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     6 - Alter Ego.

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    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: 6 - Alter Ego.   6 - Alter Ego. EmptyLun 28 Fév - 18:15
    Edwin Vanelsin

      Un rêve. C'était le mot qui décrivait à merveille ce qu'Edwin Vanelsin avait vécu ce soir-là, près de la fontaine, avant de retourner à ses appartements. Après qu'il l'ait rattrapé pour lui avouer ses sentiments et l'ait incité à revenir auprès de lui, Mihaïl n'avait plus prononcé un seul mot, mais son comportement en avait dit tellement plus long.

      Lorsqu'Edwin avait vu que son esclave s'était finalement décidé à repartir en sens inverse après un arrêt près du bassin de pierre où il s'attarda un instant, un mélange de soulagement et d'anxiété s'était emparé de son coeur. Bien évidemment qu'il était heureux que le russe revienne continuer ce qu'ils avaient commencé à construire ensemble, mais l'avenir lui faisait peur. Qu'allait-il se passer à présent que le jeune homme savait tout ? Ca ne serait plus jamais pareil, quelle que soit la tournure que les évènements allaient prendre. Finalement, peut-être que ça se révélerait ne pas être une si bonne idée de tout lui avoir révélé, à présent qu'il était assuré qu'ils allaient continuer à vivre ensemble. Peu lui importait, il avait été sincère, il avait réussi à faire sauter toutes les barrières et à ouvrir son coeur à l'homme qu'il aimait, c'était un pas énorme, un acte que jamais il n'avait pensé réaliser un jour. Il avait promis qu'il ferait des efforts pour que Mihaïl puisse continuer à vivre normalement, il tiendrait sa promesse. Tout ce qu'il s'était permis de lui faire ce soir, désormais il se l'interdirait. Plus de contact physique, plus de regard aux yeux doux, plus rien... Seulement une relation amicale de deux hommes qui tiennent l'un à l'autre. Même si pour Edwin, ça ne se limiterait sûrement plus jamais à ça, il fallait qu'il joue le jeu pour pouvoir garder Mihaïl auprès de lui.

      Sachant le russe derrière lui, il s'était lentement remis en marche vers le château, la tête baissée sur le chemin qu'ils suivaient tous les deux. Comme trop souvent, des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête et ne le laissaient pas apprécier la quiétude des lieux dont il raffolait pourtant. A quoi cela servait donc de se casser la tête à ce point puisqu'il ne trouverait jamais les réponses à toutes ces interrogations ? Avec le temps, il verrait comment la situation évoluerait, et seulement à ce moment-là il pourrait choisir la meilleure façon d'agir. Mais pour l'instant, il devait s'en tenir à la promesse qu'il avait faite et aux limites qu'il s'était fixé.

      Mais comme si sa vie n'était pas déjà suffisamment chamboulée en ce moment, ça ne se passa pas comme prévu. Dans le silence le plus parfait, alors que les deux hommes progressaient lentement vers l'imposante silhouette du manoir qui se dressait devant eux, la main de Mihaïl glissa avec assurance dans celle d'Edwin. Toutes les questions disparurent à ce contact et s'évaporèrent alors qu'il tournait la tête en direction du jeune homme pour obtenir une explication, un mot, quelque chose... Le regard de Mihaïl lui suffit, il y lut tout ce qu'il avait envie de voir, un peu comme si ce bleu si profond auquel il tenait tant n'était autre que le miroir du coeur du vampire. Mais alors... il l'aimait ? Ca semblait si évident, si beau... Depuis le temps qu'il espérait que ce sentiment ne lui soit rendu. Fini les questions, adieu les prospectives futures ; dorénavant, seul le moment présent avant de l'importance pour le caïnite. Il resserra tendrement ses doigts sur ceux de celui pour lequel il s'accrochait au peu de vie qui lui restait et l'entraîna au bout du chemin, jusqu'à ce qu'ils arrivent à leur appartement. Ils auraient pu traverser n'importe quel paysage, rencontrer une foule de personnes qui les auraient hué sur leur passage, affronter la pire des tempêtes qu'Edwin n'aurait pas réagi. Il était complètement ailleurs, dans un rêve étrange et pourtant si merveilleux, aux côtés de Mihaïl, main dans la main. Ils avançaient lentement, et sa condition avait beau lui donner la possibilité de voir dans le noir, il n'apercevait rien. Le toucher avait pris le dessus sur la vue et lui suffisait à avancer, il avait pris une place si importante dans son esprit qu'il aurait été capable de reconstituer chaque centimètre carré de peau de la main du jeune homme. Plus rien ne comptait à présent, on pourrait bien faire ce qu'on voulait de lui, lui faire subir les pires tortures physiques et morales, se débarasser de son corps, mettre à vide son appartement, démollir son piano même, il s'en moquait, tant qu'il gardait le russe avec lui, qu'il pouvait l'observer et le toucher à sa guise, se délecter de son odeur et du goût qu'avait ses lèvres, sa peau... Tout, il voulait tout, le garder tout entier auprès de lui, rien que pour lui. Ne pas partager, surtout. Il le bichonnerait encore plus qu'il ne le faisait déjà, il céderait à ses moindres caprices, il ferait n'importe quoi pour qu'il ne le quitte jamais. Jamais...

      Une fois qu'ils eurent franchi le seuil de leur demeure, il commença lentement à émerger de ce drôle de songe pour reprendre petit à petit pied dans la réalité. Les doigts de Mihaïl glissaient toujours harmonieusement entre les siens, ça lui suffisait pour être un homme heureux et se sentir léger, léger... Toujours de cette même allure ralentie comme s'il se déplaçait dans un monde différent que celui dans lequel il évoluait habituellement, il entraîna Mihaïl jusqu'au centre de la pièce mais n'eut ni le courage ni l'envie de s'asseoir dans le canapé. Il se sentait tellement bien qu'il craignait inconsciemment que l'un de ses actes ne mette fin à ce bonheur intense. Alors il resta debout et fit face au jeune homme en lui saisissant délicatement les deux mains sans le lâcher du regard, d'un regard si tendre dont il n'avait auparavant jamais fait preuve. Pas une seconde il ne lui traversa l'esprit que l'amour soudain de Mihaïl, alors qu'il avait prétendu toute à l'heure ne rien ressentir d'aussi fort pour lui, n'était qu'une illusion. C'était tellement beau qu'il ne pouvait l'envisager, ça gâcherait tellement cette magnifique histoire qui semblait débuter. Ses prunelles bleues-violettes laissaient apparaître au jeune homme toute son âme et tout son coeur sans aucune méfiance. Il savait qu'il pouvait lui faire confiance, qu'il pouvait lui avouer tout ce qu'il n'avait jamais révélé à personne, pas même à lui.

      - Mil'... Je ne sais pas si je dois m'excuser ou te remercier. Tout est tellement étrange dans ma tête ; mais je n'ai plus envie de penser, je n'ai plus envie de perdre du temps à regretter et à avoir des remords. Si seulement je parvenais à oublier tout ce qui vient de se passer, l'espace de quelques heures, pour que je puisse les passer avec toi.

