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     8 - Le monde peut bien tourner sans moi.

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    AuteurMessage
    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: 8 - Le monde peut bien tourner sans moi.   8 - Le monde peut bien tourner sans moi. EmptySam 10 Déc - 2:33
      Je ne sers à rien. Du moins, à rien de bon. Je n'existe que pour faire du mal aux gens qui m'entourent, malgré toute ma bonne volonté à vouloir leur bonheur. Edwin... je suis tellement désolé... Je ne te mérite pas, tu es tellement bon, tellement généreux... tellement... tu es tout pour moi. Je suis parfaitement égoïste de ne pas te donner ce que tu désires. Mais pourquoi donc t'es-tu attaché à moi ? Pourquoi est-ce que l'étiquette que l'on m'accroche t'est parue invisible ? "Briseur de coeur, assassin par maladresse et vengeance, pauvre larve qui attire le malheur sur ceux qui daignent poser un regard sur lui". Eh oui, c'est ça, mon étiquette.

      Tout serait tellement plus simple si je ne faisais pas partie de ce monde. Si je n'avais jamais existé. Si je n'étais pas né, ma mère n'aurait pas autant souffert à l'accouchement, et puis elle n'aurait pas pris ce second travail pour nourrir ses cinq garçons, de ce fait elle n'aurait jamais eu de cancer lié à la fumée qu'elle a inhalée dans ce bar tous les soirs. Elle serait encore en vie aujourd'hui. Mon père, si sa vie avait été plus simple, s'il n'avait pas eu à tant travailler pour me payer des cours au conservatoire, il ne se serait pas mis à boire et ne serait pas mort ivre dans la neige à cause de moi. Si Youri avait quitté seul l'Angleterre, ce flic qui nous a retrouvés ne serait pas mort, ou du moins pas de mes mains. Je n'aurais pas tué François non plus, Edwin ne se serait pas attaché à moi, et le monde se porterait bien mieux de ma non-existence.

      On aura beau me dire tout ce que l'on veut, un psy s'arracherait les cheveux à me faire comprendre le contraire, je ne peux m'empêcher de me détester. Si Edwin veut mourir... c'est que je ne vaux pas le coup de vivre non plus. Ces médicaments que je viens d'avaler ont un goût amer... que le whisky m'enlèvera bien vite. Je n'ai jamais aimé l'alcool, mais il est le seul moyen pour moi de surmonter ma peine. Je n'ai jamais compris le but du suicide... jusqu'à aujourd'hui. Quand tout ce en quoi vous croyez s'écroule autour de vous, quand vous n'avez plus aucune raison de vivre, vous avez hâte de rejoindre l'autre monde pour une seconde vie de meilleure qualité.

      A qui est-ce que je manquerais, de toute façon... Edwin se portera bien mieux une fois que je serais sorti de sa tête. Interpol pourra classer l'affaire en retrouvant ma dépouille et la famille de ce flic pourra faire son deuil. Quand j'y pense... Je suis un vrai monstre... Et pourtant je fais tout pour aider les autres. Je ferais mieux de ne plus rien faire du tout.
      Vous trouvez que je dramatise ? Vivez ma situation, et vous saurez que non. Je suis responsable du malheur de tous ceux que je croise.

      Il fait froid cette nuit... dans l'atmosphère tout comme dans mon corps... Il y a du vent. La nuit est scintillante et j'ai l'impression que la lune éclaire toute la ville... sauf mon humble personne. Habituellement, je ne monte jamais sur les toits. J'ai peur du vide. D'ailleurs, c'est simple... j'ai peur de tout. Peur de vivre, peur de sortir de chez moi, peur d'aimer... Peur de tout sauf de mourir, semble-t-il. Le fait d'imaginer mon coeur qui s'arrête ne me fait pas frémir... j'ai même hâte de connaître la suite logique à cette vie de merde.

      Whisky, mon ami, ta robe cuivrée me nargue. Avant même que je ne te vide, je serais mort. Si je ne bois pas assez vite, je m'endormirais pour me réveiller. Je ne sais plus si tout ça a vraiment un sens, ni même si je vais arriver à quitter ce monde... Je m'en voudrais de me rater.
      Whisky, mon ami, la vie est tellement laide... Il n'y a que toi pour me comprendre.

      Qu'est-ce donc qu'une mort de plus dans ce palais ? Au moins, la mienne, je l'aurais décidée.
      Adieu, monde cruel... Tu te passeras facilement de moi...




