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     19 - Mamma Mia !

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    AuteurMessage
    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: 19 - Mamma Mia !   19 - Mamma Mia ! EmptyMer 22 Fév - 0:26
      - Cours, Edwin, couuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurs !! Il nous ratraaaaaappe !


      Visite express de l'aile nord du palais. Heureusement qu'il y a de la moquette, maintenant. Quelques dizaines de mètres plus tôt, je me suis vautré en plein milieu du hall en dérapant sur le parquet ciré. Je crois que je n'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie ! Eh, faut dire que j'ai une sacrée motivation... qui est à nos trousses à travers les couloirs depuis déjà quelques minutes. Il hurle de rage et nous jure qu'il nous fera payer notre affront. A vrai dire, il n'a pas l'air très gentil, je n'ai pas tellement envie de me frotter à ses crocs.

      C'est marrant, c'est la première fois que je me fais courser par un vampire... en compagnie d'Edwin. C'est cool les activités maître-esclave ! Mon alter ego a l'avantage de ne pas se fatiguer. Heureusement qu'il a eu la présence d'esprit de m'inciter à faire un peu de sport. Merci le footing deux fois par semaine, tu es en train de me sauver des griffes du gros nounours tout pas beau qui a une dent contre nous. Il nous traite de tous les noms... et heureusement que je ne suis pas familier à toutes les insultes britanniques, je suis bien content de ne pas saisir le sens de tout ce qu'il nous crache. Mais c'est que ça a l'air très dévalorisant, tout ça ! Sa maman lui a pas appris à causer la langue de Sheakspeare, ou bien ?

      Comment ?... Vous voulez savoir pourquoi ce dingo à canines longues nous poursuit ?... Très bien, je vais vous le raconter. C'est bien parce que c'est vous.
      Tout a commencé il y a... oh, on va dire dix minutes. Edwin et moi, nous nous promenions tranquillement dans le palais, flânant dans les couloirs, visitant les salons divers et inconnus, les galeries d'art, les petites boutiques... Bref, on faisait un peu de shopping tous les deux, entre amis. C'est pas que j'aime les magasins, oh non je déteste ça, mais c'est bientôt Noël et je n'ai pas de cadeau pour Elizabeth.

      J'allais opter pour un joli petit pantalon tout mignon, qui avait l'air d'être à sa taille, lorsqu'Edwin se précipita dans le rayon maquillage du magasin. Il est tout fou quand il voit des palettes multicolores et autres conneries du genre dont je ne saisirais jamais l'utilité. Mais t'es très beau comme t'es, mon canard ! C'est au naturel que je t'aime. Je m'apprêtais à le lui faire comprendre quand un type qui nous était parfaitement inconnu s'est fichu de notre tronche à tous les deux. Je ne sais plus très bien ce qu'il a dit à Edwin, mais en résumé, il a touché la corde sensible en évoquant son homosexualité... et la mienne, soi-disant. Ed a commencé à s'énerver, ça n'a pas plu au type qui a commencé à se montrer menaçant.

      N'écoutant que mon courage - et surtout ma susceptibilité à fleur de peau - j'ai ouvert la bouche et je pense l'avoir offensé dans son propre orgueil de mâle. C'est tout moi, ça, je commence tout juste à découvrir que j'ai une langue et que je sais m'en servir, et voilà que je froisse l'égo du premier venu. Le gars m'a chopé la main et l'a tiré vers lui en la tordant. J'ai senti craquer tous les os de mes doigts et une vive douleur s'est emparée de moi. J'ai lâché un cri, les larmes me sont presque montées aux yeux.
      Habituellement, je me serais rapidement sauvé dès qu'il m'aurait lâché, mais là non, je suis resté. Ce mec-là venait peut-être de mettre fin à ma carrière de soliste à Vampire's Kingdom !! Mon sang n'a fait qu'un tour et je lui ai balancé un coup de pied dans les bijoux, sans me préoccuper des conséquences.
      J'aurais peut-être pas dû.

      Du coup, bah j'ai atrocement mal à la main, mais j'ai encore plus mal aux pattes, donc j'oublie la douleur de la main (quelle magnifique invention que le transfert de douleur). Je sens que la douleur sera lancinante quand j'arrêterais de courir... Alors je n'ai pas tellement envie d'arrêter de courir. De toute façon, on ne s'arrêtera pas tant qu'on n'aura pas semé ce gros balourd, c'est une évidence... Je ne tiens pas à ce qu'il me pète les cinq derniers doigts et plus encore.

      Le Bisounours en colère gagne du terrain. Edwin m'attrape la main pour me forcer à courir plus vite, mais je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces ! Je fais ce que je peux ! Le type hargneux nous hurle quelque chose du genre "Vous le regretterez amèrement... Vous reviendrez ramper devant moi pour vous faire pardonner !" et puis je ne l'entends plus nous suivre. Mais qu'a-t-il voulu dire ? Je n'ai pas compris.

      Tout à coup, je me sens pris d'un vertige inexplicable. Ma vue se déforme progressivement, jusqu'à devenir complètement floue. Je m'écroule brusquement sur le tapis. Le vampire a visiblement disparu, il ne nous a pas rattrapés... Avec l'aide d'Edwin, je me relève et reprends la course. Mais que m'arrive-t-il ? Ce malaise est inexplicable... Je n'ai pas sauté de repas, tout devrait aller bien... et pourtant...

      Nous regagnons enfin l'appartement et nous y enfermons rapidement. Pfiou... Une course-poursuite du tonnerre ! Haletant, j'ai un peu de mal à reprendre mon souffle. Je demande à Edwin s'il va bien, et s'il a compris pourquoi ce gars nous a lâchés subitement. Visiblement, il n'en sais pas plus que moi.

      Cette course m'a épuisé. Je ne me sens pas très bien... Je crois que je vais aller dormir. Je prends une douche bien méritée et me rends seulement compte à quel point j'ai mal aux doigts... Ils sont cassés, là, c'est certain. Au moins deux, je dirais... Ils commencent déjà à enfler, l'index et le majeur prennent une couleur étrange. Misère... Que ça fait mal... Une fois sorti de la douche, je passe la pommade miracle d'Edwin sur mes doigts, en souffrant silencieusement. Punaise, je ne m'étais jamais cassé quelque chose, avant... Cela fait donc si mal que ça ? C'est une torture, je n'arrive plus à les bouger... Mon Dieu, j'espère que je pourrais encore jouer ! Si ce salaud m'a privé de ma main gauche si délicate et sensible, je jure que je le tue de mes propres mains.

      Je bande mes doigts tant bien que mal en bricolant des atèles, je crains de me faire mal cette nuit en dormant. Puis je regagne ma chambre, me vêtis pour la nuit et m'écroule dans mon lit en prenant soin de poser ma main délicatement à côté de moi. Je sombre imémdiatement dans un sommeil profond.


      Je me réveille à la tombée de la nuit.
      C'est étrange... Je n'ai plus du tout mal à la main. Je retire mes bandages à moitié défaits et je peux remuer mes doigts comme d'habitude. Je fais quelques tests, m'amuse à jouer quelques gammes invisibles... Non, tout va bien... Beaucoup trop bien. c'est impossible que je ne ressente pas la douleur, j'ai nettement senti mes os se briser sous la pression de sa main. Ca ne peut pas être la pommade d'Edwin qui m'a tout réparé, je ne crois pas que cette mixture ai un effet si... surprenant et efficace.

      Bah, tant que ça va, je ne vais pas me poser de questions inutiles. Je me lève et rattrape mon caleçon de justesse. Tiens donc... la pommade d'Edwin fait maigrir pendant la nuit, aussi ? Il devrait la commercialiser, il empocherait le pactole ! Ce n'est pas normal non plus, ça. Je ne suis pas gros, ce caleçon tient sur mes hanches... mes hanches n'ont pas pu rétrécir ! Je suis plus large que ça... Mon tee-shirt aussi est trop grand... Mais c'est quoi ce bordel ? J'ai la nette impression d'être plus petit que d'habitude.

      J'enfile un pantalon en cuir - trop grand également, ça m'étonne à peine - et ouvre les volets pour aérer ma chambre. Je quitte ma piaule et me rends dans le salon, les yeux tout collés. Edwin est de dos, affairé à... je ne sais pas trop quoi... Trop dans le pâté pour mieux voir. Je pose ma main sur son épaule et lui cause avec toute la joie et le punch dont je peux faire preuve tous les "matins".

      - Bonjour, Edwin... Bien dormi ?

      Je toussote. Waw, j'ai comme la sensation d'avoir un problème. Ma voix grave s'est adoucie cette nuit... Serais-je malade ? Ce serait donc la réponse à toutes mes questions stupides d'aujourd'hui. Je me rends dans la salle de bains pour me brosser les cheveux, rituel que j'exécute tous les jours avant de déjeuner. C'est mon premier geste de la journée. Si je n'ai pas les cheveux démêlés, je me sens mal dans ma peau.

      Je fouille dans le placard sous l'évier et trouve ma brosse. Je commence à la passer dans ma tignasse tout en me relevant.
      Et soudain... la brosse tombe brusquement sur le carrelage entre mes pieds, en un bruit fracassant. Mon... Dieu... oh mon Dieu... Oh mon Dieu !!! Mais qu'est-ce qui m'arrive ?! Je me jette sur le miroir en face de moi et plaque mes mains contre lui. Non... ce n'est pas possible ! J'ai beau le tâter, ça ne change rien...
      Mon reflet a disparu !!

      Dans un moment de détresse intense, je hurle désespérément un "EEEDWIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN" de toute la force de mes cordes vocales.




