller...
      Je me hasarde à lui poser quelques questions à mon tour :

      - Je peux savoir votre nom, et ce que vous comptez faire de moi, si ce n'est pas indiscret ?

      Si c'est pour m'attacher au lit pendant trois mois, comme l'a fait François, bah non merci, je préfère retrouver ma petite cage et m'y asseoir pour attendre le prochain.
      Non, non, je ne suis pas dans une station de métro, c'est pas moi qui choisis... Je suis un produit. Répète après moi : tu es un produit...





    Edwin Vanelsin

      Le nouveau avait l'air tout heureux en sortant de sa prison. Enfin, ça se comprenait assez facilement, mais ça contrastait beaucoup avec les autres détenus qui hurlaient à la mort en tendant les bras vers Edwin. Ah bah, ils pouvaient toujours les tendre, si ça leur faisait plaisir...
      Le visage du vampire s'illumina davantage lorsque Mihaïl lui annonça qu'il savait jouer du violoncelle. Un musicien, donc ? Parfait, il n'aurait pu espérer mieux. Et sa maîtrise du bois pourrait également s'avérer intéressante. Et bien, il s'était pas mal débrouillé pour un débutant en la matière : il avait apparemment trouvé la perle rare, l'homme dont il avait besoin en un seul coup d'œil.

      - Du violoncelle, vraiment ? Tu as beaucoup de chance. Je suis certain que cet instrument rendrait très bien à côté de mon piano...

      Il se tut un instant, ferma les yeux et imagina l'objet de bois à côté de son monument aux organes de cordes. Pas mal la décoration... Et si ça pouvait ravir le jeune homme, c'était encore mieux. Puis, un petit duo piano-violoncelle ne serait sûrement pas de refus, n'est-ce pas ? Ca produisait un très joli son et complétait à merveille son propre instrument. Un artiste-artisan, non mais vraiment... Il préférait mille fois ça à un ancien top modèle qui se serait baladé dans son salon en dandinant des fesses et en posant ses mains de fille partout, laissant d'horribles marques de doigts sur ses meubles...
      Oui, il fallait bien avouer qu'Edwin était un brin maniaque. Contrairement à ses semblables, il ne laissait aucune femme de ménage pénétrer dans ses appartements. Quitte à se mettre à quatre pattes pour enlever la poussière, il préférait ça à laisser son intérieur aux mains de quelqu'un d'autre que lui-même. D'ailleurs, Mihaïl serait sûrement le premier à découvrir son lieu de vie. Quelle chance inouïe...

      Mais ce bonheur était tellement beau et inespéré qu'il fallait bien qu'il disparaisse tôt ou tard. Son esclave lui appris qu'il avait été enfermé ici parce que « il n'avait pas été gentil avec son ancien maître ». Sa façon de parler assez simpliste pour ne pas dire enfantine l'agaçait légèrement : le prenait-il pour un imbécile ? Ses prunelles fixèrent celles du russe et firent passer en un regard tout ce qu'il voulait lui faire comprendre, avant d'insister avec des mots.

      - Vraiment ? Et bien, quoi que tu aies pu faire par le passé, n'essaye même pas de le reproduire. Je ne parais peut-être pas comme ça, mais je peux être très méchant.

      Ca paraissait presque drôle d'entendre ces paroles sortir de la bouche du caïnite. Il n'avait pas une silhouette très imposante ; son vernis et ses bracelets ne l'aidaient pas vraiment à intimider ses adversaires. Mais il ne mentait pas, il n'était pas toujours aussi tendre...
      Il ne manifesta pas pour le moment le besoin de savoir exactement ce que son esclave avait commis par le passé. Il l'apprendrait plus tard, se répétait-il... Pour l'instant, la seule chose qui le préoccupait était l'éventuel achat d'un violoncelle. Ah ça alors, ça l'avait complètement retourné lorsqu'il avait appris que l'étranger savait en jouer. Il ne l'aurait jamais deviné, même en l'observant pendant des heures...

      Le nouveau se risqua à le questionner un peu. Le vampire regarda le geôlier par-dessus son épaule et, l'apercevant faire des grimaces derrière son dos, il lui écrasa le pied sans ménagement.

      - Tu penses que je ne te vois pas, espèce d'abruti ? Va donc t'occuper de tes affaires. Et vite.

      Dans une dernière mimique ridicule, il tourna enfin le dos et repartit vaquer à ses occupations.