    Lane Svensson

      Foutu chateau ! Au coeur de la nuit, il grouille toujours d'une agitation malsaine. Combien y-a-t-il de vampires ici ? Ou d'humains ? Je n'en sais rien, tout ce que je vois c'est qu'on ne peut pas faire un pas sans tomber sur quelqu'un. Et contempler mes zombies de congénères parader avec leurs esclaves en discutant de la dernière torture à la mode caïnite ça n'a jamais été ma tasse de thé. Alors pourquoi tu n'es pas dans ta suite, Lane ? Parce que mes deux protégés y sont, parce que ce soir, je ne veux voir personne, parce que j'en ai marre de me conduire avec eux comme si j'avais encore de l'espoir.

      Quel espoir ? Pour le moment, Dominique n'a pas encore eu de sérieux problèmes et Temis tient le coup, mais ça ne va pas durer. Ca ne dure jamais.... Je finis toujours par attirer la poisse... Un aimant à emmerdes, c'est ce que j'ai toujours été. Une foutue erreur ambulante !

      La preuve : au lieu de sortir gentiment comme j'en avais l'intention à la base, j'ai trouvé le moyen de m'embrouiller avec un vampire. Toujours ma grande gueule ! Il me toisait d'un regard si méprisant que je n'ai pas résisté à l'envie de me foutre de lui. Je crois que j'avais surtout besoin de me défouler sur quelqu'un, faire taire les foutues voix dans mon crâne, oublier...

      Mais l'oubli t'est interdit Lane, tu ne dois pas oublier, tu dois payer...

      Alors, je me suis battu avec cet abruti et bien sûr, je me suis encore pris une raclée. Ils sont rares les vampires plus jeunes que moi dans le coin, j'ai encore perdu, comme d'habitude, mais je lui ai quand même fait un joli trou dans le ventre. Qui a cicatrisé presque tout de suite... Il m'a bien abimé aussi avant de me faire voler à travers le couloir, un étage entier en express sans ascenseur!

      Je me relève souplement, inutile de continuer, le caïnite a levé le camp, il n'est pas venu m'achever. Dommage ? Non, non, je ne cherche plus la Mort Ultime, j'ai promis, je dois continuer... Jusqu'à quand ? Jusqu'à perdre ce qui reste de toi ? Devenir une ombre semblable à toutes les autres ici ? Non, je serai sûrement devenu dingue bien avant... Un rire amer me secoue, bordel je me marre tout seul maintenant ! C'est clair que je ne suis pas loin de la camisole.

      Je tate mon visage, léchant le sang qui coule de ma lèvre fendue, heureusement que j'ai bu ce soir, la cicatrisation en est favorisée. Mon nez cassé se redresse, la plaie sur ma bouche se résorbe, il me reste juste les quelques cotes cassées qui mettent un peu plus de temps à guérir.

      Un escalier dérobé attire mon regard, je sais qu'il conduit sur les toits mais je ne l'ai jamais emprunté. Voilà l'occasion... Au moins, il n'y aura surement personne. T'isoler, c'est ça que tu veux,non ? Te renfermer encore plus, ne plus laisser personne t'approcher...Oui, je pourris tout ce que je touche...

      Je pousse la porte silencieusement, l'air froid de la nuit ne me gêne pas, mon corps mort n'est plus sensible à la température. J'ai juste conscience qu'il ne doit pas faire chaud. Oh comme j'aimerai sentir encore la morsure du froid sur ma peau... Tout comme la neige, bon sang qu'est-ce que ça me manque !

      En jetant un oeil sur la splendeur du paysage nocturne, je voudrais qu'il soit recouvert du manteau blanc qui a bercé toute mon enfance. Krista doit être en Suède, à cette époque de l'année, c'est le paradis pour les vampires, les nuits y sont bien plus longues que les journées. Elle m'a laissé tomber elle aussi....Qu'est-ce qu'elle ferait d'un foutu loser de toutes façons ? Elle a eu raison...

      Plongé dans mes pensées, je n'ai même pas perçu l'odeur de l'humain, d'ailleurs c'est d'abord celle du whisky qui attire mon attention. Décidément, ce chateau est plus peuplé qu'un hall de gare un soir de grève. Ca grouille de partout.

      Comme tous ceux de ma race, je me déplace silencieusement sans même en avoir conscience et l'homme me tourne le dos, plongé dans la contemplation du paysage, une bouteille à la main. Bel endroit pour se mettre la tête à l'envers. Je l'envie... Car même en avalant des litres d'alcool, je reste toujours obstinément conscient, rien ne s'efface.

      L'oubli est interdit, Lane, les fantômes dans ta tête te le murmurent tout le temps. Pas d'amnésie même éphémère, tu dois payer.