      Au fur et à mesure de ses paroles, il avait considérablement réduit la distance qui les séparait pour finalement enlacer Mihaïl. Littéralement transporté dans un autre monde, il se laissa envahir par cette agréable sensation de douceur et de bonheur qui s'emparait de lui et murmura d'une voix tendre en fermant les yeux :

      - Rien qu'avec toi...
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    Atticus

    Atticus

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    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 6 - Alter Ego.   6 - Alter Ego. EmptyLun 28 Fév - 18:17
      Ed semble prisonnier de sa belle illusion. L'esclave d'un rêve qu'il ne voudra jamais voir finir. Visiblement, il se persuade que tout celà est bien réel, et même si je lui parle de mon projet à son intention, il ne voudra pas le croire. Il est heureux dans sa bulle, mais celà ne peut durer. Pour trouver une réelle paix intérieure, il devra passer par quelques instants difficiles.
      Diable, serais-je devenu philosophe et intelligent ?

      Ces concessions qu'il se sent obligé de faire pour me garder... ça va le détruire. Il faut qu'il me déteste, et vite... Mais je ne peux pas gâcher son euphorie aujourd'hui, il est tellement heureux ! C'est au-dessus de mes forces. Dès demain, je réfléchirais à la façon dont je dois procéder. Cette nuit est la dernière que je passe en tant qu'individu sympa et agréable à vivre...

      Edwin m'enlace tendrement. Je passe mes bras autour de ses épaules et dépose ma tête contre la sienne. Soudain, mon regard rencontre un miroir en face de moi. Il ne me montre pas seulement que je fais un câlin à l'homme invisible, mais également quel salaud je suis. Comment peut-on être aussi cruel pour garantir le bonheur de quelqu'un ? Si ça se trouve, je suis complètement à côté de la plaque... Peut-être que je me trompe... Ou alors je tente de me persuader que je me trompe car je n'ai pas le courage de suivre cette idée. Non, Mihaïl, tu ne dois pas t'égarer. Reste dans ce chemin dans lequel tu as décidé de t'engager. Si plus personne ne tient à toi en ce monde, tout est plus simple. Tu deviens seul maître de ta vie car tu ne fais plus les choses en fonction des autres. Tu es libre de prendre n'importe quel direction sans te soucier d'un avenir commun avec quelqu'un...

      Son âme se lit dans son regard comme dans un livre ouvert, comme si ses iris ne sont qu'un film transparent entre la réalité matérielle et son esprit. Comment peut-on être aussi aveugle et sourd... Il n'a pas entendu ce que je lui ai dit tout à l'heure ? Il sait que je ne l'aime pas, et pourtant il se persuade du contraire.
      Je ne comprends pas une telle réaction. Peut-être parce que je n'ai jamais aimé de ma vie...

      - Nous pouvons encore passer ces quelques heures ensemble... Et toutes celles que tu voudras.

      Du moins jusqu'à ce que tu ne me supportes plus...
      Je mets fin à notre étreinte et me déplace doucement dans le salon, pour aller me servir un verre de whisky dans un placard. Habituellement, je ne bois jamais d'alcool. Mais dès à présent, j'ai besoin de courage. Mon verre à la main, je m'installe dans le canapé en cuir et croise les jambes. Je croise une fois de plus mon reflet dans la laque noire du piano d'Edwin. J'ai envie de lui balancer mon whisky à la gueule, à ce connard de reflet !

      Je relève le regard vers mon maître, sans rien laisser transparaître de mes pensées, et finis par lui adresser un sourire.
      Qu'est-ce qui se passe en moi ? Qu'est-ce qui est en train de me changer ? Est-ce cet endroit qui me rend si sinistre, au bout de six mois ? J'ai l'impression de ne plus être ce bouffon qui rigole de ses propres blagues... Mais d'être devenu un fantôme à l'intérieur d'un corps lassé de se tenir encore debout.

      Je pose mon verre sur la vitre de la table basse et plonge la main sous cette table, pour en ressortir une boîte rectangulaire. Je la pose sur la vitre et l'ouvre, dévoilant à la lumière tamisée du salon un jeu d'échecs. Depuis quelques temps, plusieurs fois par semaine, je me fais avoir par le sens tactique d'Edwin. Je rêve de trouver une stratégie meilleure que la sienne. En une heure, et avec une facilité exaspérante, il piège mon roi à chaque partie.
      Cette fois, et comme toutes les fois, je compte bien gagner...

      - Une partie ?

      J'installe les blancs. Je prends toujours les blancs. Puis enfin je porte mon verre à mes lèvres et laisse glisser l'alcool dans ma gorge qui se réchauffe rapidement.
      Longue et agréable soirée en perspective...





    Edwin Vanelsin

      La tête posée sur l'épaule de Mihaïl et les yeux fermés, il se laissait bercer par le son harmonieux de sa voix et se réjouissait silencieusement de la promesse qu'il était en train de lui faire.

      * Toutes les heures que je voudrais, toutes les heures que je voudrais... *

      Alors que le russe s'éloignait déjà de lui, il continuait de se répéter intérieurement ce qu'il venait d'entendre. Les prochains jours promettaient d'être merveilleux, sûrement les plus beaux de sa vie, des soirées comme il n'en avait jamais vécu. Il aperçut le jeune homme se servir un verre de whisky avant de s'installer dans le canapé, mais ce geste ne sembla pas le surprendre, même si d'habitude il ne prenait jamais d'alcool. A vrai dire, il aurait pu faire n'importe quoi d'inhabituel qu'Edwin n'aurait pas réagi : ne le remarquait-il pas ou faisait-il semblant de ne pas le voir ? Il n'en savait fichtre rien et s'en moquait pas mal, dans le fond. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'il ne s'était posé aucune question, qu'il ne faisait qu'apprécier ce qu'il vivait et ce sur l'instant présent, c'était un véritable exploit pour lui et il avait bien l'intention de faire durer cette façon d'être le plus longtemps possible.

      Il ne put retenir un sourire lorsqu'il vit Mihaïl sortir la boîte contenant le jeu d'échecs de dessous la table et lui proposer une partie. Edwin répondit par l'affirmative et se plaça derrière lui, les mains sur ses épaules, tout en l'observant placer les pièces blanches de son côté. Il prenait toujours les blancs, et à chaque fois il perdait, mais il s'obstinait à conserver cette couleur qui lui donnait l'avantage de démarrer la partie. S'il pensait qu'aujourd'hui il aurait plus de chance que les autres jours, il se fourrait le doigt dans l'oeil... Edwin Vanelsin n'avait jamais perdu aux échecs et cette soirée ne ferait pas exception à la règle. Il se pencha davantage pour replacer une mèche de cheveux du russe derrière son oreille et lui parler d'une voix douce.

      - Place mes pions, je vais chercher mes lunettes.

      Il s'éloigna de lui - non sans regret - pour aller chercher son accessoire de mode totalement branché dans sa chambre. D'un coup d'épaule, la porte s'ouvrit à la volée et dévoila l'unique pièce que Mihaïl n'avait pas encore eu le loisir d'explorer. Après un dernier coup d'oeil en arrière, il referma la porte derrière lui. Faudrait peut-être qu'il lui fasse visiter, un de ces jours... Au fond, la chambre d'Edwin n'avait rien de bien original : un grand lit à baldaquin, une armoire, une table de chevet qui disparaissait sous l'amoncellement de partitions qui lui écrasait les épaules, quelques feuilles éparpillées sur le bureau témoignant des essais du vampires à l'écriture ainsi que son journal intime qui traînait là également. Sans compter les chats qui somnolaient un peu partout...