    Edwin Vanelsin

      " Un cadeau de Noël ? "

      Noël ? Qu'est-ce que c'était donc que cette chose-là ? Ah oui, il s'en rappelait, n'était-ce pas la fête de fin d'année, qui consistait à offrir des cadeaux à toutes les personnes que nous portons dans notre coeur ? Si, c'était sûrement ça... Dieu que ça faisait longtemps qu'il n'avait pas fêté Noël ! Depuis qu'il ne vivait plus chez ses parents, à vrai dire, donc oui, ça faisait un bon paquet d'années. Tout ce qu'il espérait, c'était que Mihaïl ne le force pas à installer un sapin dans le salon. Non pas qu'il n'y avait pas la place, ni que ce n'était pas esthétique, bien au contraire, mais... Il y allait avoir des épines partout ! Ce n'était pas lui qui faisait le ménage, ça se voyait bien !
      Il faudrait qu'il songe également à acheter des cadeaux, lui aussi. Enfin, la liste ne serait pas longue puisqu'il n'avait pas une quantité d'amis faramineuse, mais tout de même. Un pour Mihaïl, un pour Elizabeth, un pour le chat blanc (ah non, on se moquerait de lui, tant pis alors...), et peut-être aussi un petit quelque chose pour Zion. Oh oui, pourquoi pas ? Une tenue de soirée par exemple !

      Edwin suivait Mihaïl dans les différentes petites boutiques, prenant parfois lui-même l'initiative de le devancer et de sortir les mains de ses poches pour jeter un oeil à un article qu'il estimait intéressant. C'était assez drôle de faire du shopping avec le jeune russe, mais il n'aurait su dire pourquoi. Peut-être à cause de ses regards manquant d'assurance et légèrement paranoïaques qu'il lançait parfois autour de lui. Mais il avait fait beaucoup d'efforts ces derniers temps... Depuis l'arrivée d'Elizabeth, il parlait plus et semblait avoir moins peur du monde extérieur. Si la jeune femme l'aidait à prendre confiance en lui et à s'épanouir, c'était tout ce qu'Edwin pouvait rêver de mieux pour son petit protégé. Qu'il n'ait plus peur de rien, qu'il soit fier d'être ce qu'il est et qu'il ne soit plus jamais terrorisé par qui que ce soit, même par le plus cruel des vampires de ce palais.

      Mihaïl le sortit de ses pensées en lui mettant un pantalon féminin sous le nez, visiblement inquiet vis à vis de la taille à choisir. Le caïnite y jeta un bref coup d'oeil - après son expérience traumatisante à Etam, il n'avait plus osé donner son avis en ce qui concernait la mode féminine - et hocha la tête, en signe de réponse affirmative. Oui, à vue de nez, il y avait des chances pour que ça lui aille... Au pire, elle pourrait toujours venir le changer par la suite. Ensuite, il laissa son regard se promener un peu plus loin, parcourant le rayon d'à côté et y apercevoir un...
      Oh mon Dieu ! Un phare à paupières violet, exactement de la même couleur que sa chemise ! Cela faisait des mois qu'il en cherchait un de la sorte ! Ignorant le soupir d'exaspération de son compagnon de shopping, il détala comme une fusée et s'empara de son trophée avec un air victorieux. La couleur était superbe, c'était certain que ça allait mettre son beau visage en valeur... Et puis à ce prix-là, il pouvait en prendre quinze ! Autant avoir des réserves, c'était que ça s'épuisait vite ces machins-là.

      Mais alors qu'il tendait la main pour s'emparer d'un échantillon offert gratuitement dans le but de demander à Mihaïl si effectivement, le violet apporterait une touche de couleur agréable à son teint blanchâtre, un caïnite sortit de nulle part abattit lourdement sa main sur son épaule, se moquant ouvertement sans même en connaître un rayon sur la situation de leur soit-disant couple. Mais de quoi se mêlait-il, ce malabar ?

      " Hé, l'armoire à glace ! Il ne me semble pas que je t'ai demandé ton avis. T'as quelque chose contre les homosexuels ? Puis, je me permets de te dire que le "sale gay" a tout de même un peu plus de classe que toi... Au vu de ta tronche, même le maquillage ne pourrait rien rattraper. A ce stade, c'est chirurgie esthétique oblige ! "

      Bizarre, ça ne semblait pas lui plaire... Et il ne semblait pas non plus avoir l'intention de les lâcher. Sa main quitta son épaule et il commença à se montrer plus agressif, plus vulgaire aussi. Parce qu'il croyait que tout cela allait les atteindre ? Edwin avait l'habitude et il n'avait pas l'intention de réagir une fois de plus. Il s'apprêtait déjà à tourner les talons, mais Mihaïl ne semblait pas l'entendre de cette oreille et démarra au quart de tour.

      * Mais qu'est-ce que tu fous ? Allez, viens, on part, il ne vaut pas la peine que l'on s'attarde sur son cas. Puis pourquoi tu te sens visé, hein ? Allez, Mil', fais pas l'imbécile, viens, suis-moi... *

      Mihaïl s'interposa entre les deux caïnites et décida de tenir tête au plus imposant des deux, qui avait volontairement lancé ce simple désaccord qui tournait déjà très mal. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait, bon sang ? Sa remarque vexante à peine prononcée qu'il se fit retourner les doigts sans ménagement, dans un sinistre craquement.

      * Bravo, bien joué Mihaïl, vraiment ! Maintenant que t'as obtenu ce que tu voulais, on va peut-être pouvoir se tirer d'ici ? *

      Tu parles... Voilà qu'il balance un coup de pied bien placé au larbin qui n'attendit pas une seconde de plus pour tenter de l'empoigner de nouveau. Edwin tira vivement Mihaïl par le bras pour s'enfuir à toute vitesse, direction l'appartement, et vite !

      " Mais pourquoi t'as fait ça ? T'es vraiment con parfois ! Tu ne pouvais pas le laisser parler ? J'ai l'habitude tu sais, des types qui me traitent comme ça... "

      Mais pas le temps de parler ! Courir, courir au plus vite pour tenter de distancer l'armoire à glace qui ne les lâchait pas d'une semelle, et qui gagnait du terrain, toujours, se rapprochant dangereusement des deux fuyards. La main d'Edwin aggripa celle de Mihaïl pour le tirer encore davantage vers l'avant et l'inciter à accélérer la cadence, même s'il avait conscience que le jeune homme était déjà au maximum de ses capacités.

      " Vous pouvez toujours courir, vous ne m'échapperez pas ! Vous regretterez ce que vous avez fait, et vous n'allez pas tarder à venir me supplier à genoux et à venir vous excuser de m'avoir traité de la sorte ! On en reparlera ! "

      " Cause toujours ! "


      Pourquoi disait-il cela ? Ca n'avait aucun sens... En tous cas, il semblait avoir abandonné la partie pour une raison inconnue, c'était déjà quelque chose. Mais l'instant d'après, un éclair blanc aveuglant traversa son champ de vision et il plaça instinctivement son avant-bras devant son visage, ébloui par cette lumière trop vive. Au même moment, Mihaïl trébucha et faillit l'entraîner dans sa chute ; heureusement qu'un mur généreux s'était trouvé là au même moment pour qu'Edwin puisse s'y retenir et aider le jeune homme à se relever.

      " On y est presque, Mil'... Courage ! "

      En effet, la minute d'après, Edwin verrouillait soigneusement la porte de leur logis, par mesure de sécurité. Ils ne s'en étaient pas trop mal tirés, mais Mihaïl n'avait pas l'air au mieux de sa forme. Sa main le faisait souffrir et il se retira aussitôt dans la salle de bain pour y remédier. Mieux valait le laisser tranquille, il risquait d'être un poil de mauvaise humeur à cause de son accident. Il fallait qu'il le laisse se reposer, il regarderait sa main demain et l'emmènerait voir un médecin si la douleur était toujours présente. Pour le moment, tout le monde au lit, hop !


      Combien de temps avait-il dormi ? Quelques maigres heures, tout au plus... Déjà, il se réveillait et s'enroulait dans sa couverture qu'il avait envoyé valdinguer à l'autre bout de son lit. Froid... Emballé dans les draps, ça allait déjà mieux, il pouvait sentir la douceur du tissu caresser sa peau tiède.
      Peau tiède ?!
      D'un mouvement brusque, il se débarassa de sa couette et se redressa dans le noir, mort d'inquiétude. Comment était-ce possible ? Il palpa ses bras, parcourut son cou, son torse... Tiède, il avait la peau tiède ! C'était impossible, non, il ne devait pas encore être suffisamment bien réveillé. Et puis qu'étaient-ce donc que ces douleurs qui s'éveillaient en même temps que lui, dans tout son corps ? Ses jambes le faisaient souffrir, son dos aussi, sa nuque, mais surtout sa main gauche qui le lançait terriblement. Se mordant les lèvres, il se dirigea à tâtons vers l'interupteur pour éclairer la pièce et enfin y voir plus clair. Il retourna s'asseoir sur le bord de son lit, jeta un coup d'oeil à ses doigts meurtris et... Aaaah, mais qu'est-ce que c'était que ça ?
      Un cri d'horreur lui échappa alors qu'il découvrait l'ampleur des dégâts. Son index et son majeur avaient triplé de volume ! Non, ça n'était pas possible, il ne voulait pas y croire, c'était trop horrible. Il refit exactement les mêmes mouvements en marche arrière pour aller éteindre la lumière et se rallonger sur son matelas.

