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     28 - Sacrebleu !

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    AuteurMessage
    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: 28 - Sacrebleu !   28 - Sacrebleu ! EmptyMer 16 Mai - 23:24
    Stephany Johnson

      La journée fut douce. Délicieuses miettes de ce que l'astre éclatant du jour répandait sur monts et merveilles, écho lyrique des diamants qu'il jetait gaiement dans les rivières tumultueuses, le monde luit. Comme la chambre éclairée de velours d'un couple que la douceur envelopperait de son manteau gracieux, les vertes contrées se teignent des couleurs chaleureuses de l'aube. L'ambre et le rubis se mêlent dans la voûte céleste, caressent les murs irréels du Royaume pour enfin se perdre dans le lointain de l'horizon.
      Au milieu de l'harmonie du soir, entre chiens et loups, le chant d'une tendre Nymphe s'élève...

      - Vas te faire foutre Carl!

      Le bruit d'une porte ouverte à la volée perce le silence crépusculaire. Balai en main, fulminante, les traits déformés par la rage, la perle de douceur qu'est Stephany franchit le hall imposant et gravit les marches quatre à quatre, un vieil homme digne des majordomes d'époque sur ses talons. Elle fonce dans les couloirs, plus décidée qu'un taureau attaqué par une dizaine de T-shirts rouges, ouvre les portes les unes après les autres sans se soucier de celles que son supérieur pourrait éventuellement prendre en pleine figure.

      - Je travaille sans être rémunérée dans des conditions à faire bondir un inspecteur du travail spécialisé dans les entreprises Nike en Chine! renchérit elle sans vergogne. Je le fais avec le sourire depuis cinq ans et tu veux me sucrer mes vingt quatre heures de congé par mois? Pour une réception à la con?!

      Elle s'étrangle. Imperturbable, Carl la suit, la laisse aller au bout d'un raisonnement qui la mènera comme toujours à ce qu'il souhaite. Voilà le problème de Steph. Elle n'admettra jamais de n'avoir pas l'énergie nécessaire à une quelconque tâche. Quand bien même son job consiste à sourire à une bande d'anthropophages sur excités pour une... Réception à la con.

      - Il commence sérieusement à me courir ton Roi! C'est la troisième ce mois ci. Qui a dit que les vampires devaient fêter le Printemps hein? Les petites fleurs partout et moins de temps pour faire mumuse, ça les excite tant que ça? Non non non et non! Hors de question, tu trouveras quelqu'un d'autre!

      Elle s'arrête, plus essoufflée par son débit de parole avoisinant la kalachnikov que par sa marche. Elle ne sait même pas où elle se trouve. L'envie de hurler à qui veut bien l'entendre un nouveau "vas te faire foutre" la prend, elle se scie la langue pour calmer sa gracieuse éloquence. Ne pas interpréter hâtivement ce léger accès de très léger agacement, Stephany ne se permettrait jamais de se montrer irrespectueuse envers ses supérieurs les semi cadavres. En réalité, s'il ne faisait pas encore jour, jamais elle ne se serait permise de... Enfin, question de bon sens, inutile de pousser mémé dans les orties.
      Mémé mord.

      Un soupir, elle passe une main épuisée sur son visage, indifférente aux éminents tableaux qui trônent sur les murs épais, à la lumière sanglante qui perce à travers de somptueux vitraux, même au regard quelque peu courroucé de son chef de chantier. Une nuit, elle ne demande qu'une nuit, et elle va devoir en bousiller la moitié à sourire à des canines grandes comme son bras pour le plaisir de ces messieurs dames. Le tout après un levé aux aurores, une journée entière passée à courir à travers les couloirs pour organiser le grand nettoyage de printemps. Ce putain de printemps commence à la courir aussi tiens... Son regard se lève, furibond, vers la voûte de pierre. C'est la guerre que tu cherches toi là haut? Parce qu'on dirait pas comme ça, mais je sais me battre moi.

      - A quelle heure tu m'as dit que c'était?

      Carl affiche un sourire ostensible. Eh ben voilà, suffisait de demander. Trois heures du matin, la salle de Bal. Carrément? Eh ben ils ne font pas dans le soft. Les premières réceptions à la con avaient au moins le mérite d'être faites en petit comité. Tu es au courant qu'un meurtre, ça passe inaperçu quand il y a beaucoup de monde? Mon tailleur n'est même pas propre. Il faut en plus que je me brise les noix à le laver, le faire sécher, que je me batte contre la révolte capillaire que j'ai sur le crâne... Que j'enfile des talons aiguilles! Elle s'étouffe. Seigneur, qu'ai je fait?