      Sa chambre se démarquait des autres pièces par le fait qu'il n'y avait rien qui ne pouvait lui rappeler Mihaïl, puisque ce dernier n'y avait jamas mis les pieds. Seules les affaires du caïnite se trouvaient ici, et cette simple venue dont le but était à l'origine de trouver ses lunettes avant d'entamer une partie d'échecs avec son esclave se transforma bien vite en une pause qui lui permit de prendre pleinement conscience de la situation actuelle. Dès le moment où il eut fermé la porte, il lui sembla qu'il réaterrissait brutalement sur Terre. Seulement à ce moment-là, il réalisa entièrement tout ce qui venait de se passer, tout ce qu'il avait fait depuis qu'ils avaient quitté la fontaine, tout ce qu'il avait pu dire.
      Mais que se passait-il ? C'était simple sans l'être : il avait avoué à Mil' qu'il l'aimait et venait de se rendre compte que ce sentiment était réciproque. Etait ? Ou avait simplement l'air ? Rapidement, il se repassa toute la soirée en mémoire. Non, le russe lui avait pourtant clairement fait comprendre qu'il ne l'aimait pas, c'était d'ailleurs pour ça qu'il avait souhaité partir de lui-même, pour ne pas le faire souffrir... Mais alors pourquoi ce brusque changement de situation et de comportement ? Edwin n'y comprenait plus rien, il ne comprenait pas pourquoi le jeune homme agissait ainsi et il ne se comprenait pas lui-même. Tout devenait flou dans sa tête, tout s'embrouillait, il ne savait plus quoi penser ni à quoi se raccrocher... Que devait-il faire ?
      Ca faisait longtemps tiens, les questions occupaient de nouveau son esprit et le perturbaient, lui faisaient tourner la tête. Mais il ne fallait pas qu'il reste ici à se lamenter, Mihaïl allait finir par s'inquiéter s'il ne le voyait pas revenir et il allait venir voir ce qu'il fabriquait. Alors il se décida à ressortir et à le rejoindre dans le salon, ses lunettes en main.

      Sans grande conviction, il s'installa dans le second canapé, juste en face du jeune homme. Contrairement à Mihaïl, Edwin ne savait pas faire semblant et ne parvenait pas à jouer les hypocrites. Même s'il mettait toute la volonté dont il était capable pour avoir une voix enthousiaste, son regard fuyant et son visage attristé trahissait qu'il n'avait pas fait que réfléchir à l'endroit où il avait rangé son boîtier à lunettes, lorsqu'il était allé dans sa chambre. Cela lui nécessita un grand effort pour parvenir à relever enfin les yeux vers Mil'.

      - Puisque je suis quasiment certain de remporter la partie, je propose que le gagnant ait droit à une récompense. Alors, si j'arrive à prendre ton roi, qu'est-ce que je gagne ?
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    Atticus

    Atticus

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    MessageSujet: Re: 6 - Alter Ego.   6 - Alter Ego. EmptyLun 28 Fév - 18:22
      Tandis que je place mes pions, je sens les mains d'Edwin sur mon pull en laine. J'ai failli laisser échapper un frisson. Je ne dois rien laisser paraître de mon malaise, ça m'enverrais tout en l'air... Il faut que je me concentre, que je joue mon rôle à fond. Pour ne pas éveiller ses soupçons, j'esquisse un léger sourire et pose ma main sur la sienne, tout en plaçant les pions noirs à l'aide de l'autre.
      Les blancs et les noirs se toisent avec condescendance, chaque armée d'un côté et de l'autre de la tablette à carreaux. La guerre n'est plus qu'à quelques secondes de son commencement. Bien barricadés et couvés par leur bonne femme, les rois se tiennent tranquilles. Il en faudra, des morts, avant de pouvoir les atteindre...

      Edwin disparaît dans sa chambre. Je le suis du regard sans vraiment m'en rendre compte. Il referme la porte derrière lui.
      J'en profite pour me détendre et m'adosse au canapé, glissant un doigt dans mon col roulé pour donner un peu d'air à ma gorge qui étouffe sous l'effet de l'alcool. Je sens rosir mes joues pâles. Je n'ai même pas fini mon verre et voilà que je me laisse déjà envahir par le whisky... Mais c'est tellement bon. Je suis tellement tendu qu'il faut que je me le permette. J'avale d'une seule traite ce qui reste au fond du verre. Cette petite dose ne peut pas me faire de mal... si elle pouvait juste me décoincer un peu de cette enveloppe charnelle étroite où mon âme suffoque, ce serait pas mal.
      Si je continue à stresser, je vais laisser tomber le masque, et Edwin se posera des questions... Il faut que j'aie l'air naturel. Détendu. Apaisé par les révélations de cette étrange soirée...

      Je décroche mon regard du fond du verre pour le diriger vers la porte de la chambre d'Edwin. Ca fait un moment qu'il est là-dedans... Il s'est perdu dans sa piaule, ou quoi ? Je m'apprête à lui demander si tout va bien, mais soudain la poignée se baisse et le vampire sort de son antre, lunettes en main. Il s'installe dans le canapé d'en face. L'expression de son visage a changé, il semble perturbé par quelque chose... Par moi ?

      Il faut vraiment que je l'empêche de réfléchir. Sinon mon plan va foirer. Comment faire en sorte qu'il ne me quitte pas des yeux et mette ses questions de côté ? Bon sang, Mil, réfléchis ! Fais marcher ton sex-appeal ! Hein ? Moi, un sex-appeal ? Mais t'as fumé, toi. J'ai jamais dragué qui que ce soit, et encore moins un homme, sans intentions honnêtes !
      Vampire's Kingdom t'a perverti, tu n'y peux rien. Laisse-toi donc aller, si c'est ton destin...

      Alors que je me perds dans mes pensées, Ed me pose une question. Et là, ça fait tilt...
      Mon pauvre Edwin... Tu n'aurais jamais dû proposer une récompense pour le gagnant. Si c'est moi qui gagne, ce dont je doute, tu le regretteras amèrement... Il me sera désormais plus simple de te manipuler à ma guise... comme une petite marionnette. Ah, si tu savais combien ton idée va te coûter cher... Cette partie d'échecs n'est pas qu'un jeu banal, du moins ce soir. Elle compte pour moi, il faut que je la gagne. Si tu perds, celà voudra dire que tu auras perdu ta capacité à réfléchir et te méfier de tout. Ce qui me laissera l'occasion de mettre mon plan en exécution, en étant certain que ton aveuglement est total... Je lui adresse un sourire et pose mon verre sur la table.

      - Ce que tu gagnes ?... Eh bien... Laisse-moi réfléchir... Hm, j'ai une idée. Celui qui perd la partie devient l'esclave de l'autre pendant une semaine entière. Si tu gagnes, ça ne changera pas grand chose pour toi, évidemment... Mais si tu perds, tu cèderas à mes moindres désirs. Alors, prêt à prendre le risque, Monsieur Vanelsin ?