      - Ce que je vais faire de toi ? Sincèrement, je n'en ai aucune idée. J'espère que cette réponse te convient car il te faudra pour l'instant t'en contenter. Sinon... Je m'appelle Edwin. Edwin Vanelsin. Ajouta-t-il avec un léger sourire.

      Il lui indiqua le chemin du retour d'un coup de menton.

      - Tu connais la route, je suppose ?
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    Atticus

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    MessageSujet: Re: 2 - Les grands esprits se rencontrent.   2 - Les grands esprits se rencontrent. EmptyDim 9 Jan - 23:16
      Piano ? Il a dit piano ?
      Ca c'est un bon point. Ce vampire monte dans mon estime. Là, j'avoue que j'ai du bol. Je nous imagine déjà jouer ensemble... Edwin a l'air satisfait, également. Nous partons sur de bonnes bases, espérons que ça dure...

      Il se perd un instant dans ses pensées. Il doit songer aux mêmes choses que moi... Pourquoi nous entendons-nous si bien ? Cette ressemblance est frappante. Presque louche... C'est vrai, quoi, on a les mêmes goûts vestimentaires, la même coupe de cheveux, et cette même passion de la musique. Là, tout de suite, j'ai pas envie de m'en faire un copain, ce rapport maître-esclave m'aveugle et m'empêche de réellement l'apprécier... mais après tout, c'est pas de sa faute si je suis là, donc je ne peux pas lui en vouloir. Si la vie qu'il m'offre me plaît, je ne vois pas pourquoi j'aurais envie de partir.
      Ce sera toujours mieux que de vivre dans la paranoïa, en pensant chaque jour que la police peut débarquer chez moi à tout instant pour m'arrêter... Inévitablement, les flics doivent penser que j'ai tué Youri, tout comme j'ai descendu cet inspecteur il y a deux ans...

      Ici, au moins, il n'y a pas de flics, en tant qu'esclave je suis protégé par mon maître, et dans ce palais il y a des gens qui ont fait bien pire que moi... Le passé n'existe plus, seul le présent est pris en considération. Le futur ne compte pas, car on ne sait jamais combien de temps on va survivre. C'est François qui m'a appris tout ça... Bordel, mais pourquoi l'ai-je tué, celui-là ? Avec du recul, il ne voulait que mon bien... Il ne savait pas comment s'y prendre, c'est tout...
      Bon, rien de sert de repenser à tout cela. La vie continue, je vais arrêter de penser à mes erreurs.

      Edwin me lance par la suite une espèce de regard noir. Je sens qu'il n'a pas apprécié le fait que je prenne mon explication à la légère. Comment m'en vouloir ? Je suis mort de fatigue, ma seul envie c'est de sortir et de pouvoir enfin manger quelque chose d'apétissant et dormir dans des draps qui sentent bon le propre...
      A quoi ça lui servirait de savoir ce que j'ai fait ? A simplement se méfier de moi ? Mais s'il me traite bien, je ne vois pas pourquoi je tenterais de lui faire du mal. Je suis comme tout être vivant, je me défends quand ça dépend de ma survie, et je me suis défendu de François parce qu'il me privait de la moindre petite liberté. A trop être étouffé on explose...

      J'imagine alors Edwin en mode méchant. C'est plutôt comique... mais je n'ai pas envie de connaître ça. Les traits de son visage sont durs, sa voix est virile, et pourtant je le trouve mignon avec ses accessoires. Chacun son style, après tout...

      Un sourire triomphal aurait pu naître sur mon visage en le voyant écraser le pied du bossu, mais je l'ai retenu de justesse. Ce gros lourdeau doit savoir que je n'en pense pas moins. Alors que je le regarde s'en aller, Edwin me demande si je connais le chemin du retour.

      - Hm... je ne suis pas sûr de me souvenir, on m'a ammené ici de façon si brusque... Je vous laisse passer devant, si vous le permettez. Je vous promets de ne pas me sauver.

      Alors qu'on se dirige vers la sortie, je croise le regard de ce bossu qui me déteste tant. Quel triste personnage... Avant de quitter le magasin, je lui assène une franche tape sur l'épaule, un large sourire aux lèvres.

      - Au fait, mon gros, je tiens à te dire que tu fais du bon boulot. Si, si, je t'assure !... Et ta veste, elle est très chouette !

      Je sens son regard exaspéré dans mon dos, tandis que nous sortons. La porte grinçante se referme derrière nous dans un claquement résonnant.