      * Réveille-toi, réveille-toi...
      Hé mais une minute... Y'a pas un problème là ? Pourquoi est-ce que j'ai eu besoin d'allumer la lumière ? Cela fait bien soixante dix ans que je n'ai plus touché un interrupteur de ma vie, du moins pas quand je suis seul... Il fait noir et... Je ne vois rien ! Qu'est-ce qu'il se passe, qu'est-ce qu'il m'arrive ? *

      Rongé par l'inquiétude, il se leva de nouveau pour allumer et palper délicatement ses doigts cassés. Depuis quand les vampires pouvaient se casser les doigts ? C'était impossible... Et puis il n'était pas tombé, rien, c'était Mihaïl qui s'était fait broyé les os de la main, hier, pas lui ! Hé ! Qu'est-ce que cela voulait dire ?
      Peu rassuré, il baissa lentement les yeux sur son corps et cette fois, ne put retenir un cri de surprise (et de terreur aussi, peut-être).

      " Oh God... What's this ? C'est pas possible, mais je rêve, ma parole ! "

      Son bras... son bras gauche était couvert de tatouages ! De drôles d'écritures qu'il ne comprenait pas et qui s'enroulaient autour de sa peau, de son poignet jusqu'à son épaule. Mais c'était... c'étaient les tatouages de Mil' !

      * Oh my God... Non, non, je délire, c'est pas possible... Et pourquoi est-ce que je suis serré comme ça ? C'est pas normal... Bon, d'accord, un boxer, ce n'est vraiment pas ce qu'il y a de plus large, mais tout de même, il me va très bien d'habitude. Et là, je me sens super compressé... C'est quoi ce délire ? Qu'on m'explique, là ! *

      Il sortit de sa chambre et se mit à faire les cent pas dans le salon. Il n'y avait rien de logique dans ce qui était en train de lui arriver, rien de rationnel. Il n'y comprenait rien, et pourtant il aurait donné cher pour y parvenir !
      Il faisait froid, ce n'était pas le moment de rester en boxer à se promener ainsi. Et cette douleur à la main, c'était insupportable ! Il examina une nouvelle ses doigts en retenant une grimace de dégoût. Où étaient donc passées ses belles mains fines de pianistes, ses longs ongles soigneusement limés ? Ces mains, il les aurait reconnues entre mille, c'était celles de son protégé, il en était certain...
      Tout cela n'avait ni queue ni tête !

      Il attribua un coup de pied dans le canapé et se maudit aussitôt en sentant une douleur naître dans ses orteils. Mais ce n'était pas possible d'être aussi douillet, bon sang ! Plus rien n'allait, aujourd'hui, vivement que ce cauchemar prenne fin et qu'il se réveille normalement, comme toutes les nuits. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il alla chercher une chemise dans sa chambre, parce que sa peau exposée à l'air ambiant de la pièce commençait à frissonner. Inquiétant... Etait-il malade ? Etait-ce possible au moins, qu'il le soit ? Non, il devait rêver, tout simplement. Pas d'inquiétude possible donc, il lui suffirait juste d'être patient et d'attendre calmement son réveil.
      Sa chemise noire avait du mal à passer, notamment au niveau des épaules. Ca bloquait, et il fut contraint de la laisser ouverte de peur de la déchirer. Elle lui arrivait à la limite du boxer, et il suffisait qu'il lève à peine les épaules pour que le tissu laisse apparaître son ventre un peu trop... musclé ? Tiens donc, il n'avait pourtant pas souvenir d'avoir effectué une séance d'haltérophilie dernièrement.
      Toute cette histoire ne rimait à rien !

      Il fallait qu'il en ait le coeur net... Ca paraissait vraiment trop invraisemblable, et pourtant, tout concordait. D'un pas tendu et nerveux, il se dirigea jusqu'à la salle de bain et se positionna devant le miroir, dans le noir, puis alluma la lumière en fermant les yeux. Etait-ce réellement possible ? Il n'allait pas tarder à le découvrir.
      Lentement, ses paupières se soulevèrent et ses iris quittèrent le sol pour rencontrer la surface lisse de la glace... et y apercevoir un Mihaïl décontenancé, qui l'observait avec de grands yeux ronds. Sa bouche s'ouvrit béatement, et il porta aussitôt ses mains devant pour dissimuler au mieux son ébahissement. Mais... Ce n'était pas possible, non ! Oh non, pitié...
      Ses doigts se placèrent devant ses yeux pour lui cacher la vue. Il rêvait, c'était certain, il n'y avait pas d'autre explication possible. Lentement, son index et son majeur encore valides s'écartèrent pour que son oeil puisse jeter un nouveau coup d'oeil au reflet qui se dessinait devant lui, et qui ne faisait que lui renvoyer son image. Enfin, "son" !

      " C'est pas possible... C'est pas possible... C'est pas possible ! Je suis... Je suis Mihaïl ! Mais c'est du délire à l'état pur ! Edwin, réveille-toi, réveille-toi vite... "

      Il s'attribua une claque violente et le regretta aussitôt en lâchant une sourde plainte. Bordel, il n'avait pas mal comme ça d'habitude, et Dieu sait qu'il se menait pourtant la vie dure.

      * Waou... J'y crois pas, il est plus musclé que moi... Alors qu'il ne fout rien à longueur de journée ! Je passe vraiment pour une crevette, moi, à côté. Pas étonnant qu'on le prenne souvent pour le maître. L'est plus grand que moi en plus... Roh ce qu'il est beau ! Ce que je suis beau !
      Hum... Je m'égare. Profitons de ces derniers instants, je ne devrais pas tarder à me réveiller, normalement... *

      Il décida de partir attendre dans le salon, ignorant son ventre qui commençait à gargouiller. Bon sang, il ne pouvait donc pas se taire ? En plus, il avait une envie folle de... tarte au citron ! Pouah, ce truc infâme que Mil' s'envoyait dans le gosier à longueur de journée. Vraiment, il n'allait pas bien, et ses découvertes arrivaient en masse dans son cerveau sans lui laisser le temps de les assimiler séparément.
      Un sursaut lui échappa lorsqu'il sentit une main s'abattre sur son épaule et lorsqu'il entendit une voix qui lui était vaguement familière, et pourtant si différente de celle de Mihaïl. Pétrifié, il tourna lentement la tête vers lui mais le jeune homme avait déjà disparu dans la salle de bain.
      Si l'on conservait la même logique (?)... Si lui-même était Mihaïl, quelle tête avait à présent le russe ? Ah non ! Ca, ce n'était pas possible, pas envisageable une seule seconde !

      Un cri déchirant qui semblait annoncer l'apocalypse ne tarda pas à résonner dans tout l'appartement. Cette voix, il la connaissait, il en était certain, elle avait quelque chose de si... Il n'aurait su le définir. Quoi qu'il en fut, il se leva et se dirigea d'un pas chancelant jusqu'à la salle de bain, s'arrêtant à l'entrée pour apercevoir Mihaïl de dos, les mains posées sur le miroir, cherchant désespérément son reflet inexistant. Le choc promettait d'être terrible...
      Il effectua quelques pas lents et étrangement calmes pour se positionner à côté de lui et observer son nouveau reflet à côté de celui de l'homme invisible. Puis, lentement, il tourna la tête, n'osant tout d'abord pas ouvrir les yeux. La suite était trop prévisible, mais il avait peur, peur de voir ça, peur de se voir lui-même, après tout ce temps...
      A vitesse réduite, ses paupières se soulevèrent et ses yeux remontèrent le long du corps de "Mihaïl". Non... C'était impossible, non ! Ses yeux finirent par croiser les siens et à détailler son nouveau visage, celui qu'il n'avait pas pu observer depuis tant d'années. Un léger "o" se forma sur ses lèvres et il dut se contenir pour ne pas exprimer sa surprise.

      " Je... "

      Son attention se reporta au miroir, puis à "Mihaïl", de nouveau à la glace, à la porte, encore à son protégé... Avant qu'il ne finisse par le pointer d'un doigt accusateur.

      " Tout ça c'est de ta faute ! Je suis sûr que le cinglé d'hier nous a jeté un sort, ou je ne sais quoi d'autre ! J'ai une envie folle de tarte au citron et j'ai envie qu'on m'arrache les doigts tellement ils me font souffrir... J'ai failli me prendre la porte de ma chambre dans la gueule parce que je ne vois plus rien dans le noir ! Mil'... Pince-moi, je veux me réveiller. "
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    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 19 - Mamma Mia !   19 - Mamma Mia ! EmptyMer 22 Fév - 0:30
      Saperlipopette... Mes cheveux ondulent, ils n'ont pas la même texture... Mes doigts sont fins et manucurés, ma corne et mes cicatrices ont disparu... c'est tout doux sur mon visage... Pris d'un doute, j'écarte le col de mon tee-shirt et jette un oeil sur mon torse. Mes poils ! Envolés !! Je suis doux et duveteux comme un adolescent ! Plus de tatouages non plus... Tout ce qui faisait de moi Mihaïl Egonov a disparu. Pfuit. Comme si j'étais une autre personne.

      J'ai beau chercher sur le miroir, je ne vois que la porte de la salle de bains derrière moi. Mon ombre n'est également plus présente. C'est très perturbant, tout ça. Presque traumatisant... Et le comble du comble... c'est que je ne respire plus. Mon coeur ne bat plus. Comme si j'étais mort... C'est ça, je suis mort... J'ai eu un infarctus pendant mon sommeil, et je erre dans les limbes en attendant la lumière, le tunnel, et tout ce qui va avec.