      Quelle extase ! J'imagine déjà sa tête lorsque je gagnerais. Lui, mon esclave ? J'ai hâte de voir ça, et d'en profiter pleinement.
      Histoire de le déstabiliser, je retire mon col roulé, sous lequel je porte un marcel en cuir plutôt moulant, et détache mes cheveux pour les laisser tomber le long de mon torse. Tout ce que j'espère, c'est qu'il ne va pas me sauter dessus...

      Je me penche sur le jeu et choisis un soldat sur le côté, pour le faire avancer d'une case. Je n'ai pas de stratégie pour le moment, j'attends d'abord de voir comment il joue pour pouvoir élaborer un plan. J'ai beau connaître sa façon de procéder, je me fais avoir à chaque fois par de nouvelles tactiques... Peut-être que ce soir, la providence sera avec moi ?
      C'est à lui de jouer, maintenant. Je me retire contre le canapé et place mes deux bras sur le haut du dossier, dans le but de lui offrir une vue sur l'ensemble de mon corps.
      Ben dis tonc, mon petit Mihaïl, t'as du charme, quand tu veux...





    Edwin Vanelsin

      Il avait vraiment été con de penser à une question pareille. Mihaïl allait sûrement se payer sa tête. Mais il avait agi sans réfléchir, il ne voulait pas laisser paraître son malaise et faire comme si de rien n'était, comme si il n'avait pas été assailli par toutes ces questions quand il s'était retiré dans sa chambre. Le russe posa son verre sur la table et lui sourit, le verdict allait tomber... QUOI ?

      * J'ai bien entendu là ? Ou il se paye ma tête ? Moi, son esclave, pendant une semaine ? *

      Il ne put cacher son ébahissement, ses yeux devinrent aussi gros que les pièces qui se trouvaient devant lui et instinctivement, il se recula un peu plus contre le dossier du canapé. Alors là, c'était certain, il n'aurait vraiment pas dû poser cette question...
      Mil', au contraire, semblait amusé à la considération de cette brillante idée qu'il venait d'avoir, mais pour Edwin, ça l'effrayait plus qu'autre chose. Jusqu'où pouvaient donc aller les désirs du russe ? Même s'il ne l'avait jamais vu à l'oeuvre, il préférait ne pas imaginer, et surtout ne pas s'imaginer lui-même devenir esclave du jeune homme... Il ne put s'empêcher de laisser s'échapper une question encore plus ridicule d'une voix rongée par l'inquiétude en repliant ses genoux vers son torse dans une attitude protectrice.

      - Qu'est-ce que tu vas me faire ?

      * L'alcool, Edwin, c'est l'alcool. Non, il n'est pas rempli de mauvaises intentions, regarde-le, il est adorable. Il a dû un peu abuser sur le whisky pendant que je suis parti, et puis c'est tout. De toute façon je ne peux pas refuser, je ne veux pas passer pour un lâche... Hé mais il fait me fait quoi là ? *

      Mihaïl venait d'ôter son pull et était en train de dénouer ses cheveux pour les laisser tomber sur ses épaules. Si le but de ce début de strip-tease était de déstabiliser Edwin, c'était entièrement réussi : le vampire ne savait plus comment agir et restait paralysé devant le jeune homme. S'il avait pu s'enfoncer dans le cuir du canapé jusqu'à disparaître complètement, il l'aurait fait...

      * L'alcool, Edwin, c'est toujours l'alcool. Ca donne chaud, c'est tout. Faut que j'arrête de me tracasser comme ça... Enfin, en même temps, s'il gardait un comportement plus décent, ce serait plus simple ! Que je ne perde pas surtout, que je ne perde pas... *

      Le jeune homme joua finalement, de la même façon que d'habitude, en déplaçant en tout premier lieu un pion latéral. Il jouait toujours comme ça, et il perdait toujours... Que mijotait-il ? Pour le moment, Edwin était parfaitement incapable de penser tactique et ne quittait pas le russe du regard, les yeux toujours aussi ronds qu'après la proposition qui lui avait faite. Contrairement à Mihaïl qui semblait vouloir s'étendre le plus possible sur le divan, Edwin se recroquevillait davantage à chaque fois que le jeune homme le tentait d'une manière ou d'une autre. Qu'il ne le regarde pas surtout, qu'il se concentre sur le jeu... Qui sait ce qu'il se passerait s'il venait à perdre cette partie ? Il fallait qu'il le sache, mais il fallait aussi qu'il prouve qu'il n'était pas un dégonflé et qu'il jouerait coûte que coûte. De toute façon, il gagnerait. Il devait gagner.
      Il avança le pion qui protégeait le roi d'une case. C'était toujours ainsi qu'il démarrait.

      - Qu'est-ce que tu as l'intention de me faire, si je perds ?

      Ca allait sûrement être très difficile, mais il fallait qu'il se concentre sur les déplacements qu'effectuerait Mihaïl et qu'il analyse sa tactique, comme il le faisait toujours. Oui, il n'avait qu'à se contenter d'agir comme il le faisait d'habitude, et tout se passerait pour le mieux. Mil' n'avait jamais gagné, pourquoi ce serait différent ce soir-là ? Et bien la différence était simple : si Edwin perdait, il en verrait de toutes les couleurs et se retrouverait dans cette position fort inconfortable du soumis, de celui qui exécute sans discuter, de l'esclave... Cette perspective ne lui plaisant pas vraiment, il plaça ses lunettes sur le bout de son nez et expira un grand coup en fermant les yeux. Qu'il se calme, qu'il cesse de réfléchir, qu'il se concentre... Si Mihaïl faisait tout ça, c'était uniquement pour se donner plus de chance de gagner. Mais le caïnite était mauvais perdant et il n'avait pas l'intention que cette soirée fasse défaut dans son palmarès déjà important de victoires...
      Il avait rouvert les yeux qui ne cessaient d'aller du russe au jeu d'échecs. Il avait du mal à se focaliser sur l'un d'entre eux, se reprochant toujours d'être trop sérieux ou au contraire de penser à autre chose qu'à la partie qui venait de débuter.

      - Tu ne gagneras pas, n'est-ce pas ? Non, tu ne peux pas gagner, tu n'as jamais gagné et tu ne vas pas gagner. Tu ne m'as jamais battu et tu ne m'auras pas ce soir, pas plus que les autres fois.

      Il voulait sa voix assurée et souhaitait être lui-même sûr de lui, mais il ne pouvait être certain de rien ce soir. Mil' faisait exprès de le déstabiliser, et ça marchait, il le mettait plus que mal à l'aise et lui instaurait une horrible pression sur les épaules. A ce stade, l'issue de la partie prenait une importance capitale...
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    MessageSujet: Re: 6 - Alter Ego.   6 - Alter Ego. EmptyLun 28 Fév - 18:30
      Ca marche. Sérieusement, je ne pensais pas être capable de pouvoir faire ça un jour. Manipulateur, c'est tout un métier... Et j'ai l'air doué.
      Edwin est en proie à une étrange humeur. Mal à l'aise, tendu... déstabilisé. Il se dandine sur son canapé comme s'il était dans un lieu inconnu avec beaucoup de monde autour de lui. Mais il n'y a que moi, et je le perturbe grandement. Le grand Edwin Vanelsin tremble de peur face à un misérable humain, craignant sans nul doute que je remporte la partie. Si j'étais de bonne humeur, ça me ferait bien rire... Mais ce n'est pas le cas, je suis plus que sérieux. Inébranlable, comme je ne l'ai jamais été de ma vie.
      Toutefois, je ne peux retenir un petit sourire à l'égard d'Edwin.

