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     25 - The Wild Wild West.

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    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: 25 - The Wild Wild West.   25 - The Wild Wild West. EmptyJeu 5 Avr - 15:38
      Clémence Froidevaux

      Les instructions de Louis-Philippe avaient été très claires, l'humaine était totalement libre de ses faits et gestes le jour, alors qu'elle devait être rentrée dès la nuit tombée. Elle avait haussé les épaules tout en hochant la tête, se prêtant de mauvaise foi à cette mascarade.

      Voilà plusieurs jours déjà qu'elle avait été recueillie par ce type qui se prenait pour Louis XIV ou son frère, elle ne savait plus exactement de quoi il en retournait et pour l'heure, s'en fichait un peu. S'étant couchée tôt, prétextant un mal de tête, Clémence avait bien dormi cette nuit. *Il peut pas vivre comme tout le monde ? Non, évidemment, Mônsieur se prend pour un vampire et les vampires, c'est bien connu, "vivent" que la nuit. Purée, jamais on me croira quand je sortirai de cet asile ! Bon allez Cocotte, on bouge sa graisse et on va explorer les alentours.*

      Enfilant un jeans, un t-shirt, des baskets et accrochant un gilet à son avant-bras, elle quitta silencieusement les appartements de l'ex Roi de France. *Comme si j'y croyais, pffff *. Les couloirs étaient sombres, exempt de leurs torches habituelles et éternellement enflammées. Haussant les épaules, se fichant de la pénombre comme d'une guigne, la jeune femme avança prudemment, le silence du bâtiment pesant lourdement sur ses épaules. Accablée par l'imposant manoir, elle accéléra le pas et dévala un peu trop rapidement le majestueux escalier, menant à la grande porte.

      Avant de s'échapper au grand air, l'humaine fit un crochet par les cuisines, tout aussi désertées, grignota un quignon de pain, surmonté d'une importante montagne de marmelade (la plus fine d'Angleterre, s'il vous plait) fourra deux pommes dans ses poches et s'évada prestement pour rejoindre... un épais brouillard.

      *Misère, c'est bien ma chance ! En plus, il fait un temps de chien, j'vais me perdre et jamais trouver la sortie de ce bazar. Cocotte, te décourage pas, on va y arriver ! Ouais ouais et je te parie 100 € que ce soir, je vais me payer un nouveau tête à tête avec Ptit Louis.*

      Enfilant la jaquette, fourrant ses mains dans la poche ventrale du vêtement, elle s'enfonça dans la brume d'un pas décidé. Des jardins furent traversés, la beauté du site fut totalement ignorée, les statues et autres sculptures étant noyées dans des volutes humides et laiteuses. Suivi une vaste forêt, assombrissant un peu plus l’horizon, des filaments, comparables à des effilochures de nuages, traînaient paresseusement entres les grands arbres centenaires. Des gouttelettes s’accrochaient fermement aux feuilles, les déversant sur les cheveux de l’impudente qui osait faire vaciller cet univers délicat.

      Par miracle, elle ne dérangea aucun piège vicieux qui aurait pu refermer ses dents d’acier sur son corps, échappant ainsi à une fin peu glorieuse. Avançant sans peine, évitant avec décontraction ronces et racine glissantes, Clémence parvint à l’orée des bois, débouchant sur une petite pleine, obstruée par une immense montagne. Traversant le terre-plein parsemé de fougères et autres végétaux s’ouvrant à la bruine, elle atteignit une paroi tristement grise dont le sommet disparaissait dans un épais brouillard.

      *Me voilà bien avancée ! Et maintenant, tu fais quoi grande maline ? Tu vas te mettre à la varappe, c’est ça ? Oh tais-toi un peu ! T’as toujours le mot pour rire !* pensa-t-elle amèrement.

      Tournant en rond par petits pas, faisant une fois face à la roche abrupte, une fois à l’étendue vert foncé, l’humaine était incapable de se décider de la direction à prendre. Abaissant ses yeux sur ses chaussures infiltrées par l’humidité, elle découvrit deux sillons métalliques, rongé par la rouille. Intriguée et remotivée par sa trouvaille, elle reprit sa marche et suivit sur quelques centaines de mètres ce parcours devenu nettement moins scabreuse grâce aux pierres sur lesquelles reposaient les traverses soutenant les vieux rails.

      *Ben dis donc, ca fait combien de temps qu’aucun train est passé par là. En tout cas, ca va bien me mener quelque part. Allons-y Cocotte !*

      Aveuglée à nouveau par les caprices de la météo, elle ne distingua qu’au dernier instant un petit bâtiment fait entièrement d’un bois sombre, presque noir. Trois marches avaient été érigées pour atteindre un ponton, facilitant très certainement la montée en train. La bicoque ne comportait aucune inscription, seul un vieux banc offrait ses services aux voyageurs en mal de patience. Aucune porte, juste un cabanon bénéficiant de deux ouvertures en guise de fenêtre, permettant au vent de jouer sa tourmente. Aucun guichet, aucune pancarte, aucun horaire, rien.

      *Charmant le coin, pensa-t-elle ironiquement. Après le bal des vampires, nous voilà en plein cœur des mystères de l’ouest. Je vogue dans un monde abstrait, c’est quoi ce bled ? Un centre de loisirs pour les fans à sensations fortes ou quoi ? Le tout avec diverses époques ? Un rire sans joie, plutôt nerveux s’échappa de ses lèvres. Tu vas voir, d’ici trois minutes, va y avoir un cow-boy qui va débouler à toute allure, suivie du méchant apache qui veut son scalp. Et moi, je vais encore me retrouver au milieu et dieu sait quelles explications saugrenues, ils vont me servir. *

      S’asseyant sur un des bancs, elle farfouilla dans ses poches, sorti une des pommes et la croqua bruyamment à pleines dents.

      *Allez, vas-y cow-boy, je t’attends !*




    Mihaïl Egonov

      - Ah mais c'est trop gore !

      Ca, ça m'a échappé. Edwin émerge des profondeurs de l'angoisse pour me jeter un regard noir. J'ouvre jamais ma gueule, et voilà qu'à présent je cause pendant la scène la plus terrible du film, brisant l'ambiance glauque. Je me terre sous l'amas de coussins moelleux, glissant lentement contre le dossier du canapé tel la larve baveuse sur sa feuille morte, et plonge la main dans le saladier de pop corns... froids, bien évidemment. Ca fait deux heures que je les ai fait et jusque-là j'étais tant obnubilé par la télé que je n'ai pas pu en avaler un seul. C'est surtout histoire d'avoir quelque chose à quoi me raccrocher, je peux les mettre entre l'écran et moi quand j'ai peur...
      Dès qu'un nouveau monstre surgit, j'essaye d'en trouver deux identiques. C'est pas une mince affaire.
      Un large sourire se dessine sur mes lèvres un quart d'heure plus tard lors du générique de fin... Ca y est, j'en tiens deux pareil !

      Edwin se couche et je traine un peu dans le salon, sans réel but, observant le filet de lumière jaillissant sous les volets et se projetant sur la moquette. Le soleil se pointe et je n'ai pas sommeil, peut-être parce que je sais que je vais rêver de monstres.
      J'ai presque envie d'aller faire un tour, tiens... Il n'y a pas de vampires dehors à cette heure.
      J'enfile mon manteau et mes chaussures, enroule vaguement une écharpe autour de mon cou, et laisse un mot sur le piano pour Edwin.

      Je vais me promener.

      Oui, oui, vous avez bien lu, Mihaïl Egonov va se PROMENER. Tout seul, à pieds, et - la cerise sur le gateau.. - de son plein gré !
      Mais attention, pas sans ma musique... Sinon je n'avance pas.
      Je pivote sur mes talons, gagne ma chambre et attrape le lecteur mp3 déposé sur ma table de chevet. Je l'allume, place les écouteurs dans mes oreilles, et referme silencieusement la porte de l'appartement, pour ensuite me fondre dans le couloir sombre.


      Quelle magnifique musique... Je me sens comme envoûté, je suis léger, je me laisse porter. Au hasard de mes pas, ne songeant plus à rien, je me retrouve dans un décor boisé. Le temps et l'espace se déforment et je voyage dans un autre monde, n'appartenant qu'à moi seul... l'esprit bercé de sons harmonieux... Si j'étais certain de ne pas tomber, je fermerai volontiers les yeux tout en continuant de marcher.

      Une seconde d'hésitation et puis je clos mes paupières, portant une attention particulière à ce son si agréable, cette profondeur, ces voix qui envahissent mon corps et font trembler mon coeur. Une sensation de coup de foudre, peut-être bien... L'Harmonie, mon premier et unique amour. Au diable la peur, je ne veux plus d'équilibre... J'ai besoin de vertige.
      Je ne respire plus qu'en fonction de la rythmique. Tout mon être s'apaise, se détend, et se remplit d'une émotion bouleversante... renversante.
      Encore quelques secondes dans cet état et de mes yeux humides se déverseront des larmes.

      Mon corps n'est plus qu'un pantin, la musique en a pris possession. Mes pas tremblants, hésitants, incertains, s'allègent pour frôler Mère Nature d'une innocence déroutante. Mes mouvements deviennent si doux, si légers, si purs... Mes doigts s'attardent sur l'écorce des arbres et le bonheur qui me transporte esquisse un sourire radieux sur mon visage.
      Une larme sur ma joue se glace et rappelle à ma peau qu'une brise humide et froide la caresse.
      Je peux me passer de mes yeux, j'ai désormais un autre guide... Comme si Elle savait où placer mes pas.

      Depuis combien de temps est-ce que je marche en l'écoutant en boucle ? Je m'en fiche. Je ne sais pas où je suis, si je croise d'autres humains, et je n'en ai plus rien à faire. Il n'y a qu'Elle qui compte. Elle et moi dans un autre monde, à jamais, car je ne vis que pour Elle et que... iiiiiooooooooooooonnnn grzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz...
      Nooooooon ! Rhaaa, plus de piles ! Je fais quoi moi maintenant ?

      J'ouvre les yeux et le décor me choque. J'étais tellement loin de mon propre corps il y a quelques secondes, j'ai du mal à m'en remettre.
      En me remémorrant combien de fois j'ai écouté la musique, je me rends compte que j'ai dû marcher une bonne demie-heure.
      Je vais devoir rentrer en supportant le silence. Argh, j'ai horreur de ça ! Marcher sans musique, non mais c'est n'importe quoi ! Autant m'arrêter là. Je crois que je vais m'asseoir dans l'herbe et attendre que quelqu'un daigne trimballer ma carcasse jusqu'au manoir. Voilà.

      Non mais quel débile... J'ai dû aller loin, sans m'en rendre compte. Où suis-je ?
      360 degrés sur moi-même et je constate que je suis au beau milieu d'un pré. On ne distingue même plus la forêt tant la brume est dense. Ah ça c'est malin... Bravo Mihaïl, t'es un champion. Tu survis depuis un an et demi dans un royaume de vampires - oh, "survivre" est un bien grand mot ! - et tu vas crever dans les bois parce que tu t'es perdu.
      Bon, ben on va tenter de rebrousser chemin... Sans musique grmblblbl...

      Je retire mes écouteurs et les fait glisser dans mon col, y plaçant également le lecteur froid qui me hérisse les poils. Allons, un pied devant l'autre, c'est pas difficile...
      Soudain le décor part à la renverse, je trébuche contre quelque chose dans l'herbe et manque de justesse de me péter toutes les dents contre une barre en fer bien rouillée. Mon genou a percuté quelque chose de dur et je me laisse tomber sur les fesses pour le ramener contre mon torse en gémissant. Aaaaah, bordel, ça fait mal !!
      Une ou deux minutes plus tard, je me relève en prenant soin de ne pas perdre l'équilibre à nouveau, et me rends compte que je me trouve sur l'une des traverses d'une très vieille voie ferrée. Tiens donc... Il y aurait eu un train par ici, jâdis ?
      Ca m'intrigue.