      Allez va. Je t'offre ta soirée, tu peux aller dormir.
      C'est vrai je peux? Trop aimable vraiment. Je devrais dresser un autel à ta bonté plutôt que de pioncer comme une larve. Qui a besoin de dormir de nos jours de toute manière? Ce n'est pas comme si je n'étais qu'humaine après tout.
      Carl l'abandonne enfin à ses tourments. Il ne se donnerait pas la peine de lui dire exactement où elle se trouve, lui qui n'a pas traversé les couloirs comme une furie piquée par la mouche tsé-tsé? Noooooon, il la plante là, à peine s'il fait l'effort de la remercier pour ses bons et loyaux services. Pas de problème vieux, à la revoyure! Je vous jure que je ne tarderai pas à exiger une médaille du mérite, quitte à aller la demander à sa majesté en personne. Là, pour le coup, elle se marre. La scène pourrait être comique. "Mon bon Roi, auriez vous la bonté de m'octroyer une petite médaille? Même en chocolat hein, je ne suis pas difficile. Quoi? Une nuit à se faire violer, torturer, pomper le sang plutôt que le chocolat? Oh, comme vous y allez tout de suite. Je suis flattée vraiment, il ne fallait pas."
      Arrête le delirium Steph.
      Elle fait demi tour, déambule seulabre tel le cumulus au milieu des chambres pour retrouver son chemin.

      Cher Journal.
      Ce soir, j'ai décidé de me la jouer belle héroïne américaine. Tu sais, celles qui passent leur temps à dégoiser des âneries à un pauvre journal imaginaire, et ce pendant une heure et demi film, sans choquer personne par leur propre inintérêt? Je me lance dans des bonnes résolutions. Parce que je ne vois pas pourquoi on y aurait droit qu'au nouvel an. Qu'est ce que j'ai fait d'ailleurs au nouvel an moi? Ah oui, je déblayais des cadavres. Restes d'une... réception à la con! Que j'aime ma vie!

      Première résolution, acheter un journal. Ça me semblerait utile. Histoire que ça ait l'air un minimum sérieux.
      Deuxième, apprendre à ne pas dormir. Les insomniaques y arrivent, pourquoi pas moi?
      Troisième, partir en quête de la kryptonite, me choper des tas de superpouvoirs et coller une trempe à tous ceux qui me contrarient. A commencer par Carl. Oh tu vas déguster mon pauvre...
      Quatrième, faire semblant d'arrêter de fumer pendant, disons... vingt quatre heures? Peut être un peu plus. D'ailleurs, où est ce que j'ai foutu mes clopes moi? Dans mes appartements. Où est ce que j'ai foutu mes appartements? Ça c'est un mystère...
      Cinquième, dresser un plan de ce fichu manoir. Dix ans que je suis ici, je me perds encore, c'est vraiment pas crédible. Je les soupçonne de changer la déco exprès pour perturber ceux qui auraient le malheur de ne pas avoir coché la case "sens de l'orientation".
      Sixième...

      Le delirium s'interrompt. Immobile au milieu d'un couloir, tout aussi non identifié que les autres, elle fait face à la plus grosse catastrophe que la Terre ait eu le malheur de voir se produire. Le Titanic, Erika, Pompey, c'est des trucs de gonzesse à côté de ça. Le couloir est un chantier. Elle lève un regard ahuri vers le benêt qui se tient au milieu du désastre, regard qui ne tarde pas à se faire furax. Le balai qu'elle a dans la main lui revient comme par miracle en mémoire, et épuisée comme elle est, elle ne songe pas à l'aspect excessif que pourrait avoir sa réaction. Elle le serre plus fort, n'hésite pas à le brandir, prêt à se lancer elle aussi dans le massacre d'humanoïdes.

      - Qu'est ce que c'est que cette pagaille?!!



    Mihaïl Egonov


      Non... Là ça va pas le faire.

      - Chocotte, au pied !

      Ramène ton petit cul illico, sale bête !
      T'es trop jeune pour mourir, t'as encore un tas de choses à vivre ! Partager le quotidien d'Edwin & Mihaïl, c'est passionnant, non ?
      Tiens d'ailleurs, ça vit combien de temps, un lapin ? Très très bonne question.

      Si tu sautes, on va te manquer, pas vrai ? Tu nous verras depuis le paradis des rongeurs de câbles et tu te diras : "Oh zut alors, j'étais si bien avec mes deux cinglés dépressifs et sentimentaux !".
      Ton existence n'est pas si difficile que ça, quand même ? Si ? Au point de vouloir mettre fin à tes jours ? C'est pas la meilleure option, crois-moi. Foi d'un pauvre type qui a voulu la tester.
      Mais voyons Chocotte... On t'aime ! On t'adore ! C'est pas parce que je t'ai envoyé contre le piano lors d'une crise de nerfs passagère (particulièrement violente et injurieuse, je te l'accorde) que ça veut dire que tu n'es pas le bienvenu ici !
      C'est une preuve d'affection (bien sûr, à qui est-ce que je vais faire croire ça ?), si, si, je te jure ! La preuve, moi quand je suis arrivé ici, Edwin m'a balancé une claque, et t'as vu aujourd'hui il est raide dingue de moi !
      Ne nous méprennons pas, Chocotte, je ne serai jamais raide dingue de toi.