      - Tu verras bien... Mais nous n'en sommes pas encore là, et comme tu l'as dit, tu gagnes tout le temps... Tu n'as donc pas à t'en faire. Détends-toi. Ce n'est qu'un jeu...

      Un jeu au dénouement diabolique.
      Plus il attend pour jouer, plus il a le temps de se poser de questions, et plus mes chances de gagnent peuvent croître. Il est troublé comme une pucelle avant sa nuit de noces.

      C'est fou ce qu'une simple position peut provoquer... Pourtant je ne suis pas vulgaire, j'ai l'air parfaitement à l'aise, et il m'a déjà vu habillé ainsi... Parfois même en plus petite tenue, comme le soir de mon arrivée il y a six mois, et il n'y a jamais attaché d'importance. Mais je crois que j'aurais bien pu porter n'importe quoi, ça l'aurait tout de même touché. Accuser ainsi ses yeux n'est qu'une excuse pour justifier son trouble.

      Je passe machinalement mes doigts dans ma chevelure pour défaire un noeud, tandis qu'il avance son premier pion. Jusqu'ici, tout reste simple. Ma tête est encore vide d'idées. Dois-je y aller au feeling ? Dois-je faire confiance à mon instinct pour une fois ? Je suis nul à ce jeu. Mais Ed sera peut-être plus pitoyable que moi, ce soir, qui sait...
      Je ne cesse de le regarder, pour le forcer à lever les yeux vers moi. Et dès que ses pupilles sombres se dirigent dans ma direction, je lui adresse un sourire.

      Le simple fait de s'imaginer esclave l'empêche de penser correctement. Que vais-je bien pouvoir faire de lui, une fois qu'il sera à mes pieds ?
      En acceptant de jouer avec tout ce que celà engendre, Edwin me fait la promesse de respecter la loi du pari. Il serait trop fier pour refuser, si jamais il perd... Cet homme tient à ses principes et s'en tiendra. Je pourrais donc faire de lui ma serpillère, même si ça me brise le coeur, et il n'osera pas se retourner contre moi. Il connait les règles, et les suivra. Je commence à le connaître...

      C'est étrange comme sentiment. J'ai beau savoir que je lui fais du mal, j'avoue épprouver un certain plaisir à le déstabiliser. Serais-je devenu un démon ? Il mérite beaucoup mieux que moi, et je veux le lui montrer en détruisant ce en quoi il a cru. D'après lui, je suis un ange, et il ne peut pas vivre sans moi... C'est bien ce qu'on va voir. Mon cher Edwin... si tu savais combien tu vas me haïr après ça.

      Il joue comme un pied, ce soir... Ou bien c'est moi qui suis plus lucide, désormais ! Je sais ce à quoi il pense, je prévois chacun de ses coups, et je l'écrase victorieusement. Il ne lui reste plus beaucoup de cartes en main, et il réfléchit un peu plus longtemps à chaque fois. S'il eut été humain, il aurait sué toute l'eau de son corps durant cette partie de folie. Contrairement à lui, je suis calme et détendu, et je profite de ma victoire imminente. Tandis qu'il réfléchit longuement à la façon dont il va se sortir de mon avancée stratégique, je me lève et me ressers un doigt de whisky. C'est bon, ce truc !

      Lorsque je retrouve ma place, je constate qu'il est encore plus pâle que d'habitude. A-t-il réellement conscience de ce que sa défaite engendre ? Visiblement, oui. Il n'a pas bougé d'un pouce, et ses pions non plus. La victoire est écrasante, foudroyante ! J'ai jamais été aussi bon. Ou bien il n'a jamais été aussi minable...
      Je le regarde à nouveau, puis observe sa rangée de pions morts alignés au bord de la tablette. La reine noire attend son roi avec impatience.

      - Eh bien... on dirait que tu es en mauvaise posture, mon cher futur esclave. Dans deux coups, ton roi passe à la trappe.





    Edwin Vanelsin

      Mihaïl n'avait pas voulu lui révéler ce qu'il comptait faire de lui si jamais il venait à perdre la partie, ce qui ne fit que l'inquiéter davantage. Que pouvait-il donc avoir comme projets pour lui ? Mil' était tout ce qu'il y avait de plus gentil, d'adorable, et il l'aimait plus que bien, alors il n'oserait tout de même pas être cruel... si ?

      * Détends-toi, détends-toi... Elle est facile elle-là ! J'aimerais bien t'y voir à ma place, ça pourrait être amusant d'observer tes réactions ! Mil', si tu viens à gagner cette partie, je te promets de te faire regretter la semaine à venir que tu as l'intention de me faire passer. Si je ne gagne pas, je me plierais à la règle, mais pourquoi envisager une possibilité... inenvisageable ? Je ne perds jamais, et en plus il a l'équivalent d'un verre de whisky dans le sang. Il n'a aucune chance. *

      Malgré les efforts qu'il tentait de faire, la partie prit une toute autre tournure que celle qu'il aurait souhaité. Le regard de Mihaïl rivé en permanence sur lui le déstabilisait, et dès que le russe réussissait enfin à capter son attention, il lui adressait un sourire auquel Edwin ne répondait pas et rebaissait le museau, vexé de ne pas avoir pu résister à la tentation de le regarder de nouveau. Y'avait triche là, c'était pas autorisé... Ces simples regards exagérés eurent un impact capital sur le jeu d'Edwin : soit il se précipitait pour ne plus avoir à subir cette lourde pression sur ses épaules car il savait que les yeux de Mihaïl étaient posés sur lui ; soit il réfléchissait exagérément, trop au final, et finissait par devenir trop prévisible. Mil' ne réfléchissait pas tant que ça et n'avait pas besoin de penser énormément pour s'emparer de ses pièces une à une. Ca tournait mal... très mal...

      Et au fil des minutes, ça ne fit qu'empirer. Le jeune homme se serait-il vu attribuer un talent certain ce soir-là, ou était-ce lui qui n'était pas suffisamment concentré ? C'était difficile à dire, et la réponse était probablement mitigée entre les deux solutions. L'aisance de Mihaïl le déconcertait, il semblait si sûr de lui alors que lui-même se rongeait les ongles à sang en voyant la tournure évidente que la partie était en train de prendre. C'était une nouvelle fois à son tour de jouer - et à présent il redoutait grandement ces moments-là - le russe alla se servir un nouveau verre, le laissant seul face à ses pièces maîtresses qui se trouvaient pour la plupart en dehors du plateau de jeu.