      Je la suis en boîtant légèrement. Elle me mènera forcément quelque part, que ce soit dans un sens où dans l'autre je rencontrerai bien quelqu'un ou quelque chose qui m'indiquera la direction à suivre pour rentrer.
      Au bout de quelques instants, oppressé par l'atmosphère lourde, la nappe de brouillard et le claquement de mes propres pas sur les traverses, j'aperçois enfin une vieille bâtisse glauque, qui n'est apparue à mes yeux qu'à moins de dix mètres entre elle et moi. Qu'est-ce que c'est que ce truc... Une gare ?

      Je baisse les yeux, referme ma mâchoire grande ouverte et efface mon expression de surprise en percevant un craquement. Une femme assise sur un banc mange une pomme. Le fantôme qui hante la gare de Vampire's Kingdom ? Ah ah. Non, elle a l'air parfaitement normale, et c'est peut-être ça que je trouve bizarre... Qu'est-ce qu'elle attend ? Le train, peut-être ?
      Je me rapproche doucement - sait-on jamais, je pourrais lui faire peur, je me méfie des réactions des gens d'ici - et lui adresse un léger sourire pour paraître un minimum sympathique. Je m'assieds à côté d'elle sur le banc et scrute le peu de détails qui se distinguent dans la brume. C'est bizarre, là je m'attends à voir surgir un train fantôme à l'autre bout de la voie, ou bien un vagonnet rouillé qui grince en portant les âmes perdues de travailleurs tragiquement décédés dans une quelconque mine...
      Où est-ce que je vais chercher ça, je me le demande.

      Je tourne le visage en sa direction et la détaille brièvement avant de diriger mes yeux vers mon genou qui saigne à travers mon jean. Un murmure se glisse entre mes lèvres.

      - Hem... Je pense qu'il aura un léger retard.





    Clémence Froidevaux

      Y’avait pas à dire, le fond de l’air était sacrément frais quand même. Enfonçant sa main libre dans la poche ventrale, espérant y trouver un peu de chaleur. Un long frisson couru le long de sa colonne vertébrale, sans pour autant pouvoir l’attribuer à la température ambiante.

      *Bon et si je bougeais de mon trou à rat ? C’est pas que je m’ennuie mais bon. De un, il fait pas chaud, de deux, c’est pas très gai ici, et de trois, je sais absolument pas où je suis et c’est pas avec une pomme que je vais tenir un siège.*

      Un coup d’œil à gauche, un autre à droite, rien à l’horizon hormis le mur gris de la montagne et les vapeurs opaques du brouillard. Aucun son ne lui parvenait, pas un oiseau ne s’aventurait à piailler dans le ciel invisible, la brise s’était immobilisée, ne venant en aucun cas agacer la ramure des grands sapins.

      Un second tremblement secoua la jeune femme de la tête au pied et cette fois-ci, elle détermina avec précision que cela n’avait rien à voir avec la météo. Quittant l’intérieur plus ou moins chaleureux de sa poche, sa main virevolta dans ses cheveux, cherchant à se donner une contenance ou pour se rassurer.

      *Mais arrête un peu, on dirait que t’as la frousse. Ben… franchement, là je me sens pas vraiment dans mon élément quoi. Et c’est quoi le problème ? Hein ? De quoi t’as peur ?* S’autorisant quelques instant de réflexion, Clémence cligna rapidement des paupières, faisant tourner ses méninges plus vite qu’à la normale. * Mouais, t’as ptêtre raison, n’empêche que cet endroit est lugubre.*

      Un bruit sourd suivit de quelques injures traversèrent l’atmosphère faisant sursauter l’humaine. *Ben voilà, tu vois, j’avais raison d’être inquiète !* Etirant le cou, elle tenta de percer l’épais brouillard sans toutefois parvenir à un résultat probant. Une respiration rauque, presque essoufflée lui parvint, glaçant son sang dans ses veines. Des pas lourds accompagnaient le son des inspirations, augmentant l’angoisse de la mortelle. Se ratatinant de plus en plus sur son siège, elle s’était arrêtée de mâchouiller le fruit et s’attaquait allègrement à ses lèvres de manière presque compulsive.

      Enfin le voile se déchire sur une silhouette boitillante, voûté, stoppant net la respiration de l’humaine. *Le croquemitaine !!!!!!! Mais non ! Calme ! C’est comme les vampires, ça n’existe pas, bécasse ! T’es sûr ? Oui ! Ok, alors je laisse venir. C’est ça et détend toi.*

      Levant les yeux au ciel à l’adresse de sa conscience, elle braqua son regard sur la forme grandissante, sombre, tout en appréhendant ce qu’elle allait découvrir. Un vieux croque-mort avec un haut de forme, un manteau long pour l’enfermer dans un cercueil ? Un homme corbeau au visage bariolé pour la traîner dans les abîmes du néant ? L’homme à la faux ?

      Tremblant comme une feuille, son imagination tournant à plein régime, elle se ratatina progressivement, au fur et à mesure que l’ombre s’approchait. Une inspiration profonde, puis plus rien. Elle retint son souffle et relâcha l’air avec un bruit de pneu crevé, pouvant enfin distinguer le visage de l’homme. Il arborait même un sourire qui se voulait très certainement rassurant. Sans un mot, il vint prendre place à ses côtés, provoquant une nouvelle crispation des mains de la jeune femme sur la pomme.

      *Si tu te détends pas bientôt, c’est plus un fruit que tu auras mais un jus…*

      La voix de l’inconnu résonna bizarrement dans ce cabanon offert à tous les courants d’air, mais avait l’avantage d’appartenir à un être humain. Incapable de retenir un sourire à l’entente des mots de l’arrivant, elle se retourna franchement vers lui.

      - Mouais… ils sont peut-être en grève, plaisanta-t-elle.

      Suivant instinctivement son regard, elle découvrit le jeans taché et grimaça.

      - On dirait que tu ne t’ai pas loupé, remarqua-t-elle sans pour autant lui venir en aide. Si j’étais toi, je vérifierais la plaie.

      Observant le visage livide de l’homme, Clémence eut un soudain élan de pitié et se leva pour s’agenouiller devant lui. Sans demander la permission, elle releva le bas de son pantalon, jusqu’à voir la blessure, lui arrachant une grimace, la réfutant derrière un air blasé.

      - Bah, tu devrais survivre, fit-elle de manière nonchalante et rabattant le pan de toile. Allez on bouge, je me caille. Et je pense pas qu’un train vienne nous hanter finalement. T’es partant pour une balade malgré ta blessure de guerre ?

      Se relevant, elle lui adressa un sourire malicieux et lui tendit la main, l’invitant à la saisir en signe d’encouragement.

      - Je m’appelle Clémence et je viens de l’asile de fou. Une sorte de grande maison remplie de personnes complètement siphonnées. Ca te dit quelque chose ?

      Déjà elle avait passé l’ouverture et se retrouvait dans cet univers brumeux. L’atmosphère, bien que fraîche, était pesante et l’humaine fut heureuse de ne pas être seule. Bien que…

      *Et s’il était aussi timbré que les habitants du manoir ? Ben là, t’es pas dans la mouise. Mais bon, qui ne risque rien, n’a rien. Tente le coup, si ça se trouve c’est un chic type qui gagne à être connu. Ok ok, je t’accorde le bénéfice du doute.*

      Se retournant sur son semblable après avoir examiné les voies de chemin de fer, elle haussa les épaules et lui offrit un sourire radieux puis mordit dans la pomme qui avait pris des couleurs brunâtre.

      - Tu viens du même côtché que moi, elle déglutit et repris une bouchée. Chi on voyait vers ou cha nous mène ? Allez, bouge tes feches, on va pas pacher la chournée ichi.

      D’un petit bond, elle sauta au centre des voies et attendit qu’il veuille bien se donner la peine de la rejoindre.

      - Tu viens !!???
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    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 25 - The Wild Wild West.   25 - The Wild Wild West. EmptyJeu 5 Avr - 15:43
      L'atmosphère se détend lorsqu'elle sourit. L'espace d'un instant j'ai cru qu'elle allait s'enfuir en courant à travers la brume... Faut dire que je la comprends, moi aussi j'aurais eu la frousse en voyant un boiteux vêtu de noir débarquer de nulle part.
      *Tilt*
      Wah... Mais je fais peur, alors !

      - En grève, ouais, ça ne m'étonnerait pas.

      La vieille rancoeur contre les chemins de fer de l'époque où j'étudiais à Moscou vient de remonter. Quand ils n'étaient pas en retard, ils étaient en grève, et c'est pas eux qui se trimballaient les affaires de tout un mois sur le dos en plus d'un violoncelle extrêmement lourd pour un ado rachitique.
      Soupir. Quels bons souvenirs, ces heures d'attentes dans le froid sur le quai...
      Je m'égare. La réflexion de l'inconnue m'extirpe de mes songes.

      - Oh ça ne doit pas être bien grave, c'est juste une égratign...

      Hein ?! Hep hep hep ! Zone interdite ! Propriété privée, ma p'tite dame !
      Les yeux ronds comme des billes, statufié sur le banc, je l'observe remonter mon pantalon, retenant un mouvement de recul. Hé ! Je fais quoi, là, moi ? Ben... rien, c'est mieux. Je la laisse faire sans rien dire, parce que si je la repousse elle me prendra pour un dingo et s'enfuira en me laissant tout seul ici, dans le brouillard... Et moi j'veux pas qu'elle s'en aille. Je ne la connais ni d'Eve ni d'Adam mais si un autre boiteux vêtu de noir débarque de nulle part, je serai bien content de ne pas être tout seul.

      - Une ballade ? Euh... Hem... Ben ouais !

      Dans le périmètre, y'a pas de carton dans lequel je pourrais me planquer...
      Tout d'abord hésitant, je finis par lui prendre la main. Elle a froid aux doigts, mais ce n'est pas une vampire, j'en suis sûr. Oh et puis zut, pourquoi est-ce que je serai intimidé par elle, hein ? Redresse-toi fièrement, Mimichou, t'es un homme, que diable ! Un vrai ! C'est pas une inconnue et un décor de film d'horreur qui vont t'impressionner, si ?
      Ben... si.

      Une inspiration, et puis je me relève en lui adressant un léger sourire se voulant rassurant et confiant - ben pour ce coup-là, c'est raté.

      - Oui, le royaume des sangsues, je connais, j'en viens aussi. Enchanté, moi c'est Mihaïl.

      Ouais, l'unique, le grand, le plus beau, le plus fort... Mouarf. Probablement le seul clampin du coin qui n'a pas envie de quitter VK. Si t'espère qu'on s'évade en suivant cette voie, faudra pas compter sur moi.
      Je plonge les mains dans mes poches et contemple le décor sinistre. Quelle ambiance... Et ce silence autour de nous ! J'ose à peine ouvrir la bouche pour le briser, il est tellement imposant...
      J'observe les ruines et la végétation tout autour de nous, du moins le peu qu'on puisse discerner. Une vieille musique de western vient me hanter et me plonge quelques centaines d'années en arrière, au temps des cowboys... ou plutôt dans un film, parce que j'imagine que ce que je connais du far west tient plus de l'imagination des scénaristes plutôt que de ce qu'était réellement cette époque.

      Une légère brise se lève et siffle dans la brume.
      Avachi sur la vieille barrière de bois vermoulu, mal rasé, cigarette entre les lèvres, un feutre usé enfoncé sur le crâne, je gratte du bout de l'ongle une crasse sur l'étoile scintillante accrochée à mon veston en cuir. J'attends Billy the Kid pour lui régler son compte, et je n'ai pas peur de personne. Clémence, dans une robe en dentelles blanches surmontée d'un corsage qui donne le vertige, relève son ombrelle au centre de la rue principale et bat des cils dans ma direction. Hey poupée, viens j't'emmène voir le soleil couchant... Profitons-en, demain je serai peut-être six pieds sous terre.
      Ou dans les bras d'une autre.