      Bon, d'accord, je m'excuse... J'aurais pas dû m'emporter. Mais comprends-moi, t'as bouffé les crins de mon archet, tu voulais que je prenne comment ?
      Allez, fais pas la gueule, mon lapinou, reviens... Saute pas... Reviens voir Papa sur le balcon. Tu sais que j'ai peur du vide, je ne peux pas venir te chercher sur cette corniche !
      Allez, quoi... Il pleut, en plus.

      Il me fixe comme si j'étais un monstre. Je l'ai effrayé...
      Oh oui, je suis un horrible monstre.
      J'essaye de l'appâter avec des croquettes mais ça marche pas du tout... Regarde, Chocotte, de la bouffe ! Viens grignotter, tu t'en fous que ce soit en dehors des repas, de toute manière t'as déjà un gros derrière. Hum, qu'est-ce qu'elles ont l'air bonnes, ces croquettes ! Miam !
      Non, t'as raison mon pote, c'est dégueu.

      Tu sais quoi ? Je vais aller t'en chercher d'autres. Des Crock'Premium avec des copeaux de câble télé, ça te plairait, ça, hein ? Sectionnés avec amour et savoir-faire, lors de la plus belle scène du film (ben ouais, sinon ça n'a aucune saveur).
      Tu bouges pas d'ici, hein ! Promis ? Je reviens vite. Et ne saute pas, s'il te plaît !

      C'est que j'y tiens à mon lapin.

      J'enfile mes chaussures ainsi qu'un sweat et quitte l'appartement. Bon ! Han la galère, où vais-je lui dégoter quelque chose d'à peu près appétissant ? Ah et puis il faut que je remplace cet archet, je comptais jouer aujourd'hui... Et un Mimi qui ne joue pas devient un Mimi agaçant et insupportable. Le vilain petit lutin ne dort que d'un oeil...

      Tandis que je passe près des escaliers qui mènent au donjon, une écoeurante odeur de vieux sang séché mêlé à du détergeant me monte aux narines. Eark ! Eugène doit probablement faire le grand ménage, je ne vais pas aller le déranger. Dans d'autres couloirs, on a entreposé des meubles pour repeindre des apparts, on grogne et on égorge Machin qui a pété le vase Ming en le dépoussiérant, on vide les bennes à cadavres, les poches à sang qui trainent, on renouvelle les esclaves, use une dernière fois les anciens avant de les étriper pour de bon... Mais pourquoi tout ce remue-ménage ? Serait-ce un jour particulier ?
      Le printemps ! C'est ça... C'est le grand nettoyage de printemps. Tout le monde s'y met au même moment, dans la joie, la tuerie, l'orgie et la bonne humeur...
      C'est la fête... Youpi.

      Bon, je ne vais pas trop trainer, moi... Je ne pense pas trouver des croquettes pour lapin dans ce coin-là du manoir, va falloir que j'aille en ville.
      Tandis que j'accélère le pas pour accéder au grand hall principal, je me retrouve dans une impasse. Le couloir est encombré d'objets fragiles et délicats. Flûte ! Je fais comment, moi ?
      Ben... je remonte les manches de mon sweat, je rentre le bidon et je retiens mon souffle en me contortionnant habilement entre les meubles, tableaux anciens et diverses décorations qui coutent au moins cent fois le prix auquel Edwin m'a acheté. Une babiole parmie les autres, j'espère que je vais passer inaperçu. Je me sens comme un article au rabais, là-dedans... et c'est bien le cas, d'ailleurs.
      Heureusement, mon étiquette "en solde" ne se voit pas.

      J'ai dû être acrobate contortionniste dans une autre vie. Je gère ! Craaaaack.
      Rhaa putain, pardon Renoir...

      Soudain je m'emmêle les pattes dans un tissu et tente désespérément de me rattraper, entrainant dans ma chute une vieille lampe au chapeau en cristal, m'écrasant bruyamment et douloureusement sur toutes sortes d'instruments de torture déposés à même le sol. Aaaoutch...
      Je me redresse en gémissant. A bobo... Je me débarrasse des bouts de cristal fichés dans ma barbe et regarde s'infuser sur mon sweat une petite tache de sang, à hauteur de ma clavicule. Si je ne m'étais pas rattrapé avec les coudes, ce pieu en métal m'aurait traversé... tué, probablement. Oh, il le fera peut-être plus tard ! Il est encore plein de vieux sang d'un autre esclave, je mourrais probablement par infection.

      Un bulldozer dans un magasin de porcelaine. Les premiers mètres que j'ai franchis ont survécu au cataclysme. Pour ce qui est du reste... Oh la poisse, c'est pas possible... C'est moi qui ai fait ça ?! Misère... Vite, faut que je répare les dégâts, avant que le propriétaire de ce bazar ne ramène sa fraise.
      Bien sûr, je pourrais jouer l'innocent et déguerpir comme un voleur, mais j'ai déjà suffisamment de problèmes de conscience. Alors je vais être honnête, je vais aller emprunter un balai et un sac poubelle, je vais ranger tout ça bien comme il faut.