      Même s'il savait qu'il avait perdu, il ne pouvait s'empêcher d'analyser de nouveau toutes les possibilités qui s'offraient à lui. Mais même si son unique cavalier survivant et son misérable pion lui permettaient d'échapper au coup de grâce cette fois-ci, Mihaïl ne prendrait pas longtemps avant de le mettre de nouveau en échec. Ce dernier venait de revenir, son verre en main, mais il ne lui accorda pas un regard. Ses yeux ne quittaient pas le plateau de jeu, et les cases noires et blanches commençaient à danser devant lui tellement il les fixait intensément. Il aurait bien répondu à la remarque de son esclave - qui ne le serait apparemment plus pour très longtemps - par une réplique typique de mauvais perdant, mais à quoi cela aurait-il servi ? Au stade où il en était, autant qu'il s'efforce au moins de conserver le peu de fierté qu'il lui restait et de tenter coûte que coûte de sauver sa peau.

      Ses yeux se détachèrent enfin de la tablette de bois pour aller rencontrer ceux de Mihaïl, qui ne cachait pas sa fierté et se réjouissait d'avance de sa victoire prochaine.

      - Tu ne seras pas trop méchant, hein ? Moi, je ne t'ai jamais rien fait faire de terrible... Je ne te force même pas à faire le ménage, ni à dormir avec moi comme le font certains maîtres. Alors tu seras indulgent, pas vrai ?

      Il se trouvait assez pitoyable en s'entendant supplier le russe ainsi pour échapper à son sort, mais il n'avait plus d'autre choix. La tête basse, il fit lui-même ployer son roi noir devant le blanc qui lui riait d'avance au nez.

      * C'était une partie remarquable dans laquelle tu as excellé, Ed. Bien joué. *

      Roulant des épaules, il essaya de se détendre un peu et d'adopter une position un peu plus décontractée, il s'avança un peu pour se retrouver assis sur le bord du canapé et attendre la sentence qu'il redoutait, qui allait tomber d'une minute à l'autre. Il abandonna la voix mielleuse dont il avait usé quelques secondes plus tôt pour poursuivre sur un ton plus sérieux et plus naturel.

      - Je... Tu t'es bien débrouillé, je dois le reconnaître. On commence ce soir ou j'ai droit à un peu de répit ?

      Il n'était pas sadique, il n'allait pas commencer la torture ce soir, non. Mil', s'il te plaît... Sois indulgent avec le perdant, ne lui en fais pas baver tout de suite.

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    Atticus

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    MessageSujet: Re: 6 - Alter Ego.   6 - Alter Ego. EmptyLun 31 Oct - 2:22
      Echec et mat. Même pas besoin de le dire : Ed et le roi noir abdiquent.
      En temps normal, je n'aurais jamais gagné. Mais Edwin est tellement à côté de ses pompes, ce soir, que j'ai bien fait d'en profiter. Il s'est rongé les ongles pendant de longues minutes, réduisant à néant toute sa manucure. Quel gâchis ! Se serait-il dit s'il avait pu penser correctement. Mais cette soirée se déroule sans qu'il ne puisse gérer quoi que ce soit... Je suis le maître du jeu.

      Il tente de me persuader de ne rien lui faire d'outrageant. Désolé, mon gars, mais pour ton bien, il va falloir que je me surpasse.

      - C'est à voir... Tu as promis d'être mon esclave pendant sept jours, je vais peut-être y prendre goût.

      Il a réellement peur de connaître le fond de mes pensées. Je le sens tremblant comme une feuille. Il finit par admettre que j'ai bien joué, et me demande si le jeu commence ce soir-même... Non, mon p'tit père, je me suis promis de te laisser tranquille pour aujourd'hui, tu as eu suffisamment d'émotions pour la soirée. Je vais être cool avec toi.
      Je me lève dans le but d'aller laver mon verre dans l'évier, et pose ma main sur son épaule au passage. J'ai jamais vu un type aussi tendu, rien que de le toucher ça me stresse !

      - Détends-toi, Ed ! Tu es libre jusqu'à demain. Tu verras, ce sera amusant...

      Enfin... Pour moi, quoi. Le but de la manoeuvre, c'est que toi, tu n'y prennes aucun plaisir !
      Je me rends dans la salle de bains pour nettoyer mon verre. Nous n'avons pas de cuisine, c'est pratique... Tiens, d'ailleurs, j'ai faim. Je sens déjà ma tête qui tourne. Boire du whisky le ventre vide, ça attaque sec ! Autant manger quelque chose, je ne veux pas finir bourré. Je retourne dans le salon, range le verre et m'empare du téléphone, pour commander un dîner. Ils proposent de la pizza, aujourd'hui... Bonne idée, ça faisait longtemps.

      Edwin me fait de la peine à rester immobile comme ça. Il a besoin d'un petit remontant. Je retourne vers le placard où j'ai pris mon verre et prends une coupe à vin. En regagnant le canapé, je défais mon pansement au poignet, dévoilant quelques cicatrices d'entailles, et sans aucune réticence, je me saisis du scalpel entreposé dans une petite boite sur la table basse, et tranche ma peau en suivant la trace d'une vieille cicatrice. J'ai l'habitude, ça ne me fait plus peur ni mal... et puis le produit miracle d'Edwin fonctionne très bien, j'y suis devenu accro.

      Mon sang coule doucement à l'intérieur de la coupe. J'appuie sur mon poignet avec mon autre main pour doser l'écoulement. Puis je fait glisser le verre sur le carreau de la table, en direction d'Edwin, avant de me relever et de disparaître à nouveau dans la salle de bains pour appliquer sur mon entaille le cicatrisant miracle.
      Je sens la fatigue me gagner. Je n'ai pas passé une soirée des plus calmes. Il s'en est passé des choses, aujourd'hui... Je vais rester encore un peu avec Edwin, puis j'irais me coucher. Je dois encore mettre au point les missions d'Edwin pour la semaine à venir...

      Je me laisse encore une fois tomber dans le canapé, et replie mes jambes sous moi. J'adresse un sourire à Ed.
      Ce qu'il faut pas faire pour le bonheur de quelqu'un, tout de même....



    Edwin Vanelsin


      Edwin n'avait plus relevé la tête, à vrai dire il n'avait plus bougé du tout depuis sa défaite. Ses yeux restaient rivés sur le jeu d'échecs, mais ce n'était pas ça qui le perturbait. A la rigueur, il s'en fichait complètement d'avoir perdu une partie dans sa vie, c'était tellement infime... Non, s'il n'y avait eu que ça, il aurait éclaté de rire et se serait tourné en auto-dérision pour passer un bon moment avec Mihaïl à se remémorer ses coups tous aussi pitoyables les uns que les autres. Mais ce soir, c'était différent, il n'avait envie de rien et il se sentait mal, tout vide de l'intérieur, trop vulnérable... Il avait tout dit, tout révélé, tout dévoilé, mais avait-il bien fait ? A présent il regrettait de s'être laissé gagner par ses émotions et d'avoir laissé son coeur s'exprimer à la place de son cerveau. Mil' savait tout dorénavant, mais Edwin avait la désagréable impression que ce n'était pas quelque chose de positif. Pourquoi ?