      J'hésite une seconde à signaler ma présence. A quoi bon ? Dans le pire des cas, il sera effrayé d'être avec un cadavre ambulant seul dans cet endroit désert et dans le meilleur je vais bavarder avec un mec qui n'est sûrement pas très clair vu la fréquence avec laquelle il porte la bouteille à ses lèvres.

      Ooh et puis on verra bien ! Ruminer tout seul ne me vaut rien, je ne fais que m'enfoncer.

      J'avance donc jusqu'au rebord en observant l'humain, de longs cheveux noirs qui me cachent une bonne partie de son visage et une mine qui n'a rien à envier aux zombies du quartier tant il a l'air de respirer la joie de vivre. Ce qui nous fait déjà un point commun, non ? Et qui peut se vanter d'être heureux ici ? La presque totalité de tes congénères, Lane ! C'est toi le rabat-joie. C'est toi qui ne participe pas à la liesse générale. Difficile quand on n'est pas un adepte forcené de la torture et de l'humiliation.

      Je m'asseoie sur le rebord laissant pendre mes jambes dans le vide, le visage tourné vers l'humain et je sors un paquet de clopes fatigué des poches de mon cuir. Je m'en colle une dans la bouche, je l'allume, mes poumons morts inspirant la fumée avec une délectation purement psychologique.

      " Bonsoir...Bel endroit pour se bourrer la gueule ! Et un peu moins surpeuplé que le reste du chateau.."

      Mais pourquoi tu lui parles, Lane ? Il voulait être seul, tout comme toi d'ailleurs....

      " Je te dérange ? Si c'est le cas, n'hésite pas à le dire, je ne suis pas susceptible comme cadavre ambulant..."

      Normal, je ne me supporte pas moi-même alors me vexer est un peu difficile.
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    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 8 - Le monde peut bien tourner sans moi.   8 - Le monde peut bien tourner sans moi. EmptySam 10 Déc - 2:35
      L'alcool réchauffe mon corps, mais mon coeur et mon esprit confus demeurent froids comme la pierre sous la neige. Le vent glacé de Sibérie revient aux souvenirs de ma peau blême et m'hérisse les poils à travers mon pull en laine. Je voudrais tant m'endormir déjà et sombrer dans un rêve merveilleux, pour ne plus me réveiller... L'attente est longue et douloureuse, plus je vis et plus ça me crève. Je porte une nouvelle fois la bouteille à mes lèvres et mon précieux ami glisse dans ma gorge pour me la brûler. C'est dégueulace, j'ai horreur de l'alcool. Je n'en ai même pas vidé trois centimètres que j'ai déjà la tête qui tourne. Je n'ai qu'une envie, fermer les yeux pour me laisser porter...

      Mes paupières se ferment. En mon âme se consume un brasier ardent, et pourtant tout mon corps tremble de froid. L'odeur de la forêt, de la ville... du vent qui traine les senteurs de l'automne dans son sillage... c'est si bon...
      Une répugnante odeur de clope vient s'infiltrer dans mes narines et me sèche d'un coup les voies respiratoires. Je manque de m'étrangler en toussant. J'ouvre les yeux et tourne la tête. Un type est assis à côté de moi... un parfait inconnu. Brun, percé... la tronche aussi euphorique que la mienne... Mais qui c'est ce gus ? Y'a pas moyen d'être tranquille, ici ? Discrètement, j'écrase dans mes doigts la plaquette de médocs que je viens de m'enfiler. Il ne manquerait plus qu'il m'empêche de mourir, celui-là...

      Bon... Allez, je vais être sympa avec quelqu'un pour la dernière fois. Histoire que Satan ne me fouette pas plus qu'il n'en faut une fois que j'aurais installé mes pénates dans son fourneau.
      Après un long moment d'hésitation, je murmure un "Bonsoir" jovial qui illustre ironiquement et à merveille l'état dans lequel je me trouve.

      - J'avoue que c'est le seul coin tranquille que j'ai trouvé.

      Là où Edwin ne viendra pas me chercher. c'est trop incongru, trop sale, et il sait que j'ai peur de la hauteur... Il n'imaginera donc jamais que j'ai été capable de venir ici. Mais si ça se trouve... Il n'est même pas en train de me chercher. Après ce que je lui ai balancé à la figure ce soir, il n'est pas prêt de s'en remettre, et va rester enfermé dans sa piaule à chialer comme un enfant. D'ordinaire, à ce moment-là, je me serais dit : "Mais qu'est-ce que je suis ignoble, j'aurais jamais dû lui dire ça, je vais retourner le voir et le prendre dans mes bras pour le consoler".