      Je m'apprête à enjamber le carnage à la recherche de matériel de ménage, la conscience tranquille, fier de l'action respectable que je m'apprête à entreprendre (ben oui c'est rare de nos jours les gens qui font une gaffe puis la réparent sans broncher), lorsque surgit soudain le monstre du fond du couloir... non, une bonne femme à l'air féroce, armée d'un balai. Un balai ! Ca tombe bien, c'est ce que je cherche !
      Vu la tête qu'elle tire, ça m'étonnerait qu'elle me le prête.
      Stupéfié, je l'observe s'avancer, puis sursaute quand elle brandit le balai. Hé oh, on se calme ! Peace & love, faites le ménage, pas la guerre ! Et t'es qui d'abord ?

      J'ai comme la désagréable impression d'être une cible rouge flottant dans son regard de taureau enragé. Toréador, en piste, et esquive ! Avec les yeux doux, bien sûr.

      - Euh... bonsoir ! Dites, je peux vous emprunter votre balai ? C'est que... voyez-vous.. Une regrettable maladresse...




    Stephany Johnson

      Seigneur, je sais que je Vous le demande souvent, et parfois parce que j'aime en faire des tonnes, mais cette fois ci, je suis tout ce qu'il y a de plus sérieuse. Achevez moi!

      Son regard étincelant la rage la plus pure qui soit, braqué sur le pauvre mais néanmoins stupide benêt debout au milieu des débris de sa maladresse, Stephany attend patiemment la foudre du ciel. Allez, s'il Vous plaît, je ne demande que le minimum syndical de miséricorde. Vous me carbonisez ce sombre imbécile et Vous m'électrocutez ensuite... Rapide l'électrocution quand même, je suis douillette, et je ne tiens pas à attendre la mort pendant des heures.
      Non? Vraiment pas? Très bien! Je vois qu'on ne peut plus compter que sur soi même! Les autres chanceux là, à l'étage en dessous, ils ont droit d'aller se faire pomper leur sang jusqu'à la moelle, mais non, moi je me débrouille! C'est pas à bibi que ça arriverait, un petit coup de pouce vers le saute de l'ange. Je savais que j’aurais dû me faire refaire les seins quand j’en avais encore l’occasion, j’aurais peut être eu une chance que Vous vous intéressiez à moi.
      Steph, il va sûrement falloir que tu recycles ton humour, ça devient glauque.

      La phrase gauche et sciemment exaspérante qui s'échappe de cette petite gorge si facile à tordre achève de l'exaspérer. A l'entente d'une telle insolence, elle manque de s'étouffer, n'hésite pas à trancher l'air avec son balai pour lui signifier clairement qu'y toucher reviendrait à tenter d'arracher un morceau de viande à un tigre aux dents de sabres récemment sorti d'un séminaire pour la grève de la faim.

      - Une regrettable maladresse ?! s'étrangle t'elle, entamant ainsi une progression lente, animale et menaçante vers ce qui ne pouvait décemment être considéré comme autre chose que son futur morceau de viande. Ooooh non non non non non non non... Les camps de concentrations, le génocide arménien étaient de regrettables maladresses. Hiroshima peut éventuellement se vanter d'être une regrettable maladresse. Ce que tu as fait, ça - elle n'hésite pas à pointer violemment le désastre, arrachant au passage un pied de plus à cette pauvre table Louis XVIII - c'est tout sauf une saloperie de regrettable maladresse. C'est la preuve même que la perfidie humaine n'atteindra jamais les limi... Oh mon Dieu, tu as égorgé un Renoir.

      Le regard tétanisé de la pauvre Stephany se braque sur l'oeuvre du Crime avec un grand C, elle hoquette un instant pour tâcher de reprendre son souffle. Ce... cette chose ét... c'éta... C'était un original! Sacrilège! Que quelqu'un amène un brancard, je vais faire une attaque.

      Bien entendu, elle n'aura jamais l'honnêteté de lui dire que ce tableau allait de toute façon être jeté à la poubelle par son ancien propriétaire, et faire désormais l'objet d'art et décoration de pissotière favorite des cabots du quartier...- que dis je!, il aurait été LA pissotière elle même. Plutôt mourir que de le soulager de ce qui doit être son étouffante, insupportable culpabilité. D'ailleurs, pour peu qu'elle ne soit pas si invivable, Steph se chargera elle même de lui faire voir le poids disproportionné que peuvent prendre des remords. De bonne volonté oui, de mauvaise foi encore plus! Elle érigerait un autel à la gloire de la mauvaise foi si elle n'avait pas peur qu'il soit mal interprété par ses seigneurs et maîtres.
      Et ces pauvres instruments de torture. En miettes... A t'elle réellement besoin de lui préciser que la plupart des vampires qui usent et abusent de ce genre de gadgets ne sont pas réputés pour leur indulgence? Parce que le tableau poétique et certifié d'origine est bon pour la casse, mais les instruments d'aliénés non moins certifiés d'origine, eux, ils sont en route vers la révision de Printemps. Sinon c'est pas drôle!