      Il entendit vaguement la voix du jeune homme, mais elle était si lointaine qu'il aurait bien pu dire n'importe quoi qu'il n'aurait pas réagi. Commander une pizza ou rappeler la nudiste qu'il avait une fois retrouvé sur son canapé, tranquillement installée, une tasse de café à la main, sans paraître le moins gênée du monde par sa nudité ; au fond ça lui était bien égal. Il était certain d'avoir encore fait une bêtise ce soir et que la tournure qu'allait prendre les évènements serait, une fois de plus, contre lui. Mais qu'avait-il fait pour que le monde s'acharne sur lui ? Pourquoi donc Edwin Vanelsin était la personne que l'on montrait du doigt et à qui il arrivait tous les malheurs possibles et imaginables ? Ca ne pouvait pas tomber sur un bouffon qui le méritait hein, non, c'était tellement plus drôle de voir Ed dans de mauvaises postures, il était toujours ridicule et ça faisait bien rire... Super !

      Il releva à peine les yeux lorsqu'il entendit un tintement de verre tout proche de lui. Mihaïl venait une fois de plus de s'ouvrir les veines, son malaise devait sûrement être visible pour que le russe s'inquiète au point de lui offrir un verre de son sang. C'était bien tenté, Mihaïl... Mais Edwin n'y toucherait pas, il n'avait envie de rien et surtout pas de ça. Même si cela commençait à faire un sacré bout de temps qu'il ne s'était pas alimenté, il s'en moquait, plus rien ne comptait. L'impression qu'il avait était tellement étrange, tellement difficile à décrire. C'était comme si, malgré toute la volonté qu'il pouvait y mettre, il ne parvenait plus à comprendre quoi que ce soit ni à trouver d'explication rationelle à ce qu'il était en train de vivre, contrairement à ce qu'il faisait d'habitude. Ce soir-là, tenter d'analyser la situation lui faisait horriblement tourner la tête. La seule question qui demeurait dans son esprit n'était autre que le banal... m'aime-t-il ?

      Il ne savait pas, il ne savait plus. Ca semblait beau sans l'être, peut-être que ça l'était trop, ou pas suffisamment, qu'en savait-il. Il n'y connaissait rien lui, à ce genre de sentiments, il n'était pas à même de comprendre ce genre de choses. Devait-il vraiment se torturer l'esprit pour le savoir ? Se torturer l'esprit, peut-être pas, mais la réponse semblait capitale. Oui, il fallait qu'il sache si le russe, malgré les paroles qu'il avait eu près de la fontaine, ressentait réellement quelque chose pour lui. A présent qu'il y pensait (ou du moins faisait du mieux qu'il le pouvait pour trouver suffisamment de lucidité afin de réussir à réfléchir correctement), ça semblait si merveilleux qu'il n'était plus sûr de rien. Et si... et si Mihaïl faisait semblant pour lui faire plaisir ? Et s'il avait l'intention, au cours des jours à venir, de faire semblant d'être également amoureux de lui pour ne pas lui faire de mal ? Et si, et si... Ca faisait beaucoup de suppositions. Beaucoup trop...

      Le mieux, c'était de le demander directement au jeune homme. Ignorant le verre qui était posé devant lui, il se leva lentement pour faire le tour de la table et arriver devant Mihaïl. Ce qu'il avait l'intention de faire ne lui ressemblait pas, mais qu'importe, il n'avait plus rien à perdre, du moins pas ce soir. Avec une énergie sortie d'on ne savait où, il attribua une claque suffisamment vive sur la cuisse du russe pour le forcer à soulever ses jambes afin d'amener ses pieds au sol. Et qu'il ne râle pas surtout, s'il faisait ça, c'était pour que sa position soit plus confortable...
      Plongeant son regard dans celui de Mihaïl, il s'assit sur ses genoux et saisit l'une de ses mains entre les siennes qu'il retourna lentement pour suivre des doigts les lignes de sa paume. Il aimait beaucoup les mains de Mil', elles n'étaient pas vulgaires comme la plupart des hommes, elles étaient de taille respectable et très bien formées. Parfaites, comme tout le reste d'ailleurs. Mais surtout, elles dégageaient une agréable chaleur qu'il enviait et dont il se nourissait autant que de ce liquide rougeâtre. Ce qu'il aurait donné cher pour ne pas avoir des doigts glacés...

      Après une longue minute de silence de mort, il releva enfin la tête vers le jeune homme. C'était décidé, il poserait sa question, très franche, avec une voix presque enfantine. On ne saurait dire si elle était pleine d'espoir ou au contraire dénudée de toute forme d'espérance, seulement habitée par la tristesse et le désespoir.

      - Mil'... Tu m'aimes vraiment ?
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    MessageSujet: Re: 6 - Alter Ego.   6 - Alter Ego. EmptyLun 31 Oct - 2:25
      Ces doigts glacés qui parcourent ma main... je ne cesse de les regarder. Je n'ose pas affronter le regard d'Edwin. Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ?! Tout ce qui se passe ce soir, ça ne me ressemble pas. Il me pose la question qui tue... comme si je n'étais pas déjà assez perturbé par les miennes.
      Assez étrangement, ça ne me dérange plus vraiment ce contact physique. Au début ça surprend, mais on finit par s'y habituer...

      Que répondre à une question pareille ? Ah ah, il en a de bien bonnes, ce cher Edwin... Sacré farceur, va... Ah ah... Euh... Hem. Bon, sérieusement... je bloque, là. Je me racle discrètement la gorge. Mon regard remonte sur son bras, son épaule, sa joue, jusqu'à plonger dans ses yeux d'une couleur peu commune qui me fixent avec insistance et curiosité. Il doute. Je suis nul comme manipulateur. Me serais-je trahi ? Je me sens déstabilisé par son regard et détourne les yeux.

      - C'est une question difficile que tu me poses... Comment te dire... Je suis incapable de mettre des mots sur ce que je ressens. Il y a tellement de formes d'affection que je ne sais plus vraiment où je me situe. C'est certain qu'il se passe quelque chose entre nous, je ne peux pas le nier... En fait, je t'avoue que je ne sais pas trop où j'en suis. Laisse-moi un peu de temps, Edwin...

      Le malaise s'installe. De mon côté, je suis à la limite de trembler. Lui faire du mal est au-dessus de mes forces... Mais avec moi il sera malheureux, je ne peux pas permettre ça. Ce que je viens de lui dire, je le pense vraiment. Je ne sais plus où j'en suis... où allons-nous comme ça tous les deux ? J'ai peur de le savoir. Je ne veux pas le perdre, mais il ne peut pas me garder.

      Et puis soudain, la sonnette de la porte d'entrée me fait sursauter. On aurait dit un coup de canon dans ma propre tête. Sauvé par la pizza ! Une excuse pour me lever du canapé et mettre un peu de distance entre Ed et moi. J'ouvre. Un humain se présente à moi avec une boîte. Je le remercie, le paye, prend la pizza et referme la porte. Du coup, je crois que je n'ai plus tellement faim... Ca m'étonne de moi.
      Tant pis, je la mangerais froide quand l'appétit reviendra. Manger, c'est le cadet de mes soucis aujourd'hui.

      J'ai besoin de respirer, j'étouffe dans mon corps et dans cet appartement. Il faut que je sorte, ça me fera du bien...
      Je dépose la boîte sur la table basse, à côté du verre de sang, passe une main dans mes cheveux pour les rappatrier dans ma nuque, et renconte à nouveau le regard d'Edwin.