      Mais ce soir... c'est hors de question. Je ne peux plus retourner vers lui... non, je ne peux plus... Même si j'en avais envie, c'est trop tard, car je vais mourir. Il ne faut pas que je change d'avis. Dans mon moment de faiblesse, je dois trouver la force de faire ce qui sera le mieux pour nous deux. Dans sa vie, je n'aurais été qu'une courte mauvaise passe. Ca lui passera bien vite... Il se trouvera un autre gentil petit humain pour combler son manque affectif, et il m'oubliera.

      - Tant que tu n'essayeras pas de me connaître, tu seras le bienvenu. Si t'en as envie, tu peux me mordre, me tuer, me jeter par-dessus le toit... éclate-toi, c'est une occasion en or, c'est bibi qui régale. Mais surtout, ne me donne pas une quelconque importance... dans cinq minutes, peut-être même moins, je ne vaudrais plus rien.

      Faut bien qu'on s'amuse avec moi une dernière fois. J'aurais au moins contribué au plaisir de quelqu'un ce soir.
      Bon sang, qu'est-ce que j'ai froid... Je n'ai plus l'habitude de ce vent glacé... Petit à petit, mes ongles deviennent bleus, et le whisky ne m'empêche pas de claquer des dents.

      Je lui tends ma bouteille... Tant qu'il m'en laisse sufisamment pour que je disparaisse de ce monde, je peux bien être cool avec lui. Il a l'air d'avoir besoin de se réchauffer le coeur, lui aussi... Même s'il est mort... Le côté psychologique de cette sensation est certainement suffisamment présent pour combler son manque.

      Je n'ai déjà plus les yeux en face des trous. Mes gestes sont vagues, et le vertige attire sans cesse mon regard vers le bas. Mes paupières sont lourdes... Et je sens déjà l'alcool triste qui m'envahit. J'ai envie de me libérer de tout ça, de laisser les larmes couler... Mais voilà, rien ne s'échappe de moi. Tous les malheurs de ma vie ont séché mes yeux et fait disparaître cette boule acide dans ma gorge. Il était temps que je crève, car si je ne peux plus pleurer, c'est que je n'ai plus rien d'humain.

      J'espère que la Mort a une jolie robe en dentelle noire et qu'elle me rappellera ma mère. Y'a intérêt que le patelin dans lequel elle m'emmène soit tempéré... Marre de me les geler dans ce monde de merde.




    Lane Svensson

      C'est dingue ce que le domaine parait calme et paisible vu d'ici. Aucun cri, pas de gémissements de douleur ou d'angoisse, on pourrait croire que les vampires qui peuplent le chateau ne sont rien de plus que le fantasme d'un esprit fiévreux. La beauté dissimule la putréfaction en son sein. Ce qui est une bonne définition des caïnites en général, des masques d'ange, des sourires suaves, qui cachent le rictus de la Mort. Ce serait tellement plus facile de faire comme eux, de renoncer, de cesser d'éprouver, laisser la Bête prendre les commandes... Il y a deux choses qui m'en empêchent : les gens à qui je tiens et la musique. Comme je l'ai dit il n'y a pas si longtemps à Maluenda, jamais le fauve ne touchera les cordes de ma gratte... Je me consumerai au soleil avant.

      D'ailleurs, quand j'y pense, c'est vraiment l'endroit idéal pour cramer. Les rayons du soleil doivent venir taper en plein centre du toit... Ouais, de toutes façons, avec la chance que j'ai, je serai capable de me louper, je suis sur qu'il y aurait bien une éclipse pour cacher l'astre du jour.

      Cette idée me fait sourire, oh sans la moindre trace de joie, mais ça a le mérite de me détendre un peu.

      Et en jetant un oeil à mon compagnon de toit, je m'aperçois sans peine que j'ai réussi à trouver encore plus déprimé que moi. C'est assez rare pour rester noté dans les annales de ma non-vie.

      Son regard est éteint et il a visiblement du mal à garder les yeux ouverts.

      " C'est clair que trouver un endroit désert ici relève du miracle...Il y a toujours au moins un suceur de sang qui traine. Que tu le vois ou pas..."

      Je l'observe un peu mieux, cherchant son regard qui me parait bien voilé d'ailleurs. Comme sa voix qui est déchirée par bien plus que l'alcool. Et sa tirade suivante me renseigne encore plus sur son état d'esprit du moment. Il a renoncé à lutter, oh je connais si bien ce genre de regard, je l'ai vu tous les jours dans le miroir avant que mon reflet ne disparaisse. 4 ans passés à se détruire méthodiquement et même pas foutu de mourir convenablement.

      " Si tu cherches un vampire pour t'achever, t'es pas tombé sur le bon... Je ne prends pas mon pied dans la torture et la terreur.. Et j'ai une préférence marquée pour le sang féminin."