      Elle enjambe le tableau pour se rapprocher de sa peut être prochaine future victime. Bien qu'il n'y ait pas eu de véritable ancienne victime passée, il faut un début à tout. Le "prochaine", c'est juste pour avoir l'air plus menaçant. Sans aucune hésitation, elle empoigne le balai à deux mains et le fait siffler dans l'air saturé de sang pour atteindre le crâne de son morceau de viande. Le bougre l'esquive, ses pieds glissant de quelques centimètres produisent un bruit cristallin et fluet. Là, elle s'immobilise encore, baisse les yeux vers la nouvelle horreur, celle qui quelques minutes auparavant blessait le pauvre Grand Benêt - surnom officiel et permanent qu'elle lui a trouvé, dans un élan d'altruisme. Elle hoquette, pour lui semble t'il la trente-six-million-quatre-cent-quatrevingt-douze-mille-soixante-deuxième fois.

      - La lampe! Est ce que tu as la moindre idée du temps qu'il va me falloir pour recoller cette lampe avant de la rendre à son propriétaire! Je te jure que si je t'attrape, je te tue !

      Eh oui, la lampe aussi était en révision. Sinon... Vous l'aurez compris, c'est pas drôle.
      Elle entame une nouvelle enjambée, prend garde de n'écraser aucun morceau de cristal. Alors qu'elle fait de son mieux pour conserver l'équilibre, en progression constante vers son premier meurtre, elle cherche désespérément dans ses contacts quelqu'un d'assez habile pour savoir recoller les morceaux de cette oeuvre d'art avant le prochain millénaire, date à laquelle elle n'espère plus séjourner en ce bas monde.

      Le bougre tente visiblement une sortie vers l'autre bout de l'amas de bric à broc. Traître! Lâche! Indigne! Morbleu, je m'en vais te faire tâter de mon furet! Ou serait ce fleuret... Peu importe, je vais te faire bouffer la poussière par le mauvais trou, espèce de fils de...
      Diantre, un peu de tenue jeune fille.
      Sans hésitation aucune, elle malmène les fesses de Grand Benêt d'un bon coup de manche à balai, adresse à son visage pivotant vers elle un regard plus noir que de l'encre de Chine mal diluée. Euh... Si tant est qu'on dilue l'encre de Chine. Un sourire mauvais ourle ses lèvres, comme elle a vu tant de vampires le faire avant de subir leur démence, il y a longtemps de cela. Elle ne sait pas très bien si elle a réellement l'intention de le tuer, mais elle compte bien lui filer une chocotte d'enfer. Manquerait plus qu'il s'en tire sans aucun dommage, pas même un petit traumatisme de rien du tout. Allez mon gars, les cauchemars, ça forge le caractère.

      Elle fait un nouveau pas, manquant de s'empaler sur l'un des instruments mis à mal par Grand Benêt.
      Comment vais je réparer ça? Ou pire, l'expliquer à leur propriétaire? Oh My Dog, et s'ils venaient directement de la salle de torture? Pitié, Seigneur, avec toutes les morts indolores que Tu me refuses, Tu peux bien produire ce petit miracle de rien du tout? Hors de question d'aller regarder les autorités dans les yeux pour leur dire que les articles officiels du catalogue de la torture en folie sont hors d‘état de nuire.
      Allez du calme, garde ton sang froid Steph, il se peut que tu parviennes à les remplacer. Ça doit bien se trouver sur ebay ce genre de broutilles. Des ustensiles customisés à coup de peace and love et de grosses fleurs jaunes pour remplacer les anciens, voilà qui règlera tous tes soucis.

      Un nouveau pas d'amorcé.
      Tout compte fait je vais véritablement te tuer.
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    Atticus

    Atticus

    Messages : 203
    Date d'inscription : 08/01/2011
    MessageSujet: Re: 28 - Sacrebleu !   28 - Sacrebleu ! EmptyMer 16 Mai - 23:30
      Je sursaute brusquement lorsque sa redoutable arme apocalyptique siffle dans l'air. Mon coeur se met à battre très très fort. Hé ho, on se calme là-dedans, tu vas pas te la jouer heavy métal toi, hein ! Zen !
      Oh by Jove, elle me fiche les jetons la mégère, je fais quoi, je reste là et je tente de négocier, ou bien je me casse ? J'hésite franchement à lui filer ma carte de visite pour qu'elle me recontacte quand elle saura le prix du dédommagement, mais j'ai pas envie de lui filer mon adresse, j'ai peur qu'elle vienne me harceler chez moi.
      Et depuis quand j'ai des cartes de visite, hein ?!

      Je ne dis mot et me contente de battre des cils, les yeux ronds comme des billes, en l'écoutant exagérer sur la gravité de la situation. Eh, peace ! Je l'ai pas fait exprès ! Ca ne t'est jamais arrivé, un accident ? Bon d'accord, moi ça m'arrive tout le temps, mais ça tu n'es pas obligée de le savoir...
      Mon regard converge dans la même direction que le sien et contemple la toile déchirée. Si tu savais comme je suis navré mon pauvre Renoir ! Tu dois t'en retourner dans ta tombe. T'inquiètes pas mon gars, tu seras bientôt vengé, je sens qu'avec Balai-Girl et ses super-yeux qui lancent des éclairs, je ne vais pas faire long feu.