      Hm hem.
      Je réponds à sa suggestion par un hochement de tête positif et m'élance à ses côtés entre les voies.
      Seuls nos pas résonnent dans le silence et je suis la cadence des siens en me décalant rythmiquement, comme ça nous avons l'impression d'être nombreux - c'est dingue ce que je peux inventer pour me redonner du courage. Bon eh bien... J'ignore où nous allons... Mais allons-y. Que c'est rassurant d'avancer dans le brouillard sans savoir si nous rentrerons chez nous un jour...

      Tu sais, miss, je suis pas sociable, moi. Un sourire, c'est quasiment tout ce que je peux t'offrir, en dehors de la réponse la plus courte possible à tes questions. Je ne suis pas quelqu'un dont on peut apprécier la compagnie le long d'une voie ferrée miteuse, à moins d'apprécier le silence. Je ne m'exprime pas avec des mots, et c'est pour ça que peu de gens me comprennent...
      Je regarde mes pieds en marchant et je finis par me dire qu'il faudrait peut-être que je fasse un effort, c'est la moindre des choses quand on m'invite à une petite promenade.

      - Ca fait un an et demi que je suis arrivé ici... Et toi ? T'es pas tombée sur un tortionnaire, j'espère...

      Soudain je me rends compte qu'un bruit de fond vient de naître, quelque part, je ne saurais dire s'il vient d'en face, ou de derrière. Comme un grondement... et puis une sorte de cri, non un hennissement de cheval...
      Mais oui mais oui, j'ai bien vu un 'ros minet... hm... entendu un cheval, je ne suis pas fou. Ca ne peut pas être le vent, voyons...
      Ca se rapproche. Oh punaise, ça se rapproche. Je m'arrête un instant et me concentre. Je sens le sol vibrer sous mes pieds, ce sont des sabots qui percutent la terre, et de plus en plus vite. Je lève la tête devant moi et soudain un cheval sombre débarque à grande vitesse, droit dans notre direction. Mon sang ne fait qu'un tour et j'attrape vivement Clémence par ses vêtements pour la projeter en dehors des voies, l'entrainant dans le mouvement de mon propre corps. Nous nous écroulons dans l'herbe tandis que l'animal disparait dans la brume aussi vite qu'il est apparu.
      Les sabots grondant comme le tonnerre s'éloignent et le silence le plus total finit par reprendre possession des lieux. Quelques secondes s'écoulent et mon rythme cardiaque s'apaise. Je jette un regard à Clémence, en espérant ne pas trop l'avoir secouée, et me relève tout en lui proposant ma main pour l'aider.

      - Tu vas bien ? Rien de cassé ?

      Ce décor, ces sensations bizarres, ce cheval qui déboule de nulle part... C'est étrange, je me sens comme dans un rêve. Tout est flou, j'ai comme l'impression que nous sommes deux fantômes qui errent dans un autre monde... Où sommes-nous, au juste ? Rhaa, ce monde de fous ! Y'a rien de normal, ici.
      Nous reprennons la marche. J'ai du mal à dissimuler mon inquiétude, j'ai presque envie de faire demi-tour. Plus nous avançons et plus le vent murmure des choses étranges, incompréhensibles, comme des voix d'enfants, des rires, une ambiance de fête de village... Ca vient de ma caboche, tout ça ? Je n'ose pas le demander à Clémence, elle va me prendre pour un fou. Peut-être que c'est ce que je suis, au fond... Oui, j'entends des voix... Ou alors ce n'est que ma musique qui me manque, allez savoir...





    Clémence Froidevaux

      Cheminant entre les rails, sautant parfois d’une traverse à l’autre, Clémence se sentait rassurée de la présence du jeune homme. Lui jetant un regard en biais, elle observa la carrure de son « protecteur » * Bon ok, c’est pas Rocky, mais il fera quand même l’affaire.*

      Les langues se déliaient, quelques commentaires furent éludés, faisant stopper net la jeune femme qui lui adressa une œillade effarée. L’agrippant par la manche, l’empêchant de poursuivre sa progression, la mortelle ouvrit la bouche, la referma, respira un grand coup et refit un essai de transformer ses pensées en paroles.

      - Att… attends. Tu viens de dire quoi là ? Sangsarghhhhhh, s’étouffant avec la dernière bouchée, une quinte de toux bloqua le reste de sa phrase. Délaissant les vêtements de son acolyte, elle brassa inutilement l’air devant elle, se tapant fortement la poitrine. Sueeee ??? Respirant par le nez, chassant les larmes flottantes sous ses paupières, elle happa une bonne goulée d’air frais et déglutit. Quelques hoquets persistèrent, sa voix était éraillée mais elle parvint à vider le fond de sa pensée. Me dis pas que tu crois à cette histoire de dingue !?

      Pensant à un canular, elle asséna une tape amicale dans le dos de Mihaïl et reprit sa route. *Oh Coco, t’as failli m’avoir avec tes airs, mais tu sais, j’y crois pas moi aux histoires loufoques. Y’a forcément une explication valable et plausible.* Un nouveau regard sous cape fut lancé, encore plus discrètement que le premier afin de juger de la lucidité de son compagnon. *Il semble pas barge, bien qu’il est bien pâle. Bah avec le temps qu’il fait dans ce foutu pays, on va pas prendre un coup de soleil non plus. Tiens j’irais bien passer quelques jours dans le sud de la France. Ouais après toute cette histoire, je me paye un week-end au soleil. Ca va le faire.*

      Revenant à la triste réalité, abordant néanmoins un joyeux sourire destiné à ses futurs projets, Clémence se sentit nettement plus légère et avait hâte d’annoncer à Ptit Louis qu’elle en avait assez de cette morosité et qu’il était temps de changer d’ambiance. Ce fut sur un timbre presque mélodieux qu’elle se mit en tête de dérider son partenaire de randonnée.

      - Enchantée Mihaïl, c’est très joli comme prénom ça, c’est slave ? Non Russe plutôt ? Tu viens de l’Est ? Et comment tu as atterri ici. T’es venu de ton plein gré ? Parce que tu sais, moi, je me suis retrouvée ici, du jour au lendemain, je ne savais même pas ce qui m’était arrivée. J’ai rien compris. Quand je me suis réveillée, j’étais dans une cellule ! Si si je t’assure, je ne te raconte pas de crac ! Elle prit une profonde inspiration et poursuivit, ressentant le besoin d’enfin pouvoir se livrer à une personne qui était, semble-t-il, comme elle. Et puis un beau jour, y’a un gaillard qui est venu et m’a emmenée dans ses quartiers. Sympa le gars, vraiment, j’ai rien à redire. Sauf qu’il est complètement atteint. Tu sais pas la meilleure ?

      Un temps mort fut imposé, la jeune femme appréciant le côté théâtral qu’elle ajoutait à son récit. Ne lui laissant pas le temps de répondre, l’humaine lui offrit son plus beau sourire, l’accompagna d’un clin d’œil malicieux et poursuivit sa narration d’une voix de plus en plus enjouée.

      - Il me dit que c’est un vampire et, attention accroche toi bien, qu’il est Louis XIV ou son frère jumeau, le masque de fer ! Franchement, c’est beau l’imagination, tu ne trouves pas ?

      Fière de l’effet que produiraient ses dires, elle se tourna vers le russe ( ? ), son index se posa sur sa propre tempe et fit de petits ronds, démontrant parfaitement par ce geste l’incertitude de l’état mental de son « maître ». Mais elle n’eut pas le loisir de profiter de la réaction de son compère. Un roulement profond, faisant vibrer le sol sous leurs pieds, figea les traits enjoués de la jeune adulte. *Je sens que je veux pas savoir ce que c’est, je veux même pas imaginer.*

      L’ombre noire fut identifiée comme la croupe d’un immense cheval, happé par la brume. Le visage de Clémence avait blêmi, le sang s’était retiré de ses joues, ses lèvres avaient pris le reflet de la roche grise.

      - C’était quoi ça ? Balbutia-t-elle péniblement tout en attrapant la main tendue vers elle et se remit debout. Merci.

      Un silence lourd s’abattit sur les épaules des deux humains qui n’osaient briser la stupéfaction qui émanait de leur ébahissement. Une bruine pénétrante avait commencé à tomber, envahissant la chevelure sombre de Mihaïl, produisant de minuscules perles scintillantes. Fascinée par cet insignifiant détail, elle ne parvenait à détacher son regard des gouttelettes accrochées dans la tignasse, cherchant à établir un lien tangible entre l’illusion du canasson qui entre nous avait l’air diablement réelle et la pluie qu’elle sentait sur sa propre peau.

      La bouche sèche, elle passa machinalement une main sur ses coudes et sur ses fesses, éliminant sans grand succès, la terre humide agglutinée. Sans le vouloir, Clémence se rapprochait de plus en plus de son compagnon de route. Pas qu’elle cherchait à lier des contacts intimes, une autre raison bien plus forte la poussait maintenir une distance des plus faibles qui puisse être répertorié dans le manuel de la bienséance. La peur est un excellent vecteur.

      - Tout va très très bien et toi ? Croassa-t-elle. Avance… avant que le bulldozer vivant nous retombe dessus.

      S’installant à ses côtés, elle le poussa légèrement dans le dos, l’incitant à aller de l’avant et agrafa sa main au manteau de Mihaïl au niveau du coude, marchant à un pas en retrait. Les voies ferroviaires marquèrent un virage prononcé qu’ils suivirent avec toujours plus d’appréhension. Une large bouche béante, noire les accueillis. Un tunnel, creusé à même la roche, invitait les promeneurs à visiter son antre en leur offrant une musique entraînante de country. *Il va pas entrer là-dedans quand même ? Ah… Eh ben si… il entre dans la folie des lieux. Si je survis à ca, va falloir que j’écrive un bouquin, là c’est juste impossible. *

      L’air dans le boyau était encore plus froid, forçant la jeune femme à grappiller un peu de chaleur de son compagnon. Plus ils s’enfonçaient dans les méandres de la montagne, plus la musique devait puissante. Un trou latéral attira l’attention des visiteurs, une clarté appelait les naufragés. *Un piège, je suis sûr ! Mais franchement qui pourrait résister à cette chaleur ?*

      Prenant les devant, elle attrapa la main de son semblable et fonça dans le tunnel reflétant un bonheur presque trop alléchant. Ils débouchèrent sur une prairie aux couleurs criardes, un soleil flottant largement au-dessus d’eux, les oiseaux chantaient gaiement dans le ciel immensément bleu, un chemin sinuant entre les hautes herbes, vrombissant d’insectes, se détachait de ce décors synonyme de havre de paix.

      - Waaaaaaaaaaaaah, c’est trop beau ! Regarde là-bas, elle désigna une petite bourgade, entièrement faite en bois, y’a la fête au village, viens on va se joindre à eux, grouille !

      Dévalant la pente à toute vitesse, elle arriva en même temps qu’une diligence s’écartait du hameau.

      - Hey Mihaïl, si on peut choisir, je fais une mercenaire ! Et toi ? Tu fais le shérif ou les méchants bandits ?
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    Atticus

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    MessageSujet: Re: 25 - The Wild Wild West.   25 - The Wild Wild West. EmptyJeu 5 Avr - 15:46
      Alors tu ne crois pas à ce que nous vivons ici ? Les vampires, tout ça, tu prends ça comme une blague ?
      Tu ne dois pas être ici depuis longtemps...

      Nous reprennons la marche et je la sens aussi mal à l'aise que moi. Elle s'accroche à ma veste et ça me rassure qu'elle soit là. Cette ambiance, ce brouillard et ce froid me figent, je me sens légèrement... tremblant. On va dire que ce n'est que la température.
      Toutes les cinq minutes, mon esprit tente de persuader mon corps de faire demi-tour, mais rien à faire, c'est un sacré têtu, ce coco-là. Il veut en savoir plus. Okay, mais si ta curiosité t'attire des ennuis, compte pas sur moi pour t'aider, hein !
      Hum.

      - Une histoire de dingue, tu dis... Ca c'est certain. Mais par la force des choses, et depuis le temps que j'y suis confronté, j'ai accepté d'y croire.