      Je marque une pause continuant à l'observer en soufflant la fumée de ma cigarette loin de lui. Il y a toujours cet élan en moi qui me pousse à chaque fois vers les autres. Pourquoi, bordel ? Parce que j'estime toujours les autres bien plus que moi-même ? Parce que je veux m'oublier ?

      " On ne connait jamais vraiment personne de toutes façons, on ne fait qu'en effleurer la surface. Et qui que tu sois, tu vaux surement plus que beaucoup de membres de la race supérieure. Qu'est-ce que tu es venu faire ici ? Sauter ? Oh t'en fais pas va, je ne vais pas tenter de te convaincre que la vie est belle dans ce foutu royaume ! Ce serait la pire des hypocrisies..."

      Il me tend la bouteille et j'en avale une gorgée avant de lui repasser, juste une légère chaleur éphèmère dans ma gorge, pas d'oubli miséricordieux. Jamais...

      Ses réactions sont de plus en plus amorphes et je doute même qu'il me voit vraiment. Il est en train de s'enfoncer. Et alors ? Je ne le connais pas, c'est juste un humain de plus qui sera surement mort demain de toutes façons. Tu sais ce que ça produit quand tu essaies d'être utile, Lane. Juste des catastrophes ! Tu n'es utile à personne, tu te plantes toujours, tu tends la main aux autres et ils finissent tous par crever ou par devenir encore plus désespérés.

      Et merde ! Je ne peux pas m'en empêcher, parce qu'à chaque fois je pense pouvoir arriver à atteindre un but qui n'est plus à ma portée depuis longtemps. Quel que soit le nombre de personnes que je pourrai aider si j'y arrivais, ce n'est pas ça qui ramènera Nicke. Pendant une seconde, le murmure toujours présent des voix dans mon crâne se fait plus pressant, les images les suivent toujours, mais je ne veux pas les voir, je ne veux plus les voir.

      Je serre les dents, balançant ma clope inutile, je presse l'épaule de l'humain, lui imprimant une légère secousse en lançant :

      " Hey, pas le moment de dormir... Je n'ai pas plus d'importance que toi tu sais... Le jour où je disparaitrai, il ne restera qu'un tas de cendres et c'est très bien comme ça...Dis-moi, pourquoi tu veux crever ? Oh je veux pas être indiscret, mais des fois c'est plus facile de se raconter à un parfait inconnu qui n'en a rien à battre qu'à ses plus proches amis.."

      Oui, tu te souviens Lane ? Tu n'as rien vu venir n'est-ce pas ? Le soir il était là, il déconnait, souriant, vivant et au matin il n'était plus qu'un corps raidi qui se balançait au-dessus du lit. Tu te rappelles, Lane ? Le bruit de la corde qui grinçait ? Oui, je l'entends encore...Chaque fois que j'émerge du sommeil de mort de ceux de ma race, je l'entend résonner en moi...

      Je secoue son épaule plus fort, ma main se crispe légèrement et je murmure :

      " Qui tu vas laisser derrière ? Parce que même si tu ne te juges pas important, c'est peut-être pas le cas de tout le monde...Je ne sais rien de toi, mec, mais je sais une chose : pour toi ce sera juste un mauvais moment à passer mais pour celui ou celle que tu abandonnes ce ne sera rien d'autre qu'une longue agonie. A passer le reste de sa vie à se demander pourquoi il n'a pas été foutu de te sauver la peau..."

      Qu'est-ce que tu racontes ? Il ne doit même pas t'entendre, ta voix n'est pas assez forte. C'est pas ton problème, Lane ! Fous le camp d'ici et laisse-le se bourrer la tronche. D'ailleurs, tu ne sais même pas si il a vraiment envie de mourir. Oh que si, je le sais, le vide de son regard m'est si familier...
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    Atticus

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    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 8 - Le monde peut bien tourner sans moi.   8 - Le monde peut bien tourner sans moi. EmptySam 10 Déc - 2:38
      Effectivement... Il y a toujours un suceur de sang qui traine. La preuve.
      Il a l'air sympa... dommage qu'on n'aie pas le temps de faire connaissance. Quelques minutes peuvent paraître longues quand on est seul... et tellement insuffisantes quand on trouve quelqu'un à qui les consacrer. Ce gus ne ressemble pas à un vampire... Il est trop... comment dire... humain ? Oui, c'est ça. Et même peut-être plus que moi. Je n'ai même pas besoin de le regarder pour savoir qu'il est tourmenté. Je n'ose pas croiser son regard, de peur qu'il n'y lise ce que j'y cache. J'ai tellement honte d'être là... D'être vivant...