      Mon corps est gelé, mais je peux sentir la chaleur ambiante de l'appartement... Je n'ai pas froid, ni faim, ni soif, alors que j'ai toujours un appétit monstrueux dès le réveil.
      By Jove ! Je suis en état de choc, mais ma respiration n'est pas haletante, car je n'ai pas de respiration. Merde alors, je veux ma crise d'angoisse tout de suite !! J'en ai besoin ! Rendez-moi mon souffle, mon beau corps d'Apollon, mes tatouages et mes cheveux !! J'exige que cette plaisanterie cesse immédiatement !

      C'est pas possible... C'est un cauchemar... Oui, je suis en train de rêver. Soit mort, soit en train de rêver. Il faut que je me calme. Il y a une explication logique.
      Tandis que je commence tout juste à me calmer, la porte s'ouvre derrière moi... et mon propre corps me fait face dans le miroir. Oh, God !!! Il a ma tronche, ma silhouette, mes tatouages et ma tignasse - et même mes poils sur le torse ! Ouais enfin c'est moi, quoi. Avec des fringues un peu trop étroites et une tête de déterré, comme tous les "matins"...

      J'aurais bien crié si j'avais pu. Mais ma voix ne peut plus sortir, je suis complètement bloqué. Je me mordille la lèvre inférieure... avant de me rendre compte que je viens de la percer de mes canines longues et tranchantes. Nom de nom... Je suis devenu vampire en une nuit !! Qu'est-ce que c'est que ce sortilège ?!
      Je me sens mal... Mon double s'avance à mes côtés, et se regarde dans le miroir, l'air aussi déconcerté que le mien. Ca ne peut pas être vrai.

      Il se regarde... puis il me regarde. Je dévisage son reflet à lui. Ses yeux s'écarquillent doucement. Bouche bée, il n'en revient pas, lui non plus. Il regarde partout, il tente de comprendre. Je... Je ne me sens vraiment pas bien... J'ai besoin de m'asseoir. Alors que celui qui m'a piqué mon corps me désigne responsable de ce qui nous arrive et m'engueule avec ma propre voix, je me retourne, m'adosse au lavabo, et me laisse lentement glisser jusqu'au sol, assis contre le placard.

      Un éclair de lucidité me travers soudainement l'esprit. Ne me dites pas que... Oooh... Je crois comprendre... Edwin est dans mon corps, et je me trouve dans le sien. Ca explique tout. Non, ça n'explique pas le principal ! POURQUOI, BORDEL DE NOM DE DIEU ?!? Pourquoiiiiii... ?
      Je me tourne lentement vers lui, un peu tremblant. Mon cerveau a envie de faire un malaise, mais mon corps - enfin son corps - ne suit pas du tout. Laissez-moi m'évanouir, par pitié... Le choc est trop pesant, laissez-moi me réfugier dans l'inconscience !

      Le pincer ? Oui, bonne idée, tiens. J'avance mon bras vers sa jambe nue et lui pince fortement la cuisse, sans réfléchir. Puis je me pince moi. Rien à faire, je ne rêve pas. Les genoux d'Edwin se rabattent contre le corps d'Edwin, et les mains d'Edwin viennent recouvrir le visage d'Edwin. Mais c'est bien mon esprit tordu qui se cache là-dedans.
      Oui... ce type, hier soir, qui nous a poursuivis... C'est sûrement lui qui est responsable de tout ça, il n'y a pas d'autre explication. C'était un vampire, et les vampires ont parfois des pouvoirs bien particuliers...

      - Tarte au citron ? Moi j'ai envie de... sang...

      Beurk, du sang ! Ah non ! Tant pis, je fais une grève de la faim... Je ne vais pas boire du sang, quand même, c'est dégueulace !
      C'est pas trop le moment de me poser ce genre de questions. Je me relève en aggripant le rebord du lavabo, et m'y tiens fortement. Ca ne va pas fort. Je quitte la salle de bains et m'allonge délicatement sur le canapé, avant de passer mes mains sur mon visage à nouveau. C'est incroyable... Je suis dans le corps d'Edwin Vanelsin... dans un corps de vampire !!

      Moi qui ai toujours voulu savoir ce que ça faisait... Maintenant je sais. C'est réellement déconcertant... Je ne sens pas la fatigue ni le besoin de me nourrir autrement que par le sang. Sang, sang, sang, ce mot résonne dans mon esprit chaotique, je veux du sang !
      Je prends quelques minutes pour retrouver mes esprits, puis me redresse et m'assieds en tailleur. Je lève les yeux vers Edwin, puis les détourne. Ca choque de se voir de l'extérieur. Je ne pensais pas que j'étais si grand. Mais... J'y pense... Edwin, c'est la première fois qu'il se voit depuis sa mort !

      Je me lève, m'approche de lui... Lui touche le visage, les épaules... Etrangement, je n'ai plus cette sensation de mal-être lors d'un contact humain simple et évident... Je me sens un peu réservé, mais pas de la même façon que d'habitude. Le corps d'Edwin semble se souvenir de certaines sensations qu'il apprécie, et me les transmet. Comme si c'était instinctif.

      Mon regard se dirige vers ses doigts... Enfin, les miens ! Ils sont dans un état monstrueux... ça doit lui faire vraiment mal. Sur ce coup-là, j'ai eu du bol, j'ai évité la douleur au réveil...
      Je n'en reviens toujours pas. Je fais les cent pas dans le salon, sans pouvoir m'arrêter. Je suis en état de choc. Je me palpe le visage et découvre un faciès dont je n'ai pas l'habitude. Et puis je regarde encore une fois Edwin, et détourne la tête une fois de plus. Je parviens à m'asseoir à nouveau sur le canapé. Je ne maîtrise plus rien, je ne comprends plus rien.

      Et puis soudain, ma vision se déforme. J'ai comme des flashs, et je ne distingue plus très bien Edwin. Un homme... penché au dessus de moi... Oh, mon Dieu, mais qu'est-ce qu'il fait ?!? Non, barre-toi, connard ! François ?... Non, ce n'est pas François... C'est un inconnu. Mais ils ont le même regard, ces deux salauds...
      J'ai le souvenir de ma vitae qui s'écoule dans sa bouche... Un grand, un très grand froid dans tout mon corps. Le vide. Néant. Nada. Une sensation indescriptible horrible, insupportable, qui m'amène les larmes aux yeux.

      - Edwin... Je me rappelle de ta mort, c'est affreux !

      Un évènement que son corps n'a pas pu oublier et me rappelle sous forme de flashs incessants. C'est ignoble. Ils finissent par s'en aller au bout de quelques secondes, mais je me sens toujours aussi mal. Je me laisse tomber sur le canapé, le visage contre le cuir. J'ai besoin d'un instant... Je n'arrive pas à m'adapter... Au secours... J'ai besoin d'aide.

      Je ferme les yeux un petit moment, puis les rouvre. Tout a disparu. Ca va déjà mieux. Je me redresse.
      Il faut que ça cesse... Comment faire pour que tout rentre dans l'ordre ?




    Edwin Vanelsin

      Mihaïl venait de se laisser glisser et de s'adosser au placard, visiblement en état de choc. Ce qui était plus que compréhensible... Et le pire dans tout cela, c'était que lui ne pouvait pas se voir ! Ah ça, ce n'était pas une partie de plaisir, et lui y avait droit tous les jours. Pratique pour se coiffer et pour se maquiller, n'est-ce pas ? Faramineux...
      Edwin ne put s'empêcher de lancer un nouveau coup d'oeil dans la glace et d'observer son nouveau reflet le lui rendre. Il ne put retenir un léger sursaut, il avait tellement peu l'habitude que le verre lui renvoit une image...
      Discrètement, pour éviter que son acolyte ne le remarque, il adressa un petit sourire au miroir et bomba légèrement le torse pour le mettre en valeur. Ce qu'il se plaisait, comme ça... Enfin, il y avait encore quelques détails à régler, comme l'ajout de maquillage sur les yeux, la manucure et l'épilation, mais sinon, il avait un vrai corps de rêve, à présent. Ce n'était peut-être pas si mal de se retrouver dans le corps de Mihaïl, tout compte fait. Il fallait relativiser, ça aurait pu être pire ! Il aurait par exemple pu se retrouver dans le corps du malabar qui les avait pourchassé la veille. Et là, en effet, il y aurait eu de quoi s'inquiéter...

      Petit à petit, alors que "Mihaïl" semblait tout ce qu'il y avait de plus déprimé (était-ce réellement si terrible de se retrouver dans le corps d'Edwin Vanelsin ? Merci, Mihaïl...), Edwin redécouvrait toutes ces sensations qu'il avait perdu après sa mort. C'était incroyable... et tellement agréable ! Sentir son coeur battre de nouveau, pouvoir respirer comme bon lui semblait, trembler de froid ou subir un coup de chaud, avoir faim et soif... C'était magnifique ! C'était peut-être pour ça que Mihaïl se sentait mal, en réalité. Parce qu'il avait perdu tout ce qu'Edwin était en train d'admirer.
      Par contre... ses doigts le lançaient terriblement, et ça ne s'arrangeait pas avec le temps. Et il avait mal partout, c'était affreux ! Mihaïl ressentait-il réellement tout cela en même temps, autant de douleurs, dispersées dans tout le corps ? Finalement, ce n'était peut-être pas si mal d'être aux commandes d'un corps mort.