    Edwin Vanelsin

      Le caïnite lança un discret regard exaspéré à sa nouvelle acquisition. Décidément, il ne manquait pas de culot... A présent qu'il était sorti de sa prison et qu'il marchait droit vers ce que l'on pouvait appeler la « liberté » - oui, comparé à l'endroit qu'il était en train de quitter -, il se croyait déjà tout permis et se permettait de faire le fier devant son ancien gardien. Enfin, il avait peut-être ses raisons ; mais bon, il ne fallait tout de même pas exagérer.

      - N'en fais pas trop quand même, le russe. Au prix où je t'ai dégoté, qui sait, j'ai peut-être droit à l'étiquette satisfait ou remboursé...

      Ce n'était pas bien gentil, mais il ne fallait pas oublier qui était le maître dans les deux. Avec leur look semblable, leur taille quasiment identique, la barbichette et la chevelure, on aurait plutôt cru voir deux vieux amis en train de papoter tranquillement. Bon, mieux valait qu'ils s'entendent bien, tous les deux ; mais il ne fallait pas oublier que le vampire partait avec une longueur d'avance. Il était au dessus de l'étranger, et ça, il le garderait toujours en tête.

      Il détailla la tenue vestimentaire de son nouvel esclave et ne cacha pas une grimace désapprobatrice.

      - Il faudra changer le pantalon, il est dans un piteux état... Et on ne se balade jamais dans les appartements d'Edwin Vanelsin dans un piteux état.

      Il aimait beaucoup parler de lui à la troisième personne, ça faisait chic ; et il avait l'impression d'avoir encore plus d'importance.
      Le nouveau prit l'initiative de sortir du magasin, sans doute n'avait-il pas l'intention d'errer dans ce lieu lugubre un instant de plus. Parfaitement compréhensible... En haussant les épaules, Edwin le suivit de sa démarche classe, les mains dans les poches, arborant fièrement sa toute nouvelle tenue de cuir flambante neuve. Il ne faisait pas vraiment cela pour que tous les regards se braquent sur lui quand il passait dans la rue ; mais uniquement pour lui-même.

      *C'est parti... *

      Il devança son esclave pour lui montrer le chemin et ne prit pas longtemps à le distancer. Ce que les humains peuvent être lents, parfois... Le comble, Mihaïl était mort de faim et de fatigue.

      *Et ben à cette allure-là, on n'est pas sorti de l'auberge... *

      - T'es pas taillé pour être un champion olympique, toi, n'est-ce pas ? Lui lança-t-il par-dessus son épaule en espérant que cette remarque lui ferait un peu presser le pas.

      C'était qu'il avait hâte de retrouver son chez-lui. Il s'y plaisait énormément et s'y sentait réellement bien. Dehors, c'était différent. Tous ces gens qui courraient de partout, qui se bousculaient ou qui s'attardaient en l'apercevant en lui lançant un drôle de regard, comme s'il venait d'une autre planète. Bah quoi, il n'avait jamais vu un homme avec des cheveux longs, ni avec du vernis noir ou même avec des bracelets aux poignets ? Pas croyable, non mais vraiment...
      Même s'il ne l'avouerait sans doute jamais, ça lu faisait tout drôle de voir que le monde semblait ne pas l'accepter tel qu'il était. La plupart du temps, il arrivait à faire part de suffisamment d'orgueil pour ne pas s'en rendre compte ; mais parfois, ça lui sautait aux yeux sans prévenir. Qu'avait-il donc de si choquant ? C'étaient les autres qui le surprenaient, lui ! Il s'adorait lui-même, pour ne pas dire s'idolâtrait. Vrai, et dans le fond, mieux valait que les autres soient différents. Ainsi, il ressortait davantage du lot et restait un spécimen unique.

      *Ou en voie de disparition... * pensa-t-il en jetant un coup d'œil à Mihaïl.

      Mais même si le jeune homme lui ressemblait, il n'avait pas cette classe qu'arborait fièrement le vampire. Peut-être parce qu'il venait de passer plusieurs jours enfermé, à patauger dans la crasse et l'humidité. On verrait bien à quoi il ressemblerait une fois décrassé et revêtis.

      - Dis-moi... Ton violoncelle, tu le saurais le faire toi-même si je te fournis le matériel nécessaire à sa réalisation ?

      C'était certainement bien plus simple d'aller en chercher un lui-même dans un magasin spécialisé ; mais il avait toujours rêvé de voir un instrument se construire sous ses yeux. C'était une sorte de fantasme, d'utopie... Et cet homme pouvait lui permettre de devenir réalité.