      Sauter, moi ? Ah, la bonne blague... J'ai tellement peur du vide que, s'il m'arrivait de trébucher, je pourrais rester accroché pendant des heures au rebord du toit... comme une boule kitsh sur un sapin de Noël en plastique. Je m'efforcerais comme un malade de remonter, j'aurais beau mettre toute ma bonne volonté à vouloir lâcher prise, je ne pourrais que tenter de survivre. Ou m'agripper à quelqu'un... comme toi, mon gars, parfait inconnu sur ce toit, que j'entraînerais malgré moi dans ma chute.
      Les somnifères et l'alcool, c'est beaucoup plus hasardeux, mais je parviens à me persuader que c'est innocent... Que le mélange des deux ne peut provoquer ma perte. Je partirais sans m'en rendre compte. C'est fou ce qu'on peut arriver à s'embobiner soi-même.

      Je vais partir à demi-bourré, je vais sombrer dans un sommeil de plomb... l'avantage, c'est que je n'aurais pas mal à la tête demain.
      Je me laisse doucement tomber en arrière et m'allonge pour regarder les étoiles, qui tournoient au-dessus de moi comme des lampions sous la brise. Un air de fête. Une petite musique m'envahit. J'aurais bien joué un peu de violoncelle, juste une dernière fois... Pour que ses cordes qui vibrent en moi laissent un bon souvenir dans mon corps, avant que mon âme ne disparaisse. Pour que je sois heureux une dernière fois, tout simplement... Pour que je parte le sourire aux lèvres, et que chaque note m'efface un regret, jusqu'à totalement oublier le but de mon geste de ce soir.

      Le whisky a beau altérer ma lucidité, il m'éclaire l'esprit, en un sens. Je vois toute ma vie sous un autre angle. Qu'aurais-je fait de mon existence si j'étais né chanceux ? J'aurais rendu mes parents heureux et fiers, je serais devenu un grand musicien adulé par des milliers de gens, j'aurais vécu le communisme bien plus facilement que la plupart de mes semblables... J'aurais rencontré une femme fabuleuse et magnifique, avec qui j'aurais eu des enfants... Et aujourd'hui, à vingt-neuf ans, dans cette autre réalité, je serais comblé.

      La main glacée du vampire se pose sur mon épaule et me secoue, me sortant peu à peu de mon rêve. Il croit pouvoir me faire changer d'avis, c'est ça ? Cela ne sert à rien de me bousculer, je n'ai jamais été aussi déterminé. Et puis de toute façon... c'est certainement déjà trop tard. Mais il est vrai qu'il n'en sait rien, lui... Il doit être persuadé que je parle sans agir, comme nombre d'autres dépressifs de mon espèce... Mais ce soir j'ai eu le courage de me lancer. Au fond, je ne suis peut-être pas si faible... J'ai eu le cran de faire en sorte qu'Edwin se passe de moi. La mort est ma seule issue... la seule solution... pour que mon maître soit heureux et vivant.
      Enfin, vivant... façon de parler...

      J'écoute à peine les paroles de cet inconnu qui se soucie de moi. Je comprends qu'il veuille savoir pourquoi... après tout, je peux lui expliquer, ça ne me coûte rien. Au point où j'en suis, je suis tellement faible et las, que me souvenir de tout ça ne peut plus me faire de mal.

      - Je veux crever parce que je suis un poids. Je n'ai pas ma place dans ce monde, ni auprès de qui que ce soit... Depuis l'âge de dix ans, j'entrevois le bonheur sans jamais pouvoir l'atteindre. J'ai perdu tout ce qui comptait pour moi... Ma famille, mon honneur, ma passion... et mon maître que j'adore comme un frère ne peut plus me regarder dans les yeux. Je l'ai profondément déçu, j'irais même jusqu'à dire que je l'ai tué une seconde fois... Il veut obtenir de moi une chose que je ne peux lui offrir...

      Je croise son regard et me perds dans ses pupilles obscures. Il a l'air sincère quand il tente de me faire changer d'avis.

      - Je n'ai pas d'autre solution... Je ne peux plus affronter mon existence, mon seul échappatoire à la douleur est d'en changer radicalement... Je ne sais pas ce qu'il y a après, et à vrai dire je m'en fous, mais tout ce que je veux c'est... oublier... et être oublié... Edwin se remettra plus facilement de ma mort que de mon indifférence.

      Mes paupières s'allourdissent de plus en plus. Je les laisse recouvrir mes yeux humides. Une larme s'échappe de l'un d'entre eux pour perler sur ma joue et s'échouer dans mes cheveux éparpillés sur le béton. L'autre monde m'appelle et m'attire, la mort me tend la main. Je me repasse quelques instants de ma vie avant de partir... et n'y trouve décidément aucune raison de m'accrocher à ce monde.