      C'est loin d'avoir été facile à gober. Mais quand un vampire égorge votre frère et vous séquestre en se nourrissant uniquement de vous, y'a pas le choix. Faut l'accepter, c'est tout.
      De temps à autre je prends du recul et je me demande encore comment tout ça est possible, et j'ai toujours cette impression de vivre un cauchemar.. J'ai le sentiment de dormir depuis des lustres et que ce monde n'existe que dans ma tête. Au fond je ne suis qu'un bon vieux carthésien, et parfois même les preuves les plus évidentes me semblent complètement incohérentes et sans aucun sens.
      Si je n'y crois pas vraiment moi-même, comment me permettre de tenter de t'ouvrir les yeux...
      Quand on pense que c'est un canular, j'imagine qu'on le vit bien mieux. C'est une sorte de barrière, on s'enferme dans un cocon, on est en sécurité... Si on a l'occasion de mieux faire connaissance, je te donnerai mon point de vue, mais là tout de suite, j'ai pas envie de te contrarier pour que tu me plantes en plein milieu du brouillard.
      Me lâche pas, hein... Me lâche pas, surtout. Reste là, bien près de moi. Ca n'a rien d'un souhait indécent, c'est juste que c'est si rare de trouver de la compagnie qui ne tente pas de vous tuer...

      - Un roi de France ? Eh ben ! Rien que ça... Mouais, les vampires pourquoi pas, mais là faut pas pousser, hein... Louis XIV à VK. Moua ha ha ha.

      Ouais nan faut pas abuser quand même. On ne me fera pas gober ça.
      Mon rire s'arrête brusquement. Il était bien nerveux, celui-là...
      Un peu inquiet, je tente de penser à autre chose qu'à ce désert dans lequel nous évoluons, et repousse la chevelure que la pluie colle à ma peau.
      Un virage et nous voilà face à une espèce de tunnel sombre... Le genre d'endroit où je ne mettrais jamais les pieds, bien évidemment ! Voyons voyons. Qui serait assez barje pour entrer là-dedans, sans savoir ce qui s'y trouve ? Et pourtant... Allez savoir pourquoi, nous nous mettons à avancer là-dedans. Plus on marche et plus la lumière que porte le brouillard s'estompe, nous plongeant dans l'obscurité. Oh misère, mais qu'est-ce qu'on est en train de faire ! On va encore tomber sur un monstre, j'en suis sûr !
      Et cette musique, elle est toujours là, de plus en plus présente. La main rassurante de Clémence se glisse dans la mienne. Je lui adresse un regard peu assuré, qu'elle ne peut probablement pas voir dans la pénombre. Un frisson me secoue tout entier. Diable ce qu'il fait froid ici...

      La lumière au bout du tunnel. J'ai déjà vu ça quelque part...
      Et bien sûr, on s'y dirige. Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne chose à faire... Mais après tout, ce sera toujours mieux que de rester dans l'obscurité.
      J'y vais à reculons, mais Clémence me tire derrière elle. Non non, j'veux pas y aller !
      Finalement je ne regrette rien en découvrant la beauté des lieux. Une douce et agréable brise nous réchauffe le visage, et mille petits bruits parviennent à nos oreilles. Ce nouvel univers n'a rien à voir avec l'ancien, il fait beaucoup trop beau ici... pour que ce soit vrai.
      Le village m'apparait comme les portes du paradis et je souris lorsque je m'aperçois que la musique vient de là-bas. Ah, c'est bien mieux que du mp3 ! Le pied ! Bien entendu qu'on y va. Je la suis et dévale la colline dans les hautes herbes, le sourire aux lèvres, parmis les papillons et le pollen qui virevoltent, des senteurs estivales de fleurs et de foin éveillant mes sens. Quel décor magnifque ! Je suis aux anges.

      On se croirait vraiment dans un western !

      La diligence s'éloigne et disparait à l'autre bout du chemin en terre. Tandis que je repositionne mon regard sur le hameau et m'apprête à répondre à la question de Clémence, de nouveaux grondements font trembler le sol et un groupe de gugusses crados, armés et bruyants, déboule à cheval dans les hautes herbes, surgissant derrière nous. Il nous passe sous le nez à une vitesse folle, agitant nos cheveux comme un TGV près d'un passage à niveau. Ces individus fort peu bien éduqués crachent des grossiertés à tout bout de champ et nous encerclent en ricanant. Ils sont au nombre de trois, n'ont plus beaucoup de dents, et empestent certainement plus que leurs chevaux.

      - Hé les gars, regardez qui voilà, deux étrangers !

      L'un d'eux observe Clémence de manière tout à fait déplacée et se rapproche. Je m'en méfie subitement, et tel le preux chevalier défenseur de ces dames, je me place entre elle et lui, et la serre dans mes bras pour la protéger de ces porcs. Mon regard se peint de noir et je sors les crocs. Ose la toucher et je te mords, mon gaillard !
      Mais mon attitude ne semble lui faire ni chaud ni froid, il se met à rigoler, et inévitablement ses deux compères suivent.

      - Très touchant ! jette un autre. Eh les mecs, et si on se marrait un peu ?

      Le troisième commence à me tirer les cheveux. N'écoutant que ma rage, je lui choppe le bras et le tire vers moi brusquement. Il tombe de son cheval et s'écrase lourdement à nos pieds. On touche pas à ma tignasse, c'est clair ?!?
      Quand je tourne à nouveau le visage vers les deux autres, serrant sans vraiment m'en rendre compte les doigts de Clémence dans les miens, le canon d'une arme est pointé sur nous. Son propriétaire nous fixe et ne tremble pas, il va nous tirer dessus, ce con !

      - Non ! S'il vous plaît...

      Range ta susceptibilité, je voulais pas qu'on m'emmerde, c'est tout !
      Son regard descend le long de mon visage pour me regarder tout entier, et son expression change. Comme déçu, il abaisse son pistolet et le range en soupirant. Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

      - Un nouveau shérif en ville... Il ne fera pas long feu, comme les précédents !

      Celui que j'ai fait tomber, qui vient de marmonner ce semblant de menace, me dévisage avec mépris tout en remontant sur son cheval, comme si de rien n'était, oubliant en apparence que je viens de l'humilier.
      Où c'est que t'as vu un shérif ici, eh patate ?!
      Tandis qu'ils s'éloignent au trot, gagnant la rue principale du hameau, je libère la main de Clémence. Je me mordille nerveusement la lèvre, et baisse doucement la tête en direction du reste de mon corps. Quelque chose qui brille sur mon torse attire mon regard. Ouais, c'est bien ce que je pense... Epinglée dans mon cuir, elle reflète le soleil, et on ne voit qu'elle. Dorée, cinq branches, et plus que symbolique. Je délaisse un instant sa contemplation pour écarter les pans de ma veste et remarquer qu'un ceinturon nanti de deux holsters s'est rattaché à mon look. Ils contiennent deux vieux pistolets à la crosse nacrée et sculptée.
      Oh... pu... naise... Mais le shérif, c'est moi !
      Bravo, quel sens de la déduction extraordinaire.

      Et Billy The Kid, il est où ?!

      - Pour répondre à ta question... Je crois que je n'ai pas eu le choix, le rôle des bandits a déjà été distribué.

      Et quand je relève le regard vers Clémence, je repousse de l'index le large feutre usé enfoncé sur mon crâne, et une expression de surprise fige mes lèvres en cul de poule. Je ne suis pas le seul à avoir légèrement changé d'apparence...

      Au loin dans le hameau la musique est toujours aussi présente et cette ambiance de fête ne me laisse pas indifférent. Un léger sourire se dessine sur mon visage. J'ignore où on est, ce qu'est cet endroit bizarre... J'ignore pourquoi je me sens si rassuré en la présence de Clémence et de mes deux nouveaux copains sous le manteau... Mais au fond, on s'en balance !
      Allez viens, mademoiselle, nous détenons les rôles principaux d'un nouveau genre de western, alors vivons pleinement cette nouvelle expérience... avant de nous réveiller dans nos lits si communs, nos chambres moroses et notre existence peinte de peurs, d' horreurs et de déceptions.
      Nous sommes dans un rêve, nous ne craignons rien ! Le far west est dangereux d'après tous ces films, mais nous, nous sommes invincibles, nous sommes les seuls maîtres de ce monde ! Pas vrai ?
      Je suis sûr et certain que cet endroit n'a rien de réel. Espérons que j'ai raison et qu'on ne s'attire pas de réelles emmerdes ici... Car elles me collent à la peau, toujours !

      J'aurai voulu être un bandit, moi... Vivre d'attaques de banque et de haricots grillés, dormir à la belle étoile sur les plaines arides, enfin comme dans les westerns, quoi ! Bon, j'avoue que la douche me manquerait beaucoup... C'est un détail non négligeable pour ma si délicate personne.
      Ouais non, ça c'est mon rêve, mais je ne suis pas fait pour ça. Je sais plus ou moins me servir d'une arme en théorie, mais mon ombre a certainement le temps de tirer dix fois plus vite que moi, et je n'oserai jamais l'utiliser contre quelqu'un pour le dépouiller, et pis les haricots je ne les digère pas, et pis sur la plaine la nuit il fait froid, y'a des bêbêtes, et pis je dormirai mal. La stabilité d'un sherif, c'est mieux ! Il a un logement, il est bien payé, on le respecte... Finalement ça me va comme rôle.

      Je hausse les épaules pour conclure cette conversation avec moi-même et adresse un sourire à Clémence avant de lui tendre galamment mon bras arqué, l'invitant à me suivre dans le village.

      Trrrrremble et prends garde, Wild Wild West ! Clémence & Mihaïl arrivent.





    Clémence Froidevaux

      *Franchement moi ça me plait ici ! Le soleil, la chaleur, cette ambiance de petite maison de la prairie, ouais, vraiment le top, quoi ! Ca change du brouillard et de la pluie affreuse qui cherche à te transpercer de part en part.*

      Malgré la bonne humeur retrouvée, ainsi que son sourire, l'humaine se retourna afin de localiser "la porte" qui donnait sur ce monde. Etrangement, il n'y avait pas de montagne, pas de tunnel, pas de rail, rien, qu'une immense plaine qui s'étalait à perte de vue. *Et la colline qu'on vient de dévaler, elle est où ?* Etrange... Peu encline à de longues tergiversations, se fichant pour l'heure du retour, elle affronta avec un nouveau courage, venu d'on ne sait où, son futur proche.

      Une tornade ! Ah non, ce n'était que trois cavaliers à l'odeur nauséabonde qui déboulèrent pour venir jouer les crâneurs autour d'une pauvre demoiselle. Mais c'était sans compter sur son gardien, beau, fort et intelligent ! *J'ai l'impression d'être Aragorn, Legolas ou Gimli dans les deux tours, quand les hommes d'Eomer les encerclent... Tais-toi, Clémence ! T'es pas dans le bon film, là !*

      Tant les regards que les paroles devaient être effrayantes, bon ok, la jeune femme ne brillait pas par sa témérité, préférant une position modeste, se plaçant derrière Mihaïl. Un frisson vint même courir le long de son échine, les insinuations des gringos étaient si évidentes qu'un goût désagréable vint flotter au fond de sa gorge. *Ouais ben qu'ils descendent de leur canassons et on verra bien s'ils ont toujours la langue aussi bien pendue.*

      Quelle était donc cette arrogance et cette détermination qui enflammaient son cerveau ? C'est à peine si elle écoutait la fin du discours, seuls les mots "nouveau Shérif" éveillèrent son esprit perturbé, suivit d'un regain d'intérêt, suscité par la voix attrayante de Mihaïl. *Stoooooooooop Cocotte ! N'oublie pas qui tu es, où tu es et surtout ce que tu es ! Ce gars tu le connais ni d'Eve ni d'Adam et ca fait même pas une heure que tu l'as rencontré ! Oh tais-toi un peu ! J'ai bien le droit de m'amuser, c'est pas pour ça que je vais lui sauter dessus! Tout de suite à penser le mal ! Je suis pas une marie-couche-toi-là !*

      Ravie d'avoir eu le dessus avec sa conscience, elle dévisagea son compagnon d'un œil nouveau. Hochant la tête, Clémence effectua un pas en arrière afin d’avoir une vue d’ensemble de l’homme qui se tenait devant elle. Les yeux ronds, doucement un sourire vint remplacer sa stupéfaction.