      " Aïe ! Ca va pas la tête ? "

      Il venait de se faire pincer par le nouveau Edwin qui s'affairait à présent à se pincer à son tour. Grimaçant de douleur, il se massa la cuisse et la vit déjà rougir à l'endroit où les doigts de Mihaïl l'avaient saisie. Hé mais oh, ce n'était pas parce qu'à présent, il était un vampire, qu'il devait se permettre d'agir comme il le souhaitait ! Fallait qu'il contrôle sa force tout de même... Sinon, il allait lui exploser la tête. Oui, il ne fallait pas qu'il oublie qu'à présent, il était mortel, et que la moindre chute pouvait s'avérer fatale. Prudence est mère de sûreté... Pas question d'abîmer le joli corps de son petit protégé. Il le bichonnerait même, pour une fois qu'il en avait l'occasion. Et un petit coup de brosse ne serait pas de refus, parce que là, c'était catastrophique !
      Mais ce n'était pas encore le moment de penser à cela. Pour ce genre de détails, il aurait tout le loisir d'y songer plus tard. Pour le moment, il fallait qu'ils réfléchissent tous les deux au meilleur moyen pour redevenir soi-même. Même si se balader dans la peau de Mihaïl pouvait se révéler très instructif, et très agréable...
      Il secoua la tête pour éviter à ce genre de pensées de continuer à murir dans son esprit.

      Comment ? Une envie de sang ? Ca ne pouvait pas être pire que la tarte au citron, qu'il ne se plaigne donc pas ! Edwin était prêt à échanger les rôles quand il le désirerait en ce qui concernait l'alimentation... Pas question de toucher à une de ces sucreries dont le russe raffolait ! Plutôt mourir... Ou boire du sang, à la rigueur ! Moui, pas certain que ça puisse avoir un effet nutritif sur son nouveau corps dont il était censé prendre soin.
      A l'évocation du sang, plusieurs sensations nouvelles s'emparèrent de lui, dont une particulièrement proche de ce qu'il avait pu connaître dans sa propre vie. Il ne parvenait à distinguer aucun visage, aucun son, simplement des crocs qui s'enfonçaient dans sa chair et qui lui firent lâcher un gémissement de douleur. Il se sentait se débattre mais ne discernait toujours aucune image, aucun lieu, il sentait simplement des mains étrangères le maintenir cloué sur un matelas alors qu'il tentait vainement de se débattre pour y échapper.
      Et puis ensuite... Une sensation qui n'avait rien de comparable. Un plaisir immense, un désir de supplier pour en demander encore, un abandon total du corps et de l'esprit dans des bras tendres. Toujours aucune vision, simplement le sens du toucher qui s'éveillait en lui et lui faisait vivre des petits bouts de la vie de Mihaïl dans lesquels il n'aurait pas dû mettre le nez. Mais il n'y pouvait rien, tout cela avait surgi tout seul, sans qu'il puisse l'en empêcher...

      Alors que Mihaïl quitte la salle de bain avec un teint encore plus pâle que le cadavérique que le caïnite arborait d'ordinaire, Edwin resta encore une minute à se contempler dans la glace, ne parvenant pas à détacher son regard de son reflet. C'était dingue, cela faisait tellement longtemps... Il n'était pas dans son corps, mais qu'importe ! C'était si bon de voir un clone de nous-même nous répondre alors qu'on lance des signes désespérés au miroir.
      Il s'approcha et passa ses mains sur son visage, sur sa barbe, dans ses cheveux emmêlés. Il n'était pas si différent après tout, puisqu'ils se ressemblaient tellement, tous les deux. Dieu que c'était agréable de pouvoir s'admirer de nouveau, et ce que cela avait pu lui manquer ! Il se sourit à lui-même une dernière fois et regarda avec amusement le reflet de Mihaïl lui rendre son clin d'oeil avant de disparaître à son tour dans le salon pour y retrouver un "Edwin" tout chamboulé, installé sur le canapé.

      D'ailleurs, ce dernier ne prit pas longtemps avant de se relever. C'était tellement étrange de se voir agir, c'était un peu comme dans un rêve, lorsque l'on est qu'un simple spectateur des actions que l'on exécute. Il le regarda s'avancer, observa sa démarche en ne pouvant s'empêcher de se demander si lui aussi, en temps normal, il traînait des pieds de la sorte. Mihaïl - le vrai - venait de s'arrêter en face de lui et le détaillait au rayon X, lui aussi. Diable, il faudrait vraiment qu'il songe à mettre des talonettes, comme Zion ! A présent qu'il se trouvait dans son nouveau corps, il dépassait l'ancien d'au moins cinq centimètres. Ridicule...
      Il prit un court instant pour observer son vrai visage, qu'il n'avait pas vu depuis soixante-dix ans sans pour autant être capable de l'oublier. Ses cheveux, ses joues, son bouc, sa moustache, ses yeux... Ce qu'ils étaient beaux, ses yeux ! Dommage qu'il ne puisse plus en profiter.
      Et le torse alors ! Il aurait bien aimé pouvoir contempler sa poitrine et son ventre avec un regard extérieur. Si seulement Mihaïl ne dormait pas avec cette horreur trop grande pour lui qui lui servait de pyjama ! Sur les épaules de son nouveau corps, c'était complètement ridicule, il flottait dedans.

      Mihaïl leva la main vers lui pour la porter à son visage et les réflexes de son nouveau corps firent à nouveau surface. Il ne put retenir un sursaut et une grimace de dégoût en sentant ces doigts pourtant si doux et si agréables - forcèment, c'étaient les siens ! - caresser sa joue. Sa nouvelle peau semblait vouloir refuser ce contact, car les empreintes de main d'un autre homme s'y trouvaient déjà, marquées au fer rouge dans sa chair. François... Le nom lui revint aussitôt en tête alors que les mains du nouveau Edwin parcouraient ses épaules. Et durant ce toucher, c'était comme si l'homme qui se trouvait en face de lui en avait été un autre et qu'il ne désirait qu'une chose : le déshabiller au plus vite, sans délicatesse, et faire de lui ce qu'il voulait.
      Mais il n'y avait rien à craindre, ce n'était pas cet homme qui le touchait, ce n'était pas ce bourreau qui posait ses mains sur lui. C'était Mihaïl... ou lui-même, en quelque sorte, et ses gestes étaient tellement doux qu'il ne pouvait se permettre un seul instant de craindre ce contact. Fallait-il qu'il laisse le corps de Mihaïl s'exprimer à la place de ses pensées à la Edwin ? C'était plus que bizarre, tout cela... Il avait l'impression d'avoir des réactions qui ne lui appartenaient pas.

      Mihaïl tourna dans le salon, un long moment, sans pouvoir s'arrêter, avant de s'échouer finalement de nouveau dans le canapé, tandis qu'Edwin semblait rester de marbre, bien trop concentré sur sa respiration et sur son coeur qu'il redécouvrait avec grand plaisir. Il fit quelques pas prudents, de peur de tomber et de se casser quelque chose, pour rejoindre Mihaïl qui semblait en proie à d'étranges visions, lui aussi. Que voyait-il ? Pas son passé surtout, il était bien trop terrible, il ne voulait pas que le russe ait de telles images en tête...
      Sa mort... Il se souvenait de sa mort ! Non, il ne fallait pas, c'était déjà suffisamment difficile d'avoir à s'en rappeler lui-même, mais il ne voulait pas le faire partager à Mihaïl, à quoi cela servait donc de le faire souffrir encore davantage.

      Il repoussa sa hantise du contact pour s'asseoir à ses côtés et poser sa main sur son épaule.

      " Ne pense pas à ça, Mil'... Ce ne sont pas des images très positives de ma vie. Enfin, il n'y en a pas tant que ça des positives en réalité, mais... Pense plutôt au jour où je t'ai rencontré, ou n'importe quoi d'autre, mais pas à lui. "

      La personnalité d'Edwin ressurgit brutalement et il ne put s'empêcher de demander au russe d'un ton enjoué qui ne collait pas trop avec son nouveau visage.

      " Tu ne peux pas retirer ton tee-shirt ? Roh, le prends pas mal, mais c'est juste que... Ca fait tellement longtemps que je ne me suis plus vu ! Soixante-dix ans, tu ne te rends pas compte toi, c'est dingue ! Je... J'aimerais tellement voir à quoi je ressemble sans cette horreur que tu oses me faire porter, sur mes épaules. "

      A son tour, il porta ses mains à son visage, écartant des mèches de cheveux qui lui tombaient devant les yeux pour le coiffer comme il le souhaitait. Il laissa ses doigts courir dans son cou et dans sa nuque, sans pouvoir quitter son visage du regard.

      " C'est doux, mais c'est si froid... Ma peau est réellement comme ça, dis-moi ? C'est horrible... J'aimerais tellement l'avoir comme la tienne, elle est agréable. En plus de la douceur, elle possède la chaleur, nest-ce pas merveilleux ? "

      Il ramena sa main à son propre visage pour caresser sa nouvelle joue et la passer dans ses cheveux.

      " Roh, ce que tu as de la chance d'être dans un corps comme ça... Quoi que, je maintiens que si tu t'épilais et si tu ajoutais ne serait-ce qu'une toute petite touche de maquillage, ce serait encore mieux. Je m'en chargerai pour toi, ne t'en fais donc pas... "

      Il lui adressa un clin d'oeil et se leva, se dirigeant instinctivement vers le garde-manger. Son estomac - enfin, celui de Mihaïl - l'attirait vers cette armoire comme un aimant, et son ventre ne cessait de gargouiller pour lui rappeler qu'il n'attendait qu'une seule chose : le petit déjeuner.
      L'instant d'après, du pain, du beurre et de la confiture à la cerise - sa préférée du temps où il vivait encore - étaient disposés sur la table, et il mordait à pleine dents dans une tartine en fermant les yeux, savourant toutes ces saveurs qui s'offraient à lui.