      La furie se rapproche soudainement. Je baisse la tête de justesse elle essaye de me frapper. Mais elle est folle, celle-là !! Elle a manqué de me décapiter ! Le pardon, on t'en a déjà parlé ? Tu sais le truc où il faut oublier le passé, se faire une raison et adresser un grand sourire à l'objet de notre colère pour le rassurer quant à nos intentions dévastatrices ?
      Cheeeeeese ! Allez, quoi... Je suis sûr que tu peux être très jolie et beaucoup moins terrifiante avec un magnifique sourire !

      Je recule d'un pas, légèrement intimidé - effrayé serait plus juste - et en posant ma main sur un meuble, j'enfonce davantage les morceaux de cristal fichés dans ma paume. Une grimace se peignant sur mon visage, je regarde couler un mince filet de sang sur le vernis. Eh flûte ! Oh, une gaffe de plus ou de moins, au point où j'en suis...

      Bien sûr que je m'en veux, et pour la lampe aussi. La culpabilité, ça me connait. J'aurais pu m'enfuir sans rien dire, mais je ne l'ai pas fait ! Mon intention était de réparer les dégâts. Laisse-moi me rattraper, s'il te plaît...

      - Pardon, je...

      Je me sens vraiment honteux, je te le jure ! Mais d'ailleurs... pourquoi est-ce que ça t'énerve autant ? Qu'as-tu à voir avec ce bazar ? C'est à toi, tout ça ? Si c'est le cas, et si les instruments de torture t'appartiennent, il vaudrait mieux que je ne reste pas dans le même secteur que toi.
      Elle semble avoir envie de m'étriper, je ne vais donc pas m'éterniser. Je commence à reculer, puis me retourne pour traverser le tas de meubles et autres trucs que je n'ai pas vraiment le temps d'identifier.

      Et tandis que j'enjambe un vieux fauteuil en cuir, la grognasse me balance un coup de balai dans le derrière.
      Outch !! Mais elle va arrêter de me tripoter, la furie ?! Il paraît que je l'ai déjà, le balai dans le c... Aïe ! P***** de B***** de M**** de commode à la C**, je me suis explosé le genou !
      Ben quoi ? Okay je vous l'accorde j'ai été un peu - beaucoup - vulgaire pour pas grand chose, mais ça fait du bien de se défouler ! Et pour couvrir cette culpabilité grandissante - oh non, ça y est, ça recommence... - il faut que je m'énerve contre quelque chose.
      Toi ! Oui, toi, la commode, c'est de ta faute tout ça ! Si t'avais pas été là je serais passé sans encombres, c'est sûr ! T'as vu c'que t'as fait ?! Retourne dans ton salon, vilaine !

      J'ai la vague impression d'être subitement devenu l'ennemi public n°1. Soyez clément, M'sieur le Juge, tout ça n'était pas prémédité ! J'ai eu une enfance difficile, mon frère me battait - bon d'accord, je n'étais pas complètement innocent non plus. Je suis victime des circonstances et injustement harcelé par cette bonne femme redoutable, tout droit sortie de mes cauchemars, qui correspond au stéréotype de la maîtresse tortionnaire de pauvres petits doigts d'écolier pas sage. Nan sérieusement, la Furie, tu ressembles trop à ma maîtresse, ça fout la trouille.
      Arrêtes de te faire des films, Mil...
      Oh bah faut bien que je m'occupe l'esprit, la traversée du bric-à-broc est tellement lente...

      Je me glisse le plus délicatement possible entre tous les objets fragiles entreposés dans le couloir - au moins je connais déjà le chemin - poursuivi par la vilaine maîtresse et son balai ! A cette allure je me demande si poursuivre est le terme adéquat... Oh et puis pourquoi y aurait-il une vitesse minimum autorisée pour essayer d'attraper quelqu'un, après tout ?
      C'est pas une course-poursuite à la Scoubidoo, ça c'est clair. Y'a le gentil benêt toujours affamé, poursuivi par le gros monstre, mais sans le fond sonore punk et le chien !

      - Je suis désolé ! C'était un accident !

      Qu'est-ce que je peux faire de plus que m'excuser ?
      Rien ! Elle n'a pas l'air ouverte à la négociation. Casse-toi au plus vite, grand benêt ! Tu ne vois pas que la colère la plus noire flotte dans ses yeux ? T'es déjà mort, andouille !

      Halleluïa, je viens d'enjamber les derniers obstacles, et je n'ai absolument rien fait tomber cette fois ! Quelle souplesse, quelle grâce, quelle... Bref. Cours, Mimichou, couuuurs !
      J'empoigne ma frousse à deux mains et me je m'élance dans le couloir, enfin libre de mes mouvements.
      Tout ce que j'espère... c'est que je cours plus vite que toi.