      - Dis donc, mazette de mazette ! Tu en jettes mon gars ! Waaaaa franchement ça le fait !

      *Et moi j’ai l’air de quoi ?* Obéissant à sa pensée, elle abaissa la tête et se vit affublée d’une paire de botte, ornée de magnifiques éperons, un pantalon en toile épaisse et revêche lui grattait les jambes, ses hanches étaient cernées d’une ceinture agrémentée d’un colt et d’une vingtaine balles. Une chemise grossière, rêche, d’une teinte incertaine, nageant dans le beige sale, se cachait sous un long manteau, autour de son cou s’enroulait un foulard rouille et là, sur le sommet de son crâne, un vieux feutre trônait ses cheveux blonds, natté. *Troooooooop la classe !*

      Avec un entrain démesuré, Clémence se saisi du bras offert et emboîta le pas au shérif. *Ne sautille pas comme une donzelle qui monte les marches au festival de Cannes ! T’es un chasseur de tête ! Un peu de dignité, que diable.*

      Ils ne tardèrent pas à pénétrer à proprement dit dans la ville. La rue centrale était flanquée de baraques et divers bâtiments, tous faits en bois. *C’est incroyable, le barbier, l’épicerie, les pompes funèbres, le maréchal ferrant, l’hôtel et le fameux saloon ! Tout y est ! *

      L’avenue était totalement déserte, quelques chevaux étaient attachés et patientaient sur leurs cavaliers sous un soleil ardent. Des rires, des cris et une musique entraînante s’évadaient du saloon. Attirés par les airs sympathiques, l’humaine imposa une pression sur l’avant-bras de son compagnon.

      - Dis… Elle jeta un regard au décor fabuleux, bien meilleur que ceux qu’elle avait pu visiter lors d’un séjour dans les studios Universal. Je parie que tu vas pas pouvoir me répondre, mais je vais quand même tenter le coup. C’est quoi ce délire ? On est où ? On vogue dans quelle dimension là ? Et pis tu vois le cheval là-bas ? Ben c’est le mien !

      Mais pourquoi diable avait-elle dit cela ? Et pourtant, elle savait que ses paroles étaient véridiques. Une bête magnifique aux teintes chaudes, flirtant avec le roux, tourna sa tête massive vers sa maîtresse, emplissant son cœur d’un élan d’affection.

      - Tu sais shérif, t’as de la chance que je t’aime bien et surtout que tu payes grassement mes missions, sinon y’aurait belles lurettes que j’aurai filé vers l’ouest ! Paraît qu’il y a des filons d’or, d’l’argent facile à s’faire.

      Tout en parlant, elle se mit à mâchouiller machinalement un truc qui avait apparu dans sa bouche. Sans aucune honte, elle renifla fortement, fit passer le tout dans sa bouche et cracha le fruit de ses découvertes dans la terre battue. D’un geste que très peu féminin, elle essuya son nez à l’aide de sa manche et réajusta son couvre-chef.

      - Bon, l’shérif, on s’bouge ? J’ai pas envie d’louper la fête et c’est pas pour dire mais il cogne dur, je crève de soif !

      Abandonnant le bras de son semblable, elle fourra une main dans la ceinture et se dirigea vers le saloon d’une démarche assurée, monta les trois marches qui gémirent sous son poids. Un coup d’œil négligent fut jeté à l’intérieur de l’établissement vide, les festivités se tenaient derrière le bâtiment. Poursuivant son avancée tranquillement, faisant grincer le métal des éperons contre les planches du perron, la jeune femme contourna l’immeuble et s’enfonça dans une minuscule ruelle pour déboucher sur un terre-plein bondé de personne.

      Un sourire alluma ses traits et c’est joyeusement qu’elle se noya dans la foule, saluant quelques individus au hasard. Contre toute attente, ces derniers lui rendirent respectueusement ces civilités, allant même jusqu’à diverger sur quelques sujets sans importance mais dont elle connaissait parfaitement la teneur.

      Une multitude de danseurs tournoyaient sur une estrade aux sons enjoués des violons, banjos et accordéons, leurs talons frappant la scène en cadence. La joie et la bonne humeur se lisaient sur tous les visages. Dénigrant pour l’heure la place des réjouissances, Clémence rejoignit son compagnon, l’attrapa par le revers de son manteau et l’entraîna proche de la cantine.

      - Hey shérif, ta longue chevauchée ne t’a-t-elle pas ouvert l’appétit ? J’ai une faim de loup ! Je serais capable d’avaler un bœuf entier ! Allez viens on va se faire un gueuleton.

      Avant même qu’elle ait terminé sa phrase, deux choppes de bière étaient apparues dans les mains calleuses de l’aventurière. Une fut tendue à Mihaïl afin de trinquer. Du maïs grillés au feu de bois vint chatouiller l’odorat des intrus et agacer leur estomac. L’ancienne esclave débusqua deux places vacantes à une longue table bordée de banc et se fraya un passage pour s’échouer sur les sièges.

      Assi face à face, Clémence étudia les traits de son compère alors qu’une gamelle fut déposée devant elle, contenant cuisse de poulet, maïs et haricot, dégageant un fumet merveilleux. Bien que la musique soit forte, les conversations étaient parfaitement audibles.

      - C’est pas génial ce qui nous arrive ? Allez profitons en, j’ai aucune idée du temps que ça va durer, ce qui se passe et là, présentement je m’en fiche éperdument, je veux savourer tout ça à fond !

      Attrapant le pilon, l’humaine mordit à pleines dents dans la chair. Ses traits se figèrent, sa mastication s’arrêta net et ses yeux s’ouvrirent en grand sous l’horreur. Recrachant la nourriture dans son assiette, elle se précipita sur la pinte afin d’éradiquer le goût qui flottait dans sa bouche. Une grande rasade fut prise, mais le même effet se produisit, tournant le dos à son semblable, elle lâche le contenu dans l’herbe et se redressa.

      - C’est immonde ! J’ai l’impression de manger des cendres ! La bière est rance et éventée !

      La musique s’était tue et tous les regards convergeaient vers eux…
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    MessageSujet: Re: 25 - The Wild Wild West.   25 - The Wild Wild West. EmptyJeu 5 Avr - 15:50
      Tandis que nous avançons dans le village, nos chaussures se recouvrant peu à peu de la terre sèche secouée par nos pas, je lève le regard sur ce qui nous entoure... et j'ai le sentiment étrange de me trouver dans une BD de Lucky Luke. Si, si, j'vous jure ! Y'a pas foule... Hormis un mexicain qui dort contre une façade, un chinois avec une corbeille de linge, un type louche qui traine et taille des petits bouts de bois (je me suis toujours demandé à quoi ça servait de faire ça.. Enfin bon, chacun s'amuse comme il peut, hein ! On fait avec ce qu'on a..), et un gosse qui court avec du courrier... pour moi, tiens. Chouette, j'ai des amiiiis ! Je me demande bien qui ça peut être.
      Je le remercie en clignant de l'oeil - je sais pas trop pourquoi, un nouveau tic, certainement - et m'empare du petit paquet de lettres ficelé. Tout en marchant, je jette un rapide coup d'oeil au contenu : télégrammes administratifs, avis de recherche, ma p'tite maman, etc... Ouais ben si c'est de la paperasse, le boulot de shérif, moi je rends l'étoile, hein ! Et puis ma maman... Elle m'écrit du fond de sa tombe, c'est ça ? N'importe quoi. Bref on s'en fout ! C'est la fête au village, je lirai ça plus tard. Je fourre le paquet dans ma veste qui a subitement pris un coup de vieux, comme si je l'avais laissée s'user dans le désert pendant dix ans. Hééé, mon cuir ! C'est quoi ce délire ? C'est sympa d'abîmer mes affaires, merci les studios !

      Je relève le visage vers Clémence qui comme moi s'émerveille devant le décor digne d'un vrai western, et puis je fixe son cheval, hébété.

      - Euh... Ben... J'en sais pas plus que toi ! Mais j'aurais tendance à croire qu'on est en train de dormir et qu'on rêve.

      Et vu qu'on ne peut pas rêver tous les deux ensemble - un rêve ça reste perso, tout de même - ça veut dire que c'est moi qui dors et que toi, tu n'es que le fruit de mon imagination (mais ça je ne vais pas de le dire, je crois que ça te vexerait... En tout cas, moi ça me vexerait si on m'apprennait que je ne suis rien, nada, zéro). Ca ne peut être que mon rêve à moi, sinon je ne penserais pas, vu que je ne peux pas être dans ton rêve à toi, et d'ailleurs si c'était le tien je ne saurais même pas que tu rêves, vu que je ne suis pas dans ta tête et que je rêve probablement de mon côté. Ou bien peut-être que je ne pense qu'en tant qu'élément de ton rêve, et qu'en fait tu penses à ma place, et je n'existe pas mais dans ce cas-là je suis une entité pensante à l'intérieur de ton rêve, et non un humain à part entière mais c'est déjà pas mal, et puis peut-être qu'au fond je me pose trop de questions et que ça devient trop compliqué pour le petit Mimichou, tout ça.

      Erf... Le soleil cogne dur.

      - Donc si c'est un rêve, on peut faire ce qu'on veut !

      Chouette ! Et puis moi aussi je veux un cheval. Celui qui attend sagement, là juste à côté du sien. Il a des sursauts nerveux, il serait le fruit d'une relation incestueuse que ça ne m'étonnerait pas, mais qu'est-ce que je l'aime ! Il est tout noir et bien propre, je le bichonne, c'est ma p'tite monture d'amouuur, et jamais une femme ne prendra plus de place dans mon coeur que lui. Ah ça non ! C'est mon compagnon pour la vie, il s'appelle Bob... et c'est mon mien, pas touche !
      Je lui adresse un sourire et bloque un instant sur lui, avant d'être tiré de mes rêves de chevauchée au crépuscule par le ton légèrement changé de Clémence... Eh ben ! On va vite adopté l'attitude du pays, à ce que je vois.
      J'ai moi-même le sentiment d'être différent...

      - T'as raison, miss, allons-y ! J'ai le gosier plus sec qu'un coeur de banquier, j'suis sûr que j'pourrais m'enfiler tout un tonneau d'bière !

      Nondidju ! En zappant ce satané accent russe, c'était parfait. Là sur le coup, j'avais pas vu un "Certes ma chère, excellente initiative, abreuvons-nous gaiement"... (Auteur, dégage de cette scène !)

      Je la suis derrière le saloon.
      La fête et la bonne humeur règnent. Je serre quelques mains, salue de loin avec un hochement de chapeau et un clin d'oeil (mais zut alors, j'ai une poussière dans cet oeil, ou bien ?).
      Je suis étranger à ce village et pourtant je m'y sens comme chez moi, comme si j'avais cotoyé cet univers toute ma vie, et je parle sans bafouiller. C'est que je me sentirais presque sociable, dites donc...
      En croisant certaines personnes, j'apprends que Clémence et moi sommes arrivés ici il y a quelques jours. J'ai pris mes fonctions hier, et j'ai déjà fait mes preuves en jartant du saloon trois types bourrés et agressifs qui faisaient du grabuge.
      Hein, quoi ?! Moi, j'ai mis une raclée à trois mecs en même temps ?
      J'ignore avec quel héros ils me confondent...

      Depuis que nous sommes entrés dans ce village, étrangement je me tiens plus droit, la tête haute, et mon pas est tellement sûr ! Je n'ai même pas le réflexe de raser les murs et de me fondre dans l'ombre, j'avance aux côtés de Clémence, toute simplicité, parmi les villageois.
      Je suis un autre homme. Oui, je crois que c'est ça. Un justicier confiant a évincé le guignol malchanceux de mon pauvre corps. Prenez garde, mécréants ! C'est moi qui fais la loi ici, maintenant.