      " La vache... C'est bon ! Ca fait si longtemps... "

      Il engloutit bien vite sa première tartine avant de se retourner vers Mihaïl. Il faudrait bien qu'il se nourrisse, lui aussi... Mais comment faire ?

      " Mil', comment on fait pour toi ? Je m'entaille le poignet comme tu le fais pour moi, ou je te laisse... me mordre ? "

      La deuxième possibilité n'était peut-être pas une bonne solution. Si Mihaïl réagissait comme lui l'aurait fait, il serait plus que tenté de planter ses canines dans sa chair ; et à présent qu'il avait connaissance du goût que Mihaïl avait pris pour la morsure, il y avait des chances pour qu'il n'y résiste pas et qu'il se laisse aller lui aussi.
      Une grimace de douleur se dessina sur son visage, ses deux doigts le lançaient toujours autant et il avait l'impression d'avoir le dos en compote. Il leur jeta un coup d'oeil écoeuré avant de reporter son attention à Mihaïl.

      " T'aurais pu y aller molo quand même, j'ai l'impression que cet écervelé m'a broyé les os ! "
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    Atticus

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    MessageSujet: Re: 19 - Mamma Mia !   19 - Mamma Mia ! EmptyMer 22 Fév - 0:35
      Penser à autre chose... Ce n'est pas simple... Waw, sur le coup, je me sens... Presque choqué. Je prends quelques nouvelles secondes pour reprendre le contrôle de ma pauvre tête. Le vide se fait, tout devient sensiblement plus clair. On dirait que je m'habitue. Mais c'est tout de même terrible... Edwin vit avec ça depuis des dizaines d'années, tout son être en tremble encore. De son côté, il a certainement senti le contact de François... Au moins, nous avons un avantage commun : nous pouvons nous comprendre et prendre ces souvenirs en compte pour les assimiler, plus ou moins sans problème. Nous avons vécu la même histoire, à quelques détails près.

      Je le regarde à nouveau. C'est étrange de voir une expression sur "mon" visage qui ne me correspond pas. Ca me perturbe. Edwin a soudain un regard joueur, un air réjoui. Je ne fais jamais ça, habituellement mes traits sont raides comme ceux d'un cadavre, et le peu d'émotion de joie que je laisse s'y dessiner se traduit par le plus simple des sourires.

      Je ne suis pas aussi expressif que ce visage me le montre ce soir. Ai-je un problème avec mes émotions ? Oh oui, bien sûr que j'en ai un... Je garde tout pour moi. Vraiment tout. Comme si je voulais ne rien faire paraître, ne rien laisser s'échapper de moi... Comme pour veiller à une sécurité invisible qui n'aucune raison d'exister.
      C'est comme ça... Je crois que je n'arriverais jamais à faire totalement confiance à quelqu'un. J'aurais beau me forcer, il y aura toujours cette façade transparente et plus solide que le béton armé qui me séparera de mes proches.

      Il veut... il veut quoi ?!
      I'm so shocked (eh oui, je pense en anglais à la place du russe, parfois, ça commence à rentrer !). Il veut que je me dépoile pour se mater ! C'en est trop. Je laisse échapper un rire franc. A bas la façade. Les traits d'Edwin sont tellement plus simples à manipuler que les miens. Je crois que je me suis tellement détesté que j'en finis par apprécier d'être dans le corps de quelqu'un autre... aussi mort et étrangement constitué soit-il. Je ne ressens pas toute la pression du mien... En vérité... Je crois que je me sens libre. Autant en profiter.

      Sans hésiter une seconde de plus, je me lève et m'éloigne un peu pour lui donner un meilleur angle de vue. Le tee-shirt s'échoue sur le second canapé. Je pivote sur moi-même. Vas-y, rince-toi l'oeil sur toi-même, c'est gratuit.
      Je lui lance avec un sourire :

      - Ca suffit ou tu en veux plus ? C'est ton corps, après tout, j'ai pas le droit de me sentir gêné.

      Bah ouais, hein, je suis pas chez moi.
      Je m'installe à nouveau à côté de lui. Il touche ses cheveux et ce qui lui appartient. Ca a beau être à lui, je ressens sa main sur moi... Mais étrangement, j'arrive à mettre mes peurs de côté. Ca ne me dérange pas. C'est bizarre... J'aurais déjà dû bondir à l'autre bout du canapé. Mais là, il se trouve que c'en est presque plaisant... J'aime ce contact. Et puis de toute façon, je ne peux pas le lui refuser. Ca fait tellement longtemps qu'il ne s'est pas vu... Pour un mec qui adore prendre soin de son apparence, ce doit être réellement déprimant de ne pas trouver son reflet. Je le comprends parfaitement, et je crois même que, lorsque nous aurons retrouvé nos corps respectifs - j'espère bien ! - je ferais un peu plus attention à tous ces détails qui font qu'il veut plaire à son entourage. Le fait d'être dans sa peau m'aide énormément à le comprendre. On dirait même que c'est une bonne chose...

      "Ma" main est vraiment chaude comparée à la température de "son" visage. C'est dingue. La chaleur de son simple contact se diffuse au point de rencontre de nos deux peaux, mais sans pouvoir réchauffer quoi que ce soit à l'intérieur de ce corps froid.

      - C'est vrai que... Maintenant que je suis à ta place, j'avoue que c'est flagrant... Je suis une bouillote ambulante en comparaison de toi.

      Il contemple mon corps à moi. Je me sens légèrement gêné... mais amusé. Même si, je l'avoue, j'aime bien m'occuper de mon style vestimentaire et de mes cheveux, en revanche le reste n'a pas beaucoup d'importance à mes yeux.
      Je me sens brusquement mal à l'aise quand il parle de s'occuper de mon corps. Ah ça non ! Ah non ! Qu'il laisse mes poils tranquille ! Je tiens à les retrouver ! Le maquillage passe encore, tant qu'on ne sort pas d'ici, et puis je pourrais l'enlever en regagnant mon corps... Mais m'épiler, c'est hors de question !

      - Niet ! Tu ne touches pas à mes poils ! Sinon... Je te laisse pousser la barbe.

      Ouais, super, le chantage... J'ai pas trouvé mieux. Mais il n'a pas intérêt à me modifier comme il l'entend. Je ne suis pas une poupée, que diable !
      Il se lève... et prend tranquillement son petit-déjeuner. Je demeure stupéfié. C'est incroyable... Pour la première fois de ma vie, je n'ai pas faim. Mais j'ai envie d'avoir faim, moi ! En tout cas, les tartines à la confiture, ça l'air de beaucoup lui plaire.

      J'imagine qu'il a certainement envie de garder mon corps pour lui... Mais moi je veux le reprendre ! Enfin pas tout de suite, parce que ce que nous sommes en train de vivre est parfaitement spectaculaire... Mais ça fait trente ans que je l'ai, j'y tiens.
      C'est sûr que ça doit le changer... Il s'est admiré dans la glace comme si mon corps n'était qu'un banal vêtement essayé dans une cabine. J'imagine déjà un bon trip : une boutique de corps ! T'en changes quand tu veux, bon ça coûte un peu cher, mais c'est "tendance" comme on dit... T'as le choix en couleur de peau, de cheveux, en type racial, en carrure... satisfait ou remboursé. Deux pour le prix d'un ce mois-ci.
      Hum bref.

      J'ai envie de sang... Un combat entre deux entités est en train de naître en moi. Mon esprit ne veut pas se résoudre à boire du sang, et le corps d'Edwin n'attend que ça. C'est quasiment un instinct animal, si je ne me retenais pas je crois que je pourrais aller immédiatement mordre Edwin dans mon corps. Je boirais alors mon propre sang... Stupéfiant comme envie. Je ne sais pas trop quoi penser à ce sujet... En tout cas, si je décide de le faire, ce ne sera pas par le cou. Mon corps hait le contact des hommes, et même si Ed est d'accord, il va se rebeller contre nous deux. Il n'y a que les morsures d'Oscar qui m'apaisent, je me sens en sécurité dans ses bras, et c'est d'ailleurs bien pour ça que j'y suis accro. Toutes les autres personnes qui veulent me mordre, je les repousse par réflexe. Ca ne se contrôle pas.

      - Pour le sang, je ne sais pas... J'y réfléchirais un peu plus tard. Au fait, ne mange pas de fraises, surtout... Je suis allergique.

      Vaut mieux préciser. Il a déjà les doigts enflés, alors si en plus sa gorge se met à faire de même... Le voyage à l'hôpital sera inévitable.
      Je garde le silence un petit moment, tandis qu'il dévore son petit déjeuner. Je dois lui parler d'un autre "détail" sur moi... Je ne sais pas trop comment tourner ça. Je finis par prendre la parole, à nouveau :

      - Il faut quand même que je te prévienne à propos d'autre chose... "Mon" corps risque de se souvenir de certaines choses un peu trop... personnelles. Par pitié, ne m'en parle surtout pas, et essaye de faire abstraction... d'oublier...

      Oh misère... Et s'il se souvenait d'Oscar ? Je sais qu'on est proches, tous les deux, mais pas au point que je lui fasse partager ce genre de choses. J'ai comme l'impression de n'avoir plus mon jardin secret, subitement... Je replie mes jambes contre moi, comme à chaque fois que j'ai besoin d'une protection. Cet échange malencontreux de corps m'a ôté toutes mes barrières, toute mon intimité... Je suis maintenant une proie sans défense, et je vais devoir accorder une confiance totale à Ed. Plus perturbant que ça, tu meurs. Je lui en ai déjà donné beaucoup...