      Je dévale un escalier. Tandis que je me précipite, je me prends le pied dans le tapis mal fixé - plus de poisse, tu meurs ! - et tout à coup le décor bascule tout autour de moi. Ma main effleure la rambarde sans pouvoir s'y accrocher, et je m'écroule dans les marches, poursuivant la descente bien malgré moi. Quelques secondes plus tard, vautré en bas de l'escalier, j'essaye tant bien que mal de reprendre mes esprits. Rien de cassé, mais je vais écoper de quelques bleus ça c'est sûr... Ils tiendront compagnie à celui du genou !
      Dans l'escalier j'entends déjà les pas furieux de la mégère. Naaaan, pas mes doiiiiigts ! Tabasse-moi où tu veux mais ne touche pas à mes traumatismes. Bon, je vous l'accorde, y'a pas grand chose chez moi qui n'a pas subi un traumatisme...
      Oh tu vas trouver, j'en suis sûr.

      Mais quelle nuit merdique ! J'aurais jamais dû quitter mon plummard.

      Je me retourne et la vois débarquer avec son balai, alors je me protège le visage avec l'avant-bras, dans la crainte d'être frappé.
      Quelle situation pitoyable...

      - Je suis vraiment navré ! Dites-moi comment je peux me faire pardonner... Encore vivant je peux vous être utile, je sais faire plein de choses ! Je suis artisan. Lâchez ce balai s'il vous plaît...

    Stephany Johnson

      Le bougre poursuit son avancée vers la salvation, n'oubliant pas de lui lancer au passage une nouvelle version de ce qui doit être son livre de chevet : " Le savoir du pardon pour les nuls ". Vous êtes un destructeur né et vos proches ne vous supportent plus? Sachez les apprivoiser avec notre toute nouvelle méthode du regard de merlan frit. Plus personne ne vous résistera, sauf cas d'inhumanité avérée... Dommage pour toi chéri, il y a belle lurette que l'humanité ne me cause plus des masses. J'ai quelques vagues restes de compassion, mais pour les titiller il faudrait que tu sois à l'article de la mort. Ce qui peut s'arranger tu me diras... Tu n'as pas fait exprès ? Ben fallait faire exprès de pas le faire.

      Elle alimente donc sa poursuite aux airs de parodie de ridicule. Si elle ne se retenait pas, elle enverrait probablement valser toutes ces babioles qui l'empêchent d'atteindre la salvatrice strangulation. D'autant que Grand Benêt est un tricheur, il connaît déjà le chemin. Pour un peu, elle exigerait qu'un arbitre impartial révise les règles de cette partie d'épervier. L'épervier n'est il pas censé foncer vers le chasseur? Donc, vue l'absence totale d'équité de la situation, il serait légitime qu'elle ait le droit de lui balancer une ou deux ceintures de chasteté dans la figure. Le seul problème, c'est que l'acte atteindrait une mauvaise foi que même elle n'est pas certaine d'assumer. On ne reproche pas à quelqu'un de détruire des objets qu'on décide de lui jeter dessus trois minutes plus tard. Dommage.

      De plus en plus réticente à réfréner ses envies de meurtre, elle darde le dos de sa victime d'un regard à vous achever un sanglier en pleine charge. Tanner les fesses de Grand Benêt ne lui suffit plus, mais elle n'osera jamais se servir de sa tête comme d'une balle de base-ball avec un manche à balai. Question de conscience, tant professionnelle que morale. Il n'y a rien de plus gonflant que les recherches d'un nouveau candidat au titre d'esclave quand le précédent s'est fait crever. D'autant que vue l'allure du bonhomme, son propriétaire doit être un illuminé adepte d'originalité, le genre qui ne se contente pas d'une Machine à Sang grandeur nature ou autre partenaire de viol consenti. Ah les humanistes, je vous jure…
      Digression mise à part, elle pourrait toujours lui enfoncer le manche dans l'anus, il n'y verrait certainement pas grande différence. Elle est trop loin pour le quart d'heure, malheureusement.

      Ceci dit, Renoir n'est plus à ça près...

      Touchée par la lumière divine, elle jette son balai devant le bric à broc, direction sortie, poussant la volonté jusqu'à ne pas tenter d'atteindre Monsieur Je Triche au passage. Elle se penche pour ramasser le tableau défraîchi et arme son geste, position joueur de base-ball en pleine préparation psychologique. Oeil pour oeil, dent pour dent. Il a déchiqueté cette pauvre toile et la justice veut que ce soit la toile qui obtienne réparation, par l'intermédiaire d'une patte blanche et innocente. La loi du talion est encore la plus simple à comprendre. Stephany fend donc l'air, vigoureuse comme un soldat s'acquittant modestement de sa tâche. Son but étant de broyer un peu le bras de Grand Benêt avec le cadre en bois, si possible de lui fouetter le visage avec le tissu déchiqueté. Mais le fourbe doit être un chanceux qui s'ignore, il progresse d'un pas au moment où elle croit l'atteindre. Elle bat l'air sans aucun résultat. Autant pisser dans un violon, ce sera moins frustrant. Enfoiré va...