      - Je discuterais bien volontiers un peu plus avec toi, mais... m'en veux pas, mon agenda est plus que précis.

      Mes doigts se relâchent et libèrent la bouteille de whisky qui se renverse à côté de moi. A l'intérieur de mon autre main qui se désserre apparait l'emballage de mes somnifères. Au revoir Edwin...

      Au revoir, moi-même.




    Lane Svensson

      Mais de quoi je me mèle encore ? Tu dramatises tout Lane, ce type ne va même pas sauter, il s'enivre juste pour oublier. Et lui a la capacité de le faire. Et tu es en train de l'empêcher de profiter de son ivresse. Assure-toi juste qu'il ne saute pas.

      Il n'a pas l'air de trop supporter l'alcool en tout cas. Sa bouteille n'est pas si entamée que ça, mais il a pu en biberonner une avant de venir ici.

      Il évite mon regard mais je m'obstine, ma foutue manie de toujours regarder les gens dans les yeux. Ca en met plus d'un mal à l'aise, mais ici c'est indispensable pour avoir un premier aperçu de la personne. Oh, si il était debout, il tituberait aucune doute, y'a vraiment du vent dans les voiles là. Le voilà qui s'allonge, il s'éloigne, il n'entend rien de ce que je lui dis. Lane, Lane, pourquoi tu n'arrives pas à rester indifférent ? Tu ne sais rien de lui, tu ne connais pas son maitre alors qu'il saute ou pas ne changera rien à ta non-vie.

      Je lui secoue l'épaule, je devrai surement le laisser s'endormir. Après tout, s'il pionce il ne pourra pas sauter,non ? Tout ce que je peux lui dire ne l'intéresse pas vraiment, ou plutôt il n'est pas en état de l'entendre.

      Au moment où je ne m'y attends plus, il finit par parler. Sa voix est brouillée mais encore compréhensible, il avoue qu'il veut mourir, sur ce plan je ne me suis pas trompé. Il se voit comme un poids ce qui étire un sourire amer sur mes lèvres vampiriques. Un fardeau, c'est ce que tu es toi aussi n'est-ce pas ? Tous les gens que tu approches tu finis par les pourrir.

      Il a tout perdu, tout ce qui avait un sens à ses yeux et il a fait du mal à celui qu'il considère comme une frère. Encore un écho douloureux au fond de moi, mais j'y fais à peine attention, il me regarde enfin dans les yeux. Ses prunelles sombres sont bien trop lointaines déjà, voilées, attends, il y a un truc qui cloche là. Je le redresse légèrement alors qu'il continue à parler d'une voix qui parait de plus en plus éteinte.

      Il m'échappe, mes doigts glissent et il s'étale de tout son long sur le béton froid, les yeux perdus sur la voute étoilée. Une unique larme dévale sa joue pour finir sa course quelque part sur le ciment. Il bascule, oh bordel, comment j'ai pu être aussi aveugle, il n'avait pas l'intention de sauter, il a pris autre chose que du whisky, c'est clair. La réponse me saute presque aux yeux quand il lâche la bouteille qui roule un peu plus loin, dans son autre paume ouverte une plaquette vide de somnifère. Je m'en empare, la fourrant dans la poche de mon cuir.

      Et merde ! J'attire décidément la Mort partout où je passe. Laisse tomber Lane ! Il te l'a dit, il veut mourir, qu'on le laisse en paix. De quel droit tu envisages de ne pas respecter sa volonté ?

      Pendant une seconde, le visage de ce type inconnu s'efface, ses cheveux noirs deviennent blonds, ses yeux sombres perdus dans le vide prennent une teinte bleutée, sur son cou s'étalent les marques noires laissées par la corde. Je l'ai laissé mourir, je n'ai pas vu...

      Je secoue la tête, l'illusion se dissipe. Arrête Lane ! Ce n'est pas Nicke, il est mort depuis 12 ans, rien ne le ramènera...

      Mes machoires se crispent, je soulève l'homme par le col, le secouant un peu plus durement et je siffle :

      " T'as pas le droit, t'entends ! Ce n'est pas l'oubli que tu vas laisser derrière toi ! Tu dis que tu l'as blessé ? Mais en l'abandonnant comme ça, tu vas le dévaster... "

      Il ne t'entend pas, Lane, il n'entend plus rien. Peut-être, mais il ne va surement pas crever ici, pas si je peux l'en empêcher... Je le secoue encore, assène une forte gifle sur l'une de ses joues pales :

      " Ne t'endors pas ! Pas question que je te laisse crever ! "

      Et pourquoi Lane ? Ce n'est pas Nicke, tu es arrivé trop tard, tu l'as laissé mourir...Je sais, je sais, mais je ne peux pas... Je ne peux pas juste le regarder crever...