      Bref... Pensons donc à des choses plus réjouissantes. Que vais-je bien pouvoir faire dans ce corps particulier ? Hum ! Je pourrais utiliser ses pouvoirs... Quoique... Il n'y a certainement pas que le corps qui assimile les dons vampiriques au bout de quelques années, l'esprit doit y être pour beaucoup... Je vais tout de même tenter le coup, on ne sait jamais. Je me concentre, ferme les yeux. Chat... Je veux devenir un chat... Je le pense le plus fortement possible.

      Soudain, mes mains posées sur mes cuisses se mettent à trembler. Je me sens pris de convulsions. Tout le corps d'Edwin est secoué de spasmes incontrôlables. Je glisse du canapé sans pouvoir me rattraper, et m'écroule sur le dos, sur le tapis du salon. Aaah, je suis piégé dans un corps beaucoup trop évolué pour moi... Mais quel con !
      Y'a plus qu'à attendre, je crois...

      Quelques longues et atroces minutes plus tard, je me suis enfin calmé. Mais j'ai l'impression d'avoir la tête comme une pastèque. Je reste allongé encore un moment sur le sol pour être sûr que ça va mieux.


      Combien de temps a-t-il pris avant de muter pour la première fois ?
      Pas deux minutes, je suppose... C'est bête, j'aurais bien voulu essayer. C'est pas drôle, je suis dans un corps froid, qui ne profite pas des bonnes choses de l'humanité, et je ne peux même pas en utiliser les bon côtés...

      - Qu'est-ce qu'il y a comme avantages vampiriques que je pourrais tester sans danger ? Nan, parce que c'est pas drôle, sinon...




    Edwin Vanelsin

      Du jamais vu... Décidément, il s'en permettait de belles, à présent qu'il se trouvait dans son corps ! Lui qui d'habitude était tout ce qu'il y avait de plus pudique, à présent il se permettait d'enlever son tee-shirt sans douter un seul instant, et semblait même prêt à en retirer davantage... Ben voyons !

      * Vas-y donc, te gêne pas surtout, dis-même que tu n'attends que ça depuis des mois ! Non mais alors ! *

      " Ca ira je crois... Le reste, je n'ai pas besoin de miroir pour le voir. De toute façon, si tu oses enlever le caleçon, je te promets que j'en fais de même ! "

      Il préféra ne pas trop imaginer la scène et décida de passer à autre chose, à savoir... s'attaquer de nouveau aux tartines et à la confiture qui se trouvaient devant lui. C'était dingue, tout son corps sembit irrémédiablement attiré par cette nourriture. Ca ne calait pas, une seule tartine ! Il avait besoin d'en absorber bien davantage pour être en forme voyons. Et peut-être même qu'il goûterait la tarte au citron, par la suite...

      * Pouah, mais qu'est-ce qu'il me prend ? Ca va pas la tête ?! De la tarte au citron, et puis quoi encore ? Pourquoi pas du cake au kiwi et au gingembre pendant qu'on y est ? *

      Il se prépara à l'avance plusieurs tartines, vérifiant au préalable que la confiture ne contenait aucune trace de fraise. Bah oui, parfois, dans certains pots, on y trouvait plusieurs parfums à la fois, et le rouge était une couleur si commune pour les confitures qu'il préférait vérifier. Il mordit à pleine dents dans la seconde et ferma les yeux pour sentir le morceau de pain descendre dans son oesophage et arriver jusqu'à son estomac. Un sourire satisfait naquit sur son visage et il se laissa même tomber dans le canapé, au risque d'y mettre des miettes. Au diable sa maniaquerie ! D'ailleurs, en ce moment-même, c'était bien le cadet de ses soucis. Mihaïl était-il donc si bordélique que cela ? Tout de même...
      Il finit d'avaler sa deuxième tartine, tranquillement, avant de se redresser et de tourner la tête vers Mihaïl, qui semblait beaucoup plus perplexe et beaucoup moins serein que lui.

      " Bah quoi ? T'es contre l'épilation ? Si ça se trouve, tu te trouveras encore plus beau après... En tous cas, toi, il faut avouer que malgré la froideur de ta peau, tu es très... attirant. Quel beau torse... On en voit rarement des comme ça. Oh, je n'insinue pas que j'en vois tous les jours, hein ! "

      Edwin Vanelsin... Ou comment se complimenter soi-même par le biais de quelqu'un d'autre.

      Hé mais, en parlant de torse, justement... Ce n'était pas possible que le russe se souvienne de Zion, pas vrai ? Ni de tout ce qu'il avait vécu et qu'il n'avait jamais raconté ? Non parce que s'il se mettait à le voir se pavaner, habillé en femme, ou encore à se voir attribuer des caresses intimes provocantes par une humaine rencontrée par hasard au détour d'un couloir... Ou pire encore : se faire ratatiner et humilier en beauté par une dame toute de noir vêtue, qui avait bien failli lui rompre la colonne vertébrale en lui explosant le dos contre un arbre. Non, surtout pas ça, pitié...
      Mihaïl semblait visiblement avoir pensé à la même chose, et tous deux se sentaient beaucoup moins rassurés, tout d'un coup. C'était malin, à présent il n'arrivait plus rien à avaler, la crainte qu'il avait que Mihaïl n'apprenne des choses trop personnelles sur lui. Parce qu'il n'y avait vraiment pas de quoi être fier de toutes les situations ridicules qu'il pouvait vivre au quotidien, ni de sa rencontre avec Zion et du "prétexte" qu'il avait trouvé pour l'emmener jusqu'à son appartement.

      Il hocha la tête pour montrer qu'il avait compris et qu'il n'avait pas l'intention de fouiller volontairement dans ses souvenirs. Si ces derniers venaient à se présenter à lui, il ferait comme le jeune homme le lui avait conseillé : faire abstraction, en espérant que Mihaïl en ferait de même, même s'il était persuadé que les visions que lui offriraient la mémoire de Mihaïl, il n'était pas prêt de les oublier de sitôt.
      Alors qu'il comptait s'attaquer de nouveau à un morceau de pain, le corps de Mihaïl (ou plutôt son propre corps qu'il pouvait à présent contempler en toute liberté) se mit à trembler et glissa jusqu'au sol pour s'y échouer sans cesser ses convulsions. Pétrifié, Edwin se recula sans oser agir, terrifié de se voir lui-même agité de spasmes effrayants. Un nouveau souvenir déboula dans sa tête, et lui offrit ainsi la possibilité de voir à travers d'autres yeux l'une des scènes qu'il avait autrefois partagé avec Mihaïl. Sa première crise, celle qu'il avait eu le premier jour juste après avoir bondi sur le piano. Et tout comme le jeune homme, il se sentait incapable de pouvoir faire quelque chose pour l'aider à se sortir de là. Mais il ne pouvait pas le laisser comme cela, il fallait bien qu'il l'aide pourtant !

      Il se lança à genoux auprès de son corps violemment secoué pour le saisir par les épaules, sans savoir comment agir. Que faisait-il, d'habitude, quand ça lui arrivait ? Il tentait de se cacher pour n'inquiéter personne, et il attendait que ça passe. Oui, mais c'était tellement effrayant de le voir ainsi ! Et puis il devait tellement souffrir, Edwin était trop bien placé pour savoir que ce genre de crises était tout sauf ce qu'il y avait de plus agréable.

      " Mil' ! Mil', qu'est-ce que t'as essayé de faire, bon sang ? "

      Mort d'inquiétude, il serra ses épaules, ignorant ses doigts qui le lançaient toujours horriblement pour tenter de contrôler ses tremblements, ou du moins de lui montrer qu'il était là et de tenter de le rassurer, de lui promettre silencieusement que ça ne durerait pas...
      Et en effet, peu à peu, les tremblements cessèrent et le corps mort redevint immobile.
      Il semblait déjà requinqué, et visiblement mourait d'envie d'essayer autre chose, autrement dit tout ce qu'il ne pouvait pas se permettre de faire en étant humain. Mais quel profiteur ! Ne se rendait-il donc pas compte de la peur qu'il venait de lui faire ? S'il avait été dans son vrai corps, il l'aurait sûrement serré dans ses bras pour sentir son coeur battre contre sa poitrine glaciale et morte. Mais la carapace de peau de Mihaïl ne semblait pas de cet avis et l'empêchait de se pencher sur lui.

      " Tu ne devrais pas t'amuser avec ça... Qui sait comment tu pourrais réagir ? Je te planterais bien un couteau dans le coeur, ou te pousserais par la fenêtre, mais ça te fera mal quand même, je suis plutôt douillet comme vampire. Mon corps n'est pas un jouet dont on peut expérimenter les diverses fonctions ! "

      Particulier de s'engueuler lui-même avec une voix plus douce que la sienne. Mais il avait peur que Mihaïl ne se fasse mal... C'était plus fort que lui, son côté trop protecteur ne l'avait visiblement pas abandonné, lui.