      Brusquement, Clémence m'entraine vers les buffets. A peine le temps de dire "Miam" et je me retrouve avec une chope de bière en main et les jambes sous une table.
      Pfiou je crame sous mon cuir, il fait au moins quarante degrés à l'ombre, ici. Je balance mon manteau sur la main courante d'une ballustrade et découvre le reste de mon costume avec surprise. Mon jean est devenu cuir, et on a remplacé mon sweat par une large chemise flottante surmontée d'un veston ouvert. Sympa le style. Mais euh... J'y tiens, à ce sweat, il est bien taillé, dites je pourrais le récupérer après la scène ?
      Ah bah tiens, mon lecteur mp3 est toujours là, lui, planqué sous les fringues. Je me demande où est-ce que je pourrais acheter des piles dans ce bled...

      Je relève la tête et observe ce qui nous entoure. Tout le monde rit, piccole et danse. J'adore cet endroit...

      - Ouais... C'est fabuleux !

      Soudain Clémence m'informe élégamment que la nourriture n'est pas vraiment à son goût. Je jette un oeil vers ma chope puis la pose doucement sur la table, l'appétit coupé. Tous les regards convergent dans notre direction, il y a comme un froid, là...
      Quelques échanges de regard ponctués d'un léger sourire détendu suffisent à rassurer les villageois, et tournent les violons, la fête reprend comme si elle ne s'était jamais arrêtée. C'est bizarre, on dirait que ma présence a quelque chose d'important ici...
      Je me déconnecte un instant de ce monde pour examiner l'ambiance dans son intégralité. Quelque chose cloche...
      Baissant la tête en direction de cette étoile qui brille sous le soleil, je l'observe, perplexe. Quand on la voit, on la respecte... Jamais autant de personnes à la fois ne m'avaient regardé avec respect...
      Je me sens bien, vraiment bien, et j'ai même plus peur de la foule, c'est dire ! Ce rêve est merveilleux... Un large sourire se dessine sur mes lèvres.

      D'un regard j'incite Clémence à me suivre, je contourne la table et l'invite au milieu des danseurs endiablés. Et si tu ne sais pas danser c'est pas grave, moi non plus, on s'en fout !
      Je la fais valser sur les planches, tournoyer une fois au-dessous de ma main relevée, et la récupère dans mes bras, l'attirant contre moi. Je lui adresse un sourire ravageur. Relevant nonchalamment de mon autre main le large chapeau qui ne cesse de tomber sur mes yeux, je lui dévoile mon regard à nouveau.
      Un peu entreprenant, le shérif, mais on s'en fout, c'est qu'un rêve ! N'est-ce pas ? Si je pouvais ne plus être moi pendant quelques heures... j'ignore si j'aurais envie de me réveiller.

      - Si tu te carapates pour trouver la fortune, embarque-moi dans ton sac, il est hors de question que je laisse filer la mercenaire la plus sexy de l'ouest.

      Waw... Mihaïl Egonov fait du charme ! Notez la date quelque part, débouchez le champagne, faites quelque chose !

      Je me sens trop bien, ici, j'ai plus envie de rentrer !
      Clémence, promets-moi qu'on restera ici pour toujours ! Dans ce rêve, je suis un homme libre... Libre d'oublier mon passer, vivre mon présent, me foutre de l'avenir ! Je ne veux plus jamais me réveiller...

      Je ne veux pas retrouver ce lit froid, je veux vivre ici et... Je ne te connais pas, mais... J'aimerai bien que tu restes. Je veux chevaucher les plaines au soleil couchant avec toi, je...
      Oh la la, je m'emballe.
      On se calme...





    Clémence Froidevaux

      * Ouh là là, je crois que j’ai fait une boulette. Tout le monde nous regarde, un silence terrible fait place aux rythmes endiablés de tout à l’heure. Mais zut à la fin, la nourriture est vraiment infecte et en ce qui concerne la bière, c’est juste l’horreur ! *

      Heureusement le shérif, homme respecté de tous au charisme impressionnant, su remettre les villageois à l’aise. D’un simple sourire, tout redevint normal. * Ah, il a la classe, Mon Mihaïl quand même !*

      La musique repris aussi soudainement qu’elle s’était interrompue, entraînant les couples dans de nouveaux pas de danses savants. A la plus grande surprise de la mercenaire, le jeune homme fit le tour de la table et vint la tirer sur la piste sans qu’elle puisse émettre la moindre récrimination. Mais aurait-elle protesté ? Peu probable.

      Qu’il était bon de se laisser aller à cette petite folie, d’oublier le quotidien, les courses à cheval effréné dans le désert ardent qui vous grillait la peau, la poussière qui s’infiltrait dans les yeux, rendant aveugle et mettant en péril les missions. Sans compter les attaques de ces satanés indiens, ils avaient d’ailleurs presque réussi à l’avoir ! * Oublions pour l’heure tous ses souvenirs noirs, demain serait un autre jour, on avisera à ce moment là ce que l’avenir me réservera.*

      Un nouveau sourire, bien plus emprunt à la coquinerie, vint se fendre sur son visage. Ses yeux s’illuminèrent d’un éclat particulier, faisant penser à deux étoiles. Les compliments étaient rares et toujours très agréables à entendre. Elle se rapprocha, lors d’une mélodie plus calme, de son partenaire et lui répondit à l’oreille :

      - Tu le sais très bien ! Je ne pourrais plus me passer de toi ! Et s’il le faut je t’attacherais à une corde et te traînerais dans la poussière. Tu n’as plus le droit de me quitter !

      * Mais qu’est-ce qui te prends, Cocotte ! Tu ne connais pas ce gars !
      Ben si que je le connais, pardi, et ce depuis toujours ! Tu ne te souviens pas comme on jouait devant la ferme de papa ?
      Heu…
      Mais si ! Mihaïl habitait juste à côté et on se retrouvait près de l’immense chêne, tu sais, celui dans lequel nous grimpions et où nous passions des heures et des heures à refaire le monde. Déjà à cette époque tu voulais être mercenaire, tu avais horreur des tenues que maman essayait de te passer le dimanche pour aller à l’église. Tes petits gants blancs finissaient toujours par faire enrager maman, soit tu les perdais, soit ils étaient tout crotté. Et sur les bancs de notre minuscule école, on était assis l’un à côté de l’autre, on a joué les quatre cents coups à ce vieux Monsieur Dwight. Un miracle qu’on sache lire et écrire un minimum. *

      Etrangement, les images affluaient au fil des ses pensées. Etait-ce un rêve ou l’avait-on droguée ? Etait-ce important ? Non, elle était si heureuse là dans le présent. Tout était parfait, même si le mystère de la nourriture restait irrésolu, elle voulait rester ici à tout jamais et ce, avec lui. Ils allaient s’installer dans une maison qu’ils auraient construite de leurs propres mains, au bord de la rivière, l’emplacement était déjà décidé depuis longtemps. Ils auraient des enfants et vieilliront ensemble dans ce havre de paix. Mais avant tout ça, ils iraient encore taquiner la gâchette afin de mettre un maximum de hors la loi derrière les barreaux. Que demander de plus ?

      Les visions d’une autre existence, presque irréelles, semblaient s’éloigner, se dissoudre dans des limbes appartenant à l’imaginaire.

      Se serrant contre son partenaire, leurs chapeaux se rencontrèrent, faisant chavirer celui de Clémence qui s’échoua dans son dos. Les lèvres de la jeune femme vinrent caresser le cou du shérif, lui vouant quelques baisers voler à la sauvette. La musique était apaisante et si encline à la douceur. Nichée au creux de l’épaule de l’homme, elle ferma les yeux et se laissa guider, s’abandonnant entièrement à lui.

      Lorsqu’elle releva la tête, la nuit était tombée, les gens étaient partis, les divers feux ayant servi aux barbecues mourraient dans des braises à peine rougeoyantes, les artistes étaient partis emportant avec eux leurs instruments de musique et pourtant la mélodie restait suspendue dans l’air, résonnant encore pour le seul plaisir du couple subsistant sur la piste.

      Accrochée au cou de son cavalier, les mains jointes sur sa nuque, Clémence se détacha lentement et leva les yeux sur le firmament infini, admirant la beauté du ciel étoilé. Tout semblait si pur et si réel, ca ne pouvait être que réel ! Avec un rire qui allait en crescendo, elle tournoya de plus en plus vite, emmenant Mihaïl dans sa course, jusqu’à ce que le vertige s’éprenne d’elle, son fou-rire s’égarant dans la nuit. Après avoir repris ses esprits, elle rejoignit le shérif, se blottissant entre ses bras.

      - Ils sont où ?

      Mais des éclats de voix informèrent le couple solitaire de la destination d’une partie de la population. Les bonnes familles étaient rentrées chez elles, couchant les enfants avant de pouvoir prétendre à un sommeil réparateur également. Les célibataires et les hommes les plus accrochés à la bouteille, prenaient un dernier verre au saloon. Des accords de piano s’échappaient de l’établissement, invitant les âmes esseulées à venir se repaître d’un peu de whiskey et d’une compagnie féminine.

      - Et si on allait faire un tour au saloon, j’ai envie de me rincer le gosier. En espérant que cette fois-ci cela sera buvable. Soudainement, une peur venue de nulle part s’éprit de la jeune femme. Et si on ne peut rien manger et rien boire, comment on va faire pour survivre ? Il faut qu’on en ait le cœur net ! J’avais l’intention de partir pour Codies-Town demain, mais c’est à trois jours de cheval. Joe le Frileux me doit encore 56 $. S’accaparant la main de son compagnon, elle l’entraina à travers la petite rue. Viens, on va voir ca tout de suite, mais cette fois-ci, c’est toi qui t’y colle.

      En quelques enjambées ils furent devant les portes battantes et pénétrèrent d’un pas lourd dans l’établissement. Les regards convergèrent à leur encontre, sans animosité mais plutôt avec beaucoup de respect. Se redressant, Clémence, aimait cette popularité qui l’entourait. Ils prirent place à une petite table ronde, côté à côté afin de pouvoir observer l’intégralité de la salle.

      Au bout de quelques minutes, le tenancier, un dénommé Jake, vint amener une bouteille au liquide ambré.

      - Mon meilleur tord boyau du Kentucky. Vous allez m’en dire des nouvelles !

      Deux verres furent placés devant les consommateurs et généreusement remplis, flirtant même avec le rebord. Clémence mal à l’aise, se tortillait sur sa chaise et décida que le moment était parfaitement choisi pour s’éclipser.

      - Jake, je dois d’abord passer aux latrines. Je ferai un meilleur honneur à ton breuvage avec la vessie vide.

      Sans même attendre de quelconques objections, elle se leva, quitta la salle principale et disparu par la porte arrière qui menait vers une cabine mal odorante. Soulagée, elle revint hâtivement, curieuse du verdict de son compagnon sur la boisson.

      Elle s’arrêta net sur le seuil. Sa main se dirigea lentement vers sa hanche, cherchant à atteindre son arme. Une fille de joie, très jolie qui plus est, très peu vêtue, des résilles galbant ses jambes parfaites, une guêpière accentuant sa taille, faisant déborder sa poitrine généreuse sous le nez de Mihaïl, des plumes aux coloris criards piquées dans un chignon lâche, avait posé son pied emprisonné dans une bottine sur la chaise du shérif, entre ses cuisses.

      Voyant rouge, Clémence s’avança menaçante et plaqua une main abrupte sur l’épaule de la courtisane.