      S'il était réellement aussi doué qu'il ne prétendait l'être, ce serait un pur bonheur de jouer avec lui. Oh, bien sûr, ça en choquerait plus d'un, une fois de plus ; mais le caïnite était habitué à ne pas agir comme les autres.

      - Et tu te débrouilles bien, j'espère ?

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    MessageSujet: Re: 2 - Les grands esprits se rencontrent.   2 - Les grands esprits se rencontrent. EmptyDim 9 Jan - 23:18
      Ouais bon, okay, je vais me calmer. Je suis pas à la fête forraine. Mais je suis si soulagé d'être enfin sorti ! Je n'ai pas pu réprimer cette remarque au bossu. Habituellement, je ne suis pas si insolent. Je ferme mon bec, et je profite seul de mes vannes pourries.

      De par son regard et son attitude, Ed semble plutôt sûr de lui... Un peu trop, peut-être. Ah tiens, ça y est ! Je l'appelle déjà Ed. Ca n'a pas mis longtemps avant de venir ! Ah ah, si l'on savait tout ce à quoi je pense, alors que mon visage reste impassible. Heureusement que je me maîtrise, sinon je me parlerais à voix haute, je rigolerais un bon coup, et je me payerais l'apéro ! Sacré Mihaïl, tu ne rates pas une occasion de te poiler intérieurement sans que personne n'en ai conscience. Béni soit ton cerveau si spirituel...

      Je disais donc, Edwin est sûr de lui. Son apparence est très soignée, voire même un peu trop... et visiblement, il voudrait que je parraisse bien à ses côtés. Normal, si j'étais à sa place, mon toutou je le bichonnerais. J'acquiesce à sa remarque d'un coup de tête. Complètement d'accord avec le fait de changer de fringues. D'ordinaire, je suis soigné, moi aussi, là c'est juste que, quand François m'a enlevé, il ne m'a pas laissé emporter autre chose que ce que j'avais sur moi.
      Edwin me tire de mes songes en me devançant. Sa remarque sur le champion olympique me fait sourire, je m'élance derrière lui.

      - Pas vraiment, Monsieur.

      Les inconnus que nous croisons à travers les couloirs nous détaillent comme des top models sur un tapis rouge. Ils n'ont rien d'autre de plus intéressant à faire ? Je sais pas, moi, torturer un humain, par exemple ? Ils sont bien habillés, eux, ça va on a compris. Poudrés de partout, certains se baladent en costume-redingote. Ont-ils remarqué que nous sommes au vingt-et-unième siècle ? Nous rencontrons tous les contrastes imaginables sur notre chemin. La plupart d'entre ces vampires se vêtissent comme n'importe qui, on pourrait les confondre avec des humains.

      Une caïnite me regarde passer et se lèche les babines. Brrr... !
      Mon maître m'adresse la parole, et les mots qui découlent de sa bouche me semblent alors ausi agréables qu'une douce mélopée... Ai-je bien entendu ?
      J'accélère un peu le pas pour me retrouver à ses côtés.

      - Mon... mon violoncelle ? Euh, oui bien sûr ! C'est mon métier et ma passion... Je serais vraiment ravi d'en refaire un... Vous feriez ça pour moi ?

      Edwin est vraiment quelqu'un d'étonnant. Je n'ai pas vu beaucoup de vampires jusque-là, mais il ne leur ressemble pas.
      Me faire un instrument... quel bonheur... Décidément, je ne regrette pas d'avoir été acheté par ce type. J'imagine déjà le processus de fabrication, avec des outils adaptés... Mais d'ailleurs, où vais-je le fabriquer ? Possède-t-il un atelier, des machines à bois ? Il y a sûrement une menuiserie en ville, de toute façon. Je lui demanderais tout ça sous peu.

      J'ai hâte de pouvoir jouer avec une personne dotée de sensibilité musicale... j'espère que son niveau de pianiste est bon. Je ne me considère pas comme très doué, mais le conservatoire m'a enseigné de bonnes bases, et depuis cette époque je n'ai jamais cessé de jouer...

      - Mon niveau personnel convient à beaucoup de personnes, mais je ne saurais vous dire si je m'en contente vraiment.

      Alors que nous avançons, nous arrivons dans une salle immense, éblouissante par la lumière d'un magnifique lustre en cristal. Beaucoup de monde descend et monte de grands escaliers tapissés de rouge. La plupart d'entre eux se regardent marcher et font leur entrée en grandes pompes, précédant leurs esclaves bien habillés. Je fais tache, là, non ? Vivement qu'on arrive, j'en ai marre qu'on me regarde comme ça.
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