      C'était donc ça que voyait Zion, alors... Pas désagréable comme vue. Bah quoi ? Si on ne peut plus se faire de compliment... Avait-il la peau si douce que cela ? Si ça ne tenait qu'à lui, il laisserait volontiers ses doigts courir sur ce torse et sur ce ventre tout blanc, mais le corps de Mihaïl faisait un nouveau blocage et refusait tout contact physique. Roh, l'était pénible celui-là ! Eh bien tant pis, il allait devoir faire un effort. Ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait contempler son corps avec un regard extérieur !
      Avec sa main encore valide, il fit glisser l'une des mèches de cheveux de Mihaïl, toujours étendu au sol, entre ses doigts, pour la dérouler entièrement et en étudier la longueur. Waou, tout de même... Il passa sa main dans toute sa chevelure, en plaça une mèche devant "son" visage pour pouvoir observer l'effet que ça faisait. Ténébreux à souhait... C'était génial ! Il avait tellement de choses à vérifier qu'il ne savait plus où donner de la tête.
      Il écarta sa main dans l'intention de la poser sur son torse, cette fois, rien que quelques secondes, pour voir quel effet ça faisait de caresser sa peau. Peut-être que le nouveau Edwin qui se tenait en face de lui sauterait au plafond, mais tant pis, il fallait qu'il vérifie...
      Ses doigts peinèrent à arriver à destination. Sa main tremblait, craignant ce contact qui semblait se faire inévitable, et pourtant elle ne cessait d'avancer, lentement, jusqu'à se poser plus ou moins franchement sur sa poitrine... et l'en retirer aussitôt comme s'il s'était brûlé.

      " Mais... ce que c'est froid, pardi ! C'est terrible... Je me fais peur moi-même, je crois. Pas étonnant que je n'aie pas beaucoup de prétendants ! "

      Dégoûté à jamais du contact physique... Il se redressa un peu, horrifié d'avoir pu connaître ce que Zion ressentait lorsqu'il se collait contre lui. Comment faisait-il donc pour supporter cela ? Il l'aimait peut-être plus que ce qu'il ne s'imaginait, alors, parce que pour pouvoir passer au dessus de ce froid glacial juste pour avoir droit à un câlin, il fallait tout de même disposer d'une sacrée volonté...
      Enfin bref, là n'était pas le propos.

      Cette fois, il ne put retenir un gémissement de douleur qu'il tâchait plus ou moins de contenir depuis toute à l'heure. S'en était trop, il n'en pouvait plus, il ne supportait plus cette souffrance qu'il endurait depuis son réveil. Que cela cesse...

      " Mil', j'ai trop mal aux doigts, fais quelque chose... Coupe-les moi, je ne sais pas, mais faut que t'agisses, j'en peux plus... J'arrive même pas à les bouger, et rien que d'y penser me fait encore plus mal ! "

      Il se releva tant bien que mal en marmonnant un juron russe (russe ?) et se laissa tomber dans le canapé, pris d'un brusque coup de chaud. On n'allait tout de même pas l'amputer, si ?
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    Atticus

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    MessageSujet: Re: 19 - Mamma Mia !   19 - Mamma Mia ! EmptyMer 22 Fév - 0:38
      Ouais... J'ai fait le con. Mais j'ai jamais le droit de m'amuser, moi ! Pour une fois que je me trouve dans un corps solide et plein de surprises, il faudrait que je me contienne ? Edwin a chaud et un coeur qui bat. Moi j'aimerais bien trouver un avantage à me retrouver dans un corps de vampire... Ca n'arrive pas tous les jours, je n'ai pas beaucoup de temps. J'aimerais retrouver le mien, bien sûr, et le plus tôt sera le mieux, mais je voudrais tout de même profiter de cette expérience... Etre immortel l'espace de quelques heures ou de quelques jours, ça me permettrait de savoir vraiment ce que les caïnites peuvent ressentir, ça m'aiderait à les comprendre parfois... Ca m'indiquerait également si ça pourrait me plaire. Pour le moment, ce n'est pas en option... Mais un jour, peut-être... On ne sait jamais ce qui peut arriver. Ce qui peut changer...

      Edwin approche sa main de moi. Il est certainement en train de goûter à ma plus grande phobie. Le contact physique est une chose que mon corps n'accorde qu'à très peu de personnes, même quand il s'agit d'amis, de proches. Ca passe ou ça casse. Personnellement, je ne sais plus trop que penser. J'ignore ce que je ressens. Le corps d'Edwin demande une attention permanente, il pourrait se jeter dans les bras du mien en un dizième de seconde. C'est sa drogue, il en a franchement besoin. Je n'ose même pas imaginer ce que je fais vivre à mon alter ego à longueur de journée... Si seulement j'avais su avant à quel point c'était dur de se retenir... Pour lui, j'aurais probablement mis de côté mes peurs.

      Mon cerveau a du mal à être d'accord avec ce corps. Je n'ai pu m'empêcher de retenir mon souffle quand il m'a touché, j'ai essayé de penser à autre chose... Avant de, finalement, beaucoup apprécier. c'est chaud, c'est bon... Envie d'un câlin. Non ! Hors de question. Ah, mais si, espèce d'esprit borné, un câlin s'impose ! Alors là non, je te préviens que tu vas m'entendre si tu te laisses aller... je peux pas... Je peux pas.

      Il faut que je me reprenne. Mon autre moi est là, comme toujours, plus je lutte contre lui, et plus il se développe et empiète sur mon territoire.
      Tu ne m'auras pas.
      Mais voyons, Mihaïl... je te possède déjà.

      Edwin se redresse, visiblement perturbé. Je m'assieds contre le canapé. Ma tête tourne un peu, mais ça va aller. Sa plainte me sort du brouillard et je m'apprête à lui répondre lorsqu'un nouveau flash me secoue subitement. Ce n'est pas la même chose que tout à l'heure. Un évènement important pour lui, qui l'a profondément marqué. Je ne vois pas tellement d'images, mais surtout des émotions. Une grande douleur, une tristesse profonde. Le désespoir. La colère. De la haine contre quelqu'un, et contre soi-même aussi. Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Des mots... des mots blessants, tranchants comme une lame de rasoir.

      "Et si je t'aimais aussi ? Tu n'en serais que plus ravagé par la douleur le jour où je mourrais dans mon lit, après des années de souffrance physique dûe à ce qui tue la plupart des humains... la vieillesse. Eh oui, mon p'tit Ed, tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais je vais bien finir par mourir, et ce peu de bonheur que nous pourrions vivre ensemble te paraîtra bien court. Tu ne dois pas t'attacher à moi, je n'en vaux pas la peine, je suis condamné à mourir dans les années qui viennent... et en plus de tout ça, je ne t'aime pas !"

      Oh God... ce sont mes mots à moi. Le corps d'Edwin a les larmes au bord des yeux. Mais comment ai-je pu dire de telles atrocités ?! Si seulement tu savais ce que je pense à présent, si seulement tu étais dans ma tête pour comprendre que tout ça a changé en trois mois... J'ai été exécrable ce jour-là. Tu m'as haï, et je me suis haï encore plus. Je ne comprenais plus très bien pourquoi j'ai tenté de me donner la mort quelques heures après ce discours ignoble... Maintenant je m'en souviens. Je ne suis qu'un salaud, et la vie n'est qu'un trop beau cadeau que je n'ai pas pu accepter ce jour-là.

      Je sèche discrètement mes yeux et l'émotion d'Edwin a du mal à disparaître... Parce qu'il n'y a pas que la sienne sur ce visage froid.
      Mais je ne veux pas l'inquiéter, il est tellement bon avec moi. Je me relève et me penche sur ses doigts pour les examiner. Qu'est-ce que c'est moche ! Je donnerais tout pour retrouver mon corps... Pour qu'il n'aie pas à souffrir à ma place. Ce n'est pas à lui de subir les conséquences de mes actes... Il supporte déjà ma présence, mon égoïsme et mes conneries. C'est largement suffisant.

      - Prépare-toi... On va chez le médecin.

      Oui, c'est un ordre, et tu n'as pas intérêt à protester. C'est pour ton bien... et, accessoirement, le mien quand je retrouverais mon corps. J'ai besoin rapidement de ces doigts en parfait état. Si je ne peux plus jouer... C'est que je peux arrêter de respirer. Je m'éloigne rapidement pour qu'il ne lise pas l'émotion sur mes traits... ou plutôt les siens. Il a un visage difficile à contrôler. Le mien est de marbre, ça me change énormément. J'arrive à tout dissimuler d'ordinaire. Alors la seule issue que je trouve maintenant, c'est de me cacher - très courageux, je sais.

      Je me rends dans ma chambre et fouille dans mes affaires pour trouver des vêtements un peu plus à ma taille. Tiens, ce pantalon noir qui ne me va plus... Je devrais pouvoir rentrer dedans, maintenant. Aah, parfait ! Il me plaisait beaucoup, celui-là... Il faut que j'en profite. J'enfile un pull fin, sombre également. Le noir cachera qu'il est légèrement trop grand pour Edwin. J'aurais pu lui emprunter des vêtements, après tout son corps est habitué à les porter... Mais je suis très exigeant sur mon style, je me sentirais mieux avec mes affaires.

      Je prends dans ma commode un pantalon en cuir et un polo rouge... Ca devrait lui aller... Suis-je bête ! J'ai déjà oublié qu'ils se retrouveront sur mon corps à moi. C'est fou, je n'arrive pas à faire rentrer ce détail dans ma tête. Je quitte la chambre et lui pose les fringues sur le canapé, en précisant qu'il sera plus à l'aise que dans sa chemise trop étroite.
      Puis je passe dans la salle de bain, réalise ma petite toilette quotidienne, prends quelques minutes pour me démêler les cheveux et retourne dans le salon. Hors de question que je me maquille sous prétexte que je ne suis pas dans le bon corps.

      De toute façon, si j'essaye, je vais m'en mettre partout... Bah oui, je n'ai pas de reflet. Ed a l'habitude, mais ça ne doit pas être évident.
      J'enfile le manteau de cuir d'Edwin qui est accroché auprès de la porte d'entrée. J'espère qu'on ne rencontrera aucune connaissance sur le chemin... Ce serait gênant de ne pas reconnaître nos amis respectifs. Enfin, on n'en a pas beaucoup, à vrai dire...
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    19 - Mamma Mia !
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