      - Ca te dirait d'aller faire un tour ? Dans le palais, enfin n'importe où... J'ai besoin de prendre l'air, il fait trop chaud ici.

      Je n'ai nullement besoin d'un manteau en cette période fraîche. Soyons fous. Je suis prêt à partir et n'attends que sa réponse.
      Je suis un lâche. A la moindre occasion, j'esquive les sujets brûlants qu'on remet sur le tapis. Je suis comme ça, c'est tout.
      Et s'il n'a pas envie de sortir, tant pis... mais moi, il faut que je m'échappe de cette atmosphère lourde. J'en peux plus...




    Edwin Vanelsin

      Parfaitement immobile, les yeux rivés dans ceux du russe, il attendait cette réponse qui lui tenait tant à coeur en faisant preuve d'une grande patience. Même si quelque part, il la redoutait un peu... Au fond, n'était-ce pas mieux de ne rien savoir, de rester dans l'ombre du doute ? Car si Mihaïl venait à répondre par la négative, Edwin n'aurait alors plus aucune raison d'espérer, tout ce en quoi il croyait se briserait instantanément. C'était incroyable de voir à quel point il avait changé depuis l'arrivée du jeune homme... Avant, il lui aurait été parfaitement inenvisageable de faire sa vie en fonction de quelqu'un d'autre pour que cet autre personne soit la plus heureuse possible. Avant, il ne vivait que pour lui, seul son bonheur l'intéressait, il avait déjà du mal à le trouver, alors qu'importe ce que les autres pouvaient devenir. Mais à présent, il ne vivait plus que pour Mihaïl, uniquement pour lui donner tout le bonheur qu'il méritait, faire de son mieux pour qu'il soit le plus heureux possible. Tout ce qu'il espérait, c'était que tous ses efforts ne disparaîtraient pas un jour en fumée si celui qu'il aimait venait à le quitter. Car il en était conscient à présent, qu'il consacrait tout son temps pour le bien-être de quelqu'un d'autre et que le sien passait outre. Il n'avait jamais fait preuve d'autant de générosité et se surprenait lui-même. Mais combien de temps encore pourrait-il continuer à vivre de la sorte, sans rien attendre en retour ? Certes, la présence de Mil' lui suffisait entièrement à le satisfaire, mais s'il avait pu avoir plus, Dieu sait qu'il l'aurait pris sans hésiter une seconde.

      Son regard se raviva lorsque la voix de Mihaïl se fit entendre. Avec un calme olympien, il l'écouta parler, le regard fixe, les paupières à moitié closes, comme si elles redoutaient d'avance la sentence qui n'allait pas tarder à tomber. A son tour, il baissa les yeux jusqu'à la main du jeune homme qu'il tenait toujours entre les siennes. Peut-être qu'il aurait dû se taire finalement ; la réponse, alors qu'elle était toute proche, l'effrayait à présent et il n'était plus certain de vouloir la connaître.
      Il aurait voulu se blottir contre lui, s'abandonner dans ses bras comme un enfant qui attend d'être rassuré et de recevoir un câlin, mais ça ne ferait qu'aggraver son cas. Mil' semblait déjà suffisamment perturbé par les révélations du vampire, alors autant qu'il n'en rajoute pas une couche.

      Alors comme ça, il avait besoin de temps... Il ne put retenir un léger sourire, satisfait que le russe ne lui ferme pas complètement la porte. C'était déjà quelque chose...

      " Ca m'est égal, Mil'. J'ai l'éternité devant moi. J'ai déjà passé tellement de temps seul, je ne suis plus à quelques années près... Tout ce que je veux, c'est que tu sois heureux et sincère. Je ne t'en demande pas plus, te voir et te parler tous les jours me suffit. "

      * Ou presque. *

      Mais mieux valait passer certaines pensées sous silence, pour une fois. Il en avait déjà trop dit pour aujourd'hui, il ne voulait pas tout gâcher. Pas maintenant.
      Egaré dans les réflexions qu'il préférait ne pas partager, il se rendit à peine compte que le russe s'était débarassé de lui pour se diriger vers la porte d'entrée. Hé mais où allait-il comme ça ? Venait-il de dire quelque chose de mal ? Non, apparemment, il allait simplement réceptionner... une pizza ? Il avait commandé une pizza ? Décidément, il n'avait rien suivi des évènements de la soirée, tout s'embrouillait et se mélangeait dans son esprit. Et pourtant, il lui faudrait retrouver sa lucidité avant demain, car Mihaïl allait sûrement s'en donner à coeur joie. Enfin, il ne pouvait pas en être certain, mais ce n'était qu'une impression due à la satisfaction qui était apparue sur le beau visage du russe lorsqu'il avait précédemment gagné la partie d'échecs.

      Il devait réellement être troublé au point de ne pas toucher au plat qu'il avait commandé on ne savait quand. La boîte en carton fut rapidement abandonné sur la table et ce fut un Mihaïl qui semblait complètement perdu qui lui adressa de nouveau la parole pour lui demander s'il souhaitait sortir.
      Comme honteux à la vue du malaise de son esclave, il avait de nouveau levé le regard vers lui, peut-être avait-il pensé trouver la force de lui présenter des excuses, de lui expliquer qu'il avait beau y mettre toute sa volonté, il ne pouvait s'empêcher de l'aimer, et... Non, au final, il n'avait pas eu à dire tout ça. Mihaïl avait ouvert la bouche avant lui, et ça se voyait qu'il ne tiendrait plus longtemps s'il restait enfermé ici. Cela paraissait tellement inconcevable après tout ce qui venait de se passer qu'Edwin le laisse partir seul, alors il se leva pour lui montrer qu'il l'accompagnerait.

      Hors de question de lui prendre la main ou de le saisir par la taille, cette fois-ci, le jeune homme semblait suffisamment chamboulé ainsi. Ce soir, il ne le toucherait pas, il se contenterait de le regarder mais sans insistance pour qu'il ne se sente pas de nouveau mal à l'aise. Ce soir, il ne lui parlerait pas de l'amour qu'il était à présent certain de ressentir pour lui. Ce soir, ils iraient tous les deux en ville pour errer dans les rues, ensemble, côte à côte. Ils auraient des sujets de discussion basés sur les centres d'intérêts ainsi que sur les goûts de Mihaïl, parce qu'Edwin en aurait décidé ainsi. Ils se promèneraient sans arrière pensée, en discutant sur un ton léger, comme si rien ne s'était passé, mais ce ne serait qu'une impression, puisqu'ils garderaient tous les deux cette soirée gravée dans leur mémoire. Et puis ils s'arrêteraient quelque part, près d'un arbre ou sur un banc, et seul le regard qu'ils échangeraient suffirait pour se faire comprendre l'un à l'autre tout l'attachement qu'ils pouvaient ressentir. Car ils avaient tous deux conscience qu'ils n'étaient rien sans l'autre, et que quoi qu'il arrive, jamais ils ne se sépareraient, jamais ils ne s'abandonneraient, puisqu'ils avaient réussi à dénicher en ce bas monde... leur alter ego.
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