      - Dégage, c’est propriété privée ici !
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    Atticus

    Atticus

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    MessageSujet: Re: 25 - The Wild Wild West.   25 - The Wild Wild West. EmptyJeu 5 Avr - 15:53
      Me trainer dans la poussière... Moua ha ha. Ca me rappelle un rituel mongol... et surtout Marty et sa chemise rose dans Retour vers le Futur III, quand Tannen le tire derrière son cheval... Hum. Le coup du rituel mongol ça fait cultivé, alors je vais vous le raconter. En des temps reculés, une tradition mongole voulait que, quand une femme avait envie de son mari et qu'il était absent, elle accroche un drapeau sur la yourte pour le prévenir. Et quand elle le voyait revenir de loin, elle enfourchait son cheval, et son époux la poursuivait. Quand il la rattrapait, il la faisait chuter de sa monture et la trainait dans la poussière avant de lui faire l'amour.

      Bref ! C'était la minute culture G. Je ne vais pas vous faire un cours sur les préliminaires mongols, je vais plutôt essayer de ne pas écraser les pieds de Clémence en dansant, je suis tellement doué...
      Elle se serre contre moi et je ne trouve pas ça désagréable. Je me sens si bien en sa compagnie. En d'autres circonstances, je n'aurais jamais pu l'inviter à danser, ni à m'adresser à elle de cette façon. Qu'est-ce qui m'arrive ? Ce n'est pas moi, ça...
      Mais au fond, le nouveau moi ne me déplait pas. Bien au contraire.

      Elle glisse son visage dans mon cou et c'est comme si je trouvais ça... logique. Ca nous semble tout à fait normal. Lorsque ses lèvres établissent le contact avec ma peau, d'étranges visions me viennent à l'esprit. Celles d'une petite fille et d'un petit garçon jouant au cowboy et à l'indien dans les champs, ou bien chippant des bonbons chez un odieux commerçant du village, sur fond sonore d'éclats de rire, de promesses d'amitié éternelle. Une amitié extraordinaire devenue bien plus que ça au fil du temps, mais les gamineries sont toujours présentes. Pour moi, nous sommes comme deux vieux copains inséparables et notre couple est le fruit d'une inexplicable évidence. C'est avec elle que je veux finir ma vie, c'est avec elle que je l'ai commencée. Ca ne s'explique pas.
      Aussi loin que je me souvienne, nous nous sommes toujours connus, nous avons grandi ensemble, traversé nombre d'épreuves et de villes ensemble, nous avons parcouru l'ouest à la recherche d'un petit coin de paradis... L'avons-nous trouvé ? Je crois, oui.

      Mais non ! On s'est rencontrés dans une gare désaffectée il y a moins d'une heure, on ne se connait pas, et on vit dans un royaume de vampires !
      Ah ouais ? C'est vraiment cette version-là que tu préfères ? Celle où tu es faible, déprimé, seul, et en proie à des sentiments compliqués ?
      Ben... non...
      Bon bah alors ! Cherche pas à comprendre et laisse le bonheur d'une autre vie te submerger.
      T'as raison... Ca ne me fera pas de mal.

      J'embrasse son front et d'un geste tendre glisse ma main dans ses cheveux.
      Une douce éternité plus tard, comme si le temps n'avait plus la même notion pour nous, nous émergeons d'une vague de bien-être. Il n'y a plus que nous deux, et cette ambiance de fête qui flotte toujours.

      Clémence me fait tournoyer et je ne peux m'empêcher de rire. Le souvenir de deux gamins qui ensemble troublaient les fêtes me revient à l'esprit. Après avoir dévalisé le buffet en jouant un hold-up avec des armes en bois, nous parcourions la piste de danse en hurlant pour effrayer les gens. Des sales gosses poursuivis par leurs parents. Encore aujourd'hui ma mère me suggère d'arrêter de trainer avec cette fille car elle a une mauvaise influence sur moi.

      Ce que j'aime ta mauvaise influence...

      J'acquièsce à sa proposition et récupère mon manteau sur la ballustrade. Nous nous dirigeons vers le saloon où l'ambiance est un peu plus adulte.

      - Ce vieux Joe ! Moi je lui ai prêté une carabine, ça fait deux mois qu'il doit me la rendre, si tu vas là-bas récupère-la pour moi... Si tu n'as pas pu manger, ce devait être un hasard, tu as dû mal tomber ! A vrai dire je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas se nourrir, ça n'aurait aucun sens.

      Les rêves n'ont aucun sens...

      Nous nous installons à une petite table dans le saloon et j'adresse quelques sourires, dont un signe de la main au pianiste, avec qui j'ai joué brièvement hier soir.
      Jake et Clémence s'éclipsent un instant, me laissant seul face à mon verre. By Jove... Juste l'odeur, ça me donne envie de vomir. J'ignore si c'est comme ça tout le temps ici, et qu'on finit par s'habituer, ou bien s'il y a quelque chose de bizarre dans cette histoire (mais voyons, cette histoire toute entière est bizarre..). Peut-être bien que Clémence et moi sommes trop habitués au confort et à la qualité de la nourriture de notre époque...

      J'hésite un instant, puis hausse les épaules et m'envoie une grande lampée d'alcool dans le gosier, ignorant le fait que ça pourrait me fusiller la gorge. Ah ça, j'aurais peut-être dû y penser avant ! Je me mets à tousser violemment, j'ai l'impression que mon corps est rongé par l'acide, ça déchire ce truc ! Et punaise, ce que c'est ignoble ! Ah non mais je veux bien que la bouffe et la boisson ne soient pas de bonne qualité, vu le niveau de vie dans le coin, mais là ! Argh. Non, ce n'est pas normal, c'est absolument imbuvable.
      Et tandis que je manque de m'étouffer, mes pommettes rougissant à vue d'oeil, une main se pose sur mon épaule. Je m'attends à voir Clémence et à lui apprendre que le tord-boyau de Jake est infect, mais lorsque je me retourne, c'est pour apercevoir une jeune femme à la tenue peu décente m'adresser un sourire aguicheur.

      - Alors shérif, on préfère le p'tit lait ? Viens voir Maman, elle va t'en donner.

      Elle lève la jambe et dépose son pied entre mes cuisses que j'écarte de justesse, reculant au fond de la chaise.

      - Sans façon Mademoiselle, je n'ai plus soif, mais c'est gentil de proposer.

      Et puis le lait j'aime pas ça. Peut-être un jus d'orange, à la rigueur, je ne serai pas contre ! Quelle sympathique demoiselle. Une rare spontanéité, et quel sens du service ! J'espère qu'on la paye bien.

      Ton innocence te perdra, Mil...

      La greluche ne se décourage pas pour autant et agite ses formes sous mon nez. Je souris d'avance en imaginant la réaction de Clémence. Ca sent la baston ! On touche pas à SON shérif.
      Et ça ne loupe pas. S'il n'y avait pas de lois contre le meurtre, elle l'aurait certainement butée d'entrée de jeu. La fille de joie sursaute à son arrivée et se retourne vers elle en se redressant, la fusillant du regard. Je me mets à rire doucement, amusé par la scène. Si je n'interviens pas, elles vont s'arracher la tête, et la courtisane perdra ses jolies plumes.
      Avant que la confrontation ne dégénère, je me lève, salue l'inconnue d'un hochement de tête et me rapproche de Clémence, l'invitant à me suivre tout en lui glissant à l'oreille que boire ce truc infâme est fortement déconseillé. Je balance une pièce sur le comptoir pour ce bon vieux Jake et nous quittons le saloon.


      Nous nous retrouvons dans la nuit, au coeur de la rue déserte et un hennissement me fait tourner la tête en direction de nos chevaux. Bob s'agite, impatient, il n'attend qu'une chose. Il me fait les yeux doux, et je ne résiste pas. Tu me prends par les sentiments, mon vieux. J'adresse un regard enjoué à Clémence. Tu penses à la même chose que moi ?
      Je l'entraine vers nos montures et caresse la crinière de Bob avant de prendre son large cou dans mes bras, posant affectueusement ma joue contre sa robe noire, un large sourire aux lèvres. Je le libère de mon étreinte, pose un pied dans l'étrier, et me projette gracieusement sur la selle, comme si j'avais fait ça toute ma vie.
      Bien sûr que j'ai fait ça toute ma vie ! Quand j'étais plus jeune, je faisais même du rodéo. Le cheval, ça m'connait !


      Quelques instants plus tard...
      Nous parcourons les plaines sèches à une vitesse folle, les cheveux dans le vent, apercevant de temps à autre dans la nuit noire le regard brillant de quelques coyotes. La nuit est fraîche aux abords du désert, mais je préfère ça à l'atmosphère brûlante du jour.
      Bob a une endurance impressionnante !

      - Yihaaaaaaaa !

      Vite, plus vite, et toujours plus loin !
      Nous nous rapprochons d'une zone rocheuse abordant un canyon et la cadence devient plus calme. Les lumières du village ont disparu depuis longtemps, seule la lueur de la lune et des étoiles nous montre le chemin. Espérons que les nuages ne se pointent pas, car devoir passer la nuit ici n'est pas sans risques, avec les bêtes sauvages et autres charognards qui trainent.

      Alors que nous nous promenons tranquillement côte à côte, je regarde Clémence avec tendresse. Soudain, un étrange petit bruit se glisse dans mon oreille et avant même que je n'aie le temps de le reconnaître, Bob se cabre brusquement, comme effrayé. Surpris, je tente désespérément de saisir la bride que j'ai lâchée pendant un instant, en vain. Je bascule de la selle et m'écrase brutalement dans les touffes d'herbe désséchée, soulevant du sol une couche de terre sèche qui ne manque pas de s'infiltrer dans ma gorge et de me faire tousser. Bob s'éloigne de quelques mètres, stressé.

      Mais qu'est-ce qu'il lui a pris, à ce satané... Oh oh.
      Redressant le visage, prenant appui sur les coudes, je me retrouve face à un serpent à sonnette qui me fixe, menaçant. Les yeux écarquillés, l'expression fixe, je ne bouge plus d'un pouce, tétanisé. Ah, il fait pas le fier, l'aventurier...

      C'est pas comme si je m'y attendais, mais presque ! Tout était trop beau, il fallait que j'aie la poisse à un moment où à un autre, c'en est presque logique.




    Clémence Froidevaux

      *Ha ! Ben la greluche, elle l'a échappé belle. Un peu plus et elle se retrouvait avec une balle entre les omoplates. Non mais elle se croit où la morue ! On touche pas à MON Mihaïl !*

      Retenue par son compagnon, elle n'eu le loisir de donner du poing, ce qui aurait remis la fille de joie à sa véritable place. Agacée par la crédulité de son compagnon et par cette frustration de ne pouvoir laisser libre cours à sa colère, la mercenaire réajusta sa chemise, plaça son chapeau droit sur sa tête, lui valant un air plus sévère et se laissa entraîner, non sans avoir assassiné la catin de son regard azure.

      Quelques paroles furent glissées à l’oreille de l’humaine qui fusilla son compagnon d’une nouvelle œillade rigoureuse, semblable à celle attribuée à la fille de joie. Agrippant l’épaule du shérif, elle le força à se pencher afin qu’il puisse être son seul auditoire.

      - C’est aussi immonde que le reste ? Dis donc, au lieu de te faire draguouiller par la grognasse là, tu aurais pu m’embrasser, histoire de montrer à tous qu’on était ensemble, même s’ils le savent. Ca te pose un problème ?

      Mais la réponse n’était pas importante, déjà ils quittaient le perron en bois pour se retrouver au milieu de la rue. Un ciel d’encre piqueté de millier d’étoile accueille les aventuriers. L’esclave d’autrefois, *hein, j’ai été esclave moi ? Non non ça c’est juste un mauvais rêve. Moi je suis la Grande Clémence, Mercenaire intrépide du Far West que tout les hors la loi craignent.* Rassurée sur son propre compte par ces pensées, elle se laisse aller à la contemplation de la voûte stellaire.

      L’air était doux et hormis le piaffement des chevaux, aucun bruit ne vint perturber la quiétude. Même si la rue était sombre, aucun sentiment de danger ne pouvait être ressenti. La vie s’écoulait ici différemment que de là où elle… de son rêve. Comme il aurait été plaisant de se coucher là, tout simplement pour se laisser emporter par la beauté du spectacle que lui offrait le ciel étoilé.