      Je me relève, l'emportant avec moi, bien sûr, ses jambes ne le soutiennent pas, il est attiré par le sol. Sans plus de précautions, je le charge sur mon épaule, il a beau être d'un poids respectable, la force vampirique compense.

      Je continue à parler, comme un idiot, alors même que je sais qu'il ne doit pas percevoir ma voix à travers le brouillard qui engourdit sa cervelle.

      " Je t'emmène à l'hosto... Et tu vas vivre, je te le garantis, même si je dois te faire ce foutu lavage d'estomac moi-même ! "

      Oui, je suis têtu, quand j'ai une idée dans le crâne me faire changer d'avis est quasi-impossible. Je sais qu'il n'est qu'un parfait inconnu mais je ne peux pas rester sans rien faire, ce serait comme si je tuais Nicke une seconde fois. Je sais trop qu'une mort comme celle-là sème la désolation derrière elle, il n'y a pas une nuit depuis 12 ans où je ne pense pas à lui. Pas un jour ne s'écoule sans que je ne revoie son visage, que je ne sente le poids de son corps quand je l'ai décroché.

      D'un coup de pied, j'ouvre la porte du toit et je me précipite dans les escaliers en y mettant toute ma célérité surnaturelle. Je croise des gens que j'évite du mieux que je peux, je renverse un humain avec une pile de linge dans l'escalier qui mène au hall mais je ne m'arrête pas.

      Je ne ralentis pas une seconde en me retrouvant dehors, j'oblique vers le garage dont la carte dans ma main fait basculer la porte. Je m'arrête une seconde, posant mon fardeau humain sur la première voiture en le secouant encore un peu. J'entends son coeur qui ralentit, mais le battement est encore puissant, les somnifères ne sont pas encore venus à bout de lui.

      Pas question de prendre ma bécane et pas le temps de faire dans la dentelle, l'humain qui assure la permanence du parking blémit quand je me dirige vers lui et son tableau de clés.

      " Donne-moi n'importe laquelle mais dépèche-toi.."

      " Je.. Je n'ai pas le droit..."

      Mon regard le dissuade de continuer, il me lance un trousseau, m'indiquant du menton la BMW noire garé juste à coté de moi. Je retourne chercher mon endormi et je le cale sur le siège avant, bouclant sa ceinture, je m'installe au volant en parlant à nouveau tout haut :

      " En avant pour la balade. Et ce n'est pas la Mort qui t'attends au bout, ça je te le garantis.."

      A moins que tu ne te plantes encore, Lane ! C'est peut-être déjà trop tard, encore un échec, mais ça ne te surprendrai pas. Tu n'es bon qu'à ça.

      Je serre les dents en démarrant la voiture, non, je dois maintenir les voix à distance, je vais y arriver, il le faut...La Bm sort du parking comme un boulet de canon lancé à pleine vitesse, les machoires crispées, le pied au plancher, je conduis comme un automate, tendu vers un seul et unique but.

      Le trajet ne prend que cinq petite minutes, je ne ralentis à aucune seconde et quand la voiture déboule dans le parking de l'hopital, j'entends toujours son coeur. Je freine juste en face de l'entrée, je fais le tour pour sortir l'humain que je remets sur mon épaule.

      Je pénètre aux Urgences en apostrophant tout ceux que je croise, mais personne ne semble vouloir s'arrêter. Je saisis au col un infirmier qui passe avec un brancard :

      " Va chercher un foutu médeçin ! "

      Il ne se le fait pas dire deux fois, il part en courant pendant que j'allonge mon humain endormi.

      " Hey, hey ! On est arrivés... Alors tiens le coup, s'il te plait..."

      J'ai murmuré la dernière phrase, ce type va surement me maudire de toutes façons, mais je ne pouvais pas rester sans rien faire.
      Le docteur arrive en courant suivi d'une équipe d'infirmières et tout le monde se presse bientôt autour du brancard. Je mets la plaquette de somnifères dans la main du médecin en lançant :

      " Je ne sais pas depuis combien de temps il les a pris. Mais il a avalé pas mal de whisky aussi.."

      Le docteur hoche la tête et bientôt le brancard disparait derrière une porte. Bon, ils vont s'en occuper maintenant, je m'affale sur une chaise, je ne sais pas vraiment quoi faire. J'ai peur de rester là et d'apprendre que je l'ai amené bien trop tard. Bordel, je ne connais même pas son nom ! Tant pis, je reste, je dois savoir s'il s'en tire ou pas...
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    8 - Le monde peut bien tourner sans moi.
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