      La magnificence du ballet de la nuit fut rapidement interrompue par la vision nettement moins romantique que lui servait Mihaïl. *Ouais, le Bob là, lui il a le droit aux câlins, moi je pue de la gueule, c’est ça ? Sympa, mais tu ne l’emporteras pas au paradis mon gars, ca c’est moi qui te le garanti.*

      Délaissant son compagnon à son échange intime d’avec son étalon, elle fila vers sa propre monture qu’elle gratifia d’une caresse affectueuse au niveau de l’encolure. Rassemblant les rênes, elle prit assis sur la selle et, sans attendre, fila dans la nuit chaude du désert. L’écho des sabots du cheval de Mihaïl était proche et elle n’eu pas à se retourner pour savoir qu’il la suivait de près. Il n’était pas question de course, mais seulement d’une chevauchée hors du temps, se gavant des sensations les plus primaires qui puissent exister, s’enivrant de liberté et de bonheur à l’état brut.

      Le vent sifflait à ses oreilles, jouant et cherchant à désarçonner son chapeau, parvenant finalement à son but, le projetant sur le dos de la jeune femme. La galopade dura un siècle, une seconde dans l’éternité, rien n’était plus quantifiable lorsque l’esprit s’évadait dans cette immensité.

      Des formes, à peine visibles, suspectées uniquement par l’œil averti, signalaient aux intrus (ce qu’ils étaient), que leur venue n’était pas forcément perçue comme bienvenue. Des ombres, différentes de celles rencontrées jusqu’à présents, avertirent les cavaliers un changement de terrain. Les montures baissèrent la cadence, répondant instinctivement aux dangers potentiels. Trottant côte à côte, aucune parole ne fut échangée, le décor qui les entourait aurait assourdi les mots, les rendant futiles.

      *Rha là là, qu’est-ce que c’est beau ! J’ai quand même de la chance de vivre dans ce coin de terre. Quand je raconterai ça à Ptit Louis, il n’en croira pas ses oreilles. C’est qui Ptit Louis ? Heu… Je ne sais pas, je ne sais plus et je m’en fiche comme de l’an quarante, d’ailleurs.*

      Perdue dans ses réflexions intenses, elle failli être jetée à terre lorsque sa monture fit un écart abrupte.

      - Ben alors, qu’est ce qui t’arrive ?

      Le shérif avait déjà fait la culbute et se retrouva nez à nez avec un serpent à sonnette d’une taille conséquente.

      - Bouge pas, Mihaïl, murmura-t-elle, ne bouge surtout pas.

      Gardant un sang froid dont elle ne se croyait pas capable, sa main alla à la rencontre de son colt. D’un geste vif (elle ne savait même pas qu’elle était capable d’une telle rapidité), elle dégaina, ajusta son tir et appuya sans la moindre hésitation, faisant exploser la tête du reptile. Un air suffisant se peignit sur son visage alors qu’elle remettait son arme en place, elle toisa l’homme avec fierté.

      - Quoi ? Facile, il bougeait même pas, il était hypnotisé par ton charisme ! expliqua-t-elle avec bonne humeur. Et n’oublie pas, je suis mercenaire moi ! Lucky Luke c’était un amateur à côté de moi !

      Le ton était à la plaisanterie, bien qu’elle mesurait parfaitement qu’ils étaient passés extrêmement proche d’une catastrophe. Elle mit pied à terre, garda les rênes de son cheval dans sa paume et attrapa celles de Bob, l’empêchant de s’enfuir.

      - Reste là, mon Coco, où penses-tu aller comme ça ? Déviant son regard bleuté, elle le posa intensément sur le porteur de l’étoile. Ca va toi ? Pas trop secoué ?

      Un point d’eau se trouvait un peu plus loin, la région leur était parfaitement connue et elle retrouva sans mal, le rond de pierre destiné à accueillir un feu de camp.

      - Viens, on va s’installer ici pour la nuit, je vais préparer du café et quelques haricots, j’ai tout dans mes sacoches. Pendant ce temps, ramasse quelques brindilles pour faire démarrer le feu.

      Avec la plus grande aisance du monde, elle descella sa monture, retira le mors, laissant un licol, coinça les rênes dans le branchage sec d’un arbre et s’attela à la tâche de faire naître une flamme dans l’âtre improvisé. Une belle flambée troua la noirceur de la nuit, rendant les chevaux nerveux durant les premières secondes. Mais l’animal se fia à ses instincts et savait que cette lueur vacillante repoussait coyotes et autres prédateurs. Le campement fut rapidement installé avec deux couvertures étalées à même le sol, les selles faisant office d’oreiller. Une cafetière fut déposée dans les braises après avoir été remplie d’eau ainsi que des grains de café grossièrement moulus. Une poêle contenant des fèves fut posée dans un équilibre précaire sur deux pierres. Un délicieux fumet s’échappait de la cuisine sommaire de Clémence.

      Assise à l’orée du cercle, elle chatouillait à l’aide d’une longue branche les brandons, les attisant au gré de la cuisson souhaitée.

      - Allez viens là mon Mihaïl, dit-elle en tapottant la couverture à ses côtés. Je ne sais pas si on va pouvoir se nourrir correctement, mais là c’est moi qui ai tout préparé, je connais chaque ingrédient, je suis certaine que ca ira.

      Confiante, elle posa sa tête sur l’épaule de son compagnon, aspirant à un peu de calme, son regard se perdant dans les flammes capricieuses.
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    Atticus

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    MessageSujet: Re: 25 - The Wild Wild West.   25 - The Wild Wild West. EmptyJeu 5 Avr - 15:54
      - Okay, je ne bouge pas... murmure-je en essayant de faire remuer mes lèvres au minimum, pour ne pas inciter le reptile à me sauter dessus.

      J'ai pas de raisons de bouger, après tout. Je suis tellement bien, là, vautré par terre avec de la poussière dans les yeux. Un transat, un cocktail, de la crème solaire, et ce serait le pied.
      Le monstre qui me fait face est un crotalus horridus. Vous saviez que c'était le seul serpent à sonnette présent au Nord-Est des Etats-Unis ?
      Il peut mesurer jusqu'à deux mètres de long. Il est plutôt venimeux, et il chasse surtout les souris et les ois...
      Splatsh ! Clémence lui explose la tête devant mes yeux. Je me suis protégé de justesse avec mon avant-bras pour ne pas être aspergé de sang.

      - Facile ? Ouais, mais bien visé quand même ! m'exclame-je en relevant la tête en sa direction. Merci...

      Je me redresse tandis qu'elle rattrape ce poltron de Bob. Epoussettant mes vêtements et remettant mon chapeau en place, j'essaye de retrouver un peu de dignité.

      - Ca va, t'inquiètes pas. J'ai connu bien pire.

      C'est ça.

      Attrapant les rênes de mon cheval, j'emboîte le pas de la mercenaire jusqu'au rond de pierre où nous avons l'habitude camper - depuis quand ? Ah oui depuis toujours, c'est vrai.
      Ramasser des brindilles, c'est dans mes cordes ! Je déleste Bob de son attirail encombrant et m'aventure un peu plus loin pour trouver des brindilles dans l'obscurité, la main sur mon colt, prêt à le dégainer si je tombe sur une bête sauvage.
      Je ramasse du bois sec, par-ci par-là, puis rejoins Clémence sans encombres. Quelques instants plus tard, le fumet de notre dîner vient me chatouiller les narines.

      - Hum, ça sent drôlement bon ! Et j'ai une faim de coyote...

      Je m'installe à ses côtés, inclinant la tête pour la déposer contre la sienne. Je lui aurais bien joué un peu de musique mais j'ai oublié mon banjo en ville...
      Une fois le repas prêt, nous remplissons nos deux gamelles, nous réjouissant de pouvoir manger, malgré une certaine appréhension.

      Deux secondes après avoir mâché les fèves pour la première fois, je m'écarte vivement pour me précipiter quelques mètres plus loin, et rendre la nourriture qui me semblait pourtant si appétissante.
      Comme c'est romantique !
      Penché au-dessus de ce qui reste de mon dîner, je hausse un sourcil, blasé. Et bah punaise... On est mal barrés.

      - Hem... Je suis sûr que tu sais très bien cuisiner, mais je crois qu'on est condamnés à ne rien pouvoir manger ici... Ni boire.

      Je me redresse, un peu nauséeux, et me dirige le pas mal assuré vers ma monture, pour décrocher la gourde suspendue à la selle, et me rincer la bouche de ce goût infect. Revenant m'asseoir auprès de Clémence, dépité, je finis par murmurer :

      - C'était trop beau pour durer... Une nouvelle vie, paradisiaque... Combien de temps peut-on survivre sans se nourrir ? Est-ce qu'on pourra seulement rentrer chez nous un jour ?

      Pour ma part - et ça peut paraître étonnant - je serais prêt à rester ici le plus longtemps possible, pour profiter de ce beau rêve. Jusqu'à ce que la faim me ronge les entrailles. C'est une expérience unique, et je ne veux pas qu'elle s'arrête déjà...
      Un vent léger et froid se lève sur la contrée désertique, agitant notre feu de camp. Je passe mon bras autour des épaules de Clémence. La nuit sera probablement glaciale.
      Levant le nez vers le ciel, je contemple les milliers d'étoiles scintillantes qu'aucun éclairage urbain ne dissimule à nos regards d'humbles mortels.

      Et puis, brusquement, allez savoir pourquoi, je crache. En visant bien à au moins deux mètres de notre position. Enfonçant davantage mon chapeau sur mon crâne, je plisse les yeux, retrouvant une classe et un savoir-vivre digne d'un cow-boy. Je ne suis pas encore aussi crado que Terence Hill, mais je suis sûr que ça ne va pas tarder ! Bientôt, comme lui, on ne distinguera plus que mes yeux bleus dans ma figure.
      Je baille à m'en décrocher la mâchoire, mes paupières s'alourdissent. Je piquerais bien un somme. En espérant que les coyotes ne viennent pas nous bouffer pendant la nuit.

      Replaçant affectueusement une mèche de cheveux derrière l'oreille de Clémence, j'embrasse ma mercenaire du bout des lèvres.
      Et dire qu'il y a quelques heures à peine, j'ignorais que nous avions passé toute notre vie ensemble...

      Soudain le sol se met à trembler. Je détourne le visage et remarque une lueur illuminer le secteur l'espace de quelques secondes.
      Un coup de feu. Puis un second.
      Abandonnant ma compagne près du feu de camp, je me relève vivement, attrapant mon ceinturon de colts pour le fixer autour de ma taille en un geste révélant l'habitude. Descendant une pente raide de quelques mètres, prenant garde aux éboulements en me positionnant derrière les petits buissons bien enracinés dans la terre, je me rapproche de la sortie du canyon en contre-bas.

      Des cris. De multiples coups de sabots sur le sol aride. Alors que je me penche pour voir ce qui s'apprête à sortir, je sursaute en voyant débouler devant moi une diligence... poursuivie par des méchants !
      Hébété, la bouche grande ouverte comme si je regardais un film d'action plus vrai que nature, je demeure stupéfié durant quelques secondes. Et puis je remonte vite, très vite, pour rejoindre Clémence.

      - Vite ! Des bandits attaquent la diligence !

      J'ai toujours rêvé de dire ça.
      Non, c'est pas vrai. J'ai toujours rêvé de dire "Luke, je suis ton père" et de faire mumuse avec un sabre-laser.

      Laissant là le feu, les fèves et le café, nous sellons et enfourchons nos chevaux en hâte, pour nous élancer dans la nuit noire à la poursuite des malfaiteurs. Ecartant l'un des pans de mon manteau, je plonge la main en direction de mon six coups et le fais jaillir de son holster, tournoyer autour de mon index en un geste mythique, avant de le prendre en main comme si je savais m'en servir depuis le berceau.
      Les hors-la-loi n'ont qu'à bien se tenir !
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