      Grand Benêt tricheur enjambe enfin les dernières barrières qui se dressaient devant sa survie. Steph n'est qu'à un pas de le rattraper, elle sort du parcours moins de cinq secondes plus tard. Autre preuve à sa guigne largement supérieure à celle du cocker de service, c'est qu'elle ne s'en tire pas si facilement. L'un de ses pieds reste coincé entre les pattes d'un fauteuil d'époque et l'interrompt net, en équilibre sur une seule jambe. Le visage crispé par la frustration, elle tire un grand coup sur son absence de muscles. La traction exercée est - inévitablement - trop importante, elle s'éjecte brutalement des mâchoires vicieuses pour s'étaler de tout son long à côté de son arme fatale, j'ai nommé le balai invincible, Monsieur Poilu pour les intimes. Doux sobriquet donné par ses prédécesseurs. On pourrait croire que c'est à cause de sa tête en poils de furet, ou tout autre animal violemment écorché pour l'occasion, mais non... paraîtrait que l'ustensile a servi pendant la Première Guerre mondiale. La raison probable des accès de violence que ses propriétaires subissent. Très mystérieux tout ça...

      Conclusion : Stephany est une enragée hystérique mais ce n'est absolument pas de sa faute. Blâmons ensemble l'esprit du Poilu pas content envoyé dans l'âme de ce balai satanique.

      Enragée donc, elle empoigne son arme fatale et se relève d'un bond pour se lancer à la poursuite du scélérat. Il pense vraiment pouvoir la battre au sprint? Mouahaha, sache que je suis championne toutes catégories du sprint. Moi je te trace un vampire tricentenaire, pieds et poings liés, en talons s'il te plaît ! Non Steph, les talons sont un peu too much, on ne te croira jamais. Elle profite de sa course pour vérifier les godasses dont elle a pourvu ses abattis. Baskets. Un sourire froidement satisfait ourle ses douces lèvres. Tu es mort mon chou.
      Souffle souffle souffle, inspire inspire inspire. Ou serait ce inspire inspire inspire, souffle souffle souffle? Souffle inspire, souffle inspire, souffle inspire? Damned, elle avait oublié le facteur endurance. Saperlipopette!, dix mètres et elle souffle déjà comme un boeuf chargé de transporter Gargantua. C'est décidé, elle arrête de fumer !

      Bon, Grand Benêt n'est peut être pas un chanceux qui s'ignore. Pour sûr, il aurait dû la semer. D'autant qu'il n'a pas été assez stupide pour se présenter, qu'elle n'a donc aucun moyen de le traquer jusque dans sa tanière. Seulement voilà, il doit exister un Dieu pour les Stephany en mal de martyrs, finalement.
      Il est là, deux mètres plus bas, lamentablement avachi aux pieds de quelques marches. Pauvre chou. Elle descend à son tour, plus paisiblement, Monsieur Poilu sagement endormi au bout de son bras frêle. Le gus, terrorisé, esquisse apparemment un geste pour se protéger de la prochaine agression, chose qui a le mérite de la faire sourire de stupeur et non de sadisme. Elle ne se savait pas si effrayante. Petit Royaume, je crois que tu m'es monté à la tête.

      - Artisan? Tu te fous de moi? Tes mains savent faire autre chose que bousiller les objets qui leur passent dans les paumes? J'aurais coché la case danger public moi...

      Le ton est plus que sarcastique, certes. On ne se refait pas. Mais son agressivité passagère a quelque peu diminué en amplitude. Ce mec la ferait presque rire. Il doit effectivement en attendrir plus d'un. Un vampire débutant serait certainement tenté de lui laisser la vie sauve.

      - Ça va remets toi chéri, t'es un homme que je sache. Et je n'ai jamais tué personne. Pas encore.

      Sans crier gare, elle lui empoigne le bras et le tire pour le remettre sur ses jambes. Aucune douceur n'accompagne le geste, chose qui prouve son entière mauvaise volonté. Toute femme sait être douce paraît il. Ils ont dû oublier de valider cette option à la naissance de Stephany.
      La crispation qui tend les muscles de Grand Benêt l'interrompt malgré tout dans son geste. D'accord, le bras du gamin est légèrement esquinté.

      - Oups, désolée.

      Putain quelle idée de se protéger avec le seule partie de son corps qui a vraiment ramassé aussi.
      Elle attrape donc l'autre mimine et le remet véritablement debout cette fois ci. Oui... elle l'a peut être un poil trop malmené, finalement. Bon ben opération réparation des dégâts humains, on verra le matériel plus tard. Elle n'a vraiment pas envie de se voir reprocher l'état pitoyable d'un homme de compagnie.

      Elle le tire donc à travers le manoir sans plus de précision, son poignet broyé dans une main et le balai dans l'autre, direction son donjon personnel.
      Steph les fait avaler cinq couloirs et une bonne dizaine d'escaliers au pas de course, chose que ses poumons ont encore du mal à supporter. Arrivée dans la plus haute chambre de la plus haute tour du plus haut royaume, la princesse suffocante ouvre la porte de ses appartement et pousse son prince charmant à l'intérieur.

      - Mets toi à l'aise. Le fauteuil est confortable mais fais gaffe en t'asseyant, on a tôt fait de bloquer le dos là dedans.

      Le duplex est simple, quoique décoré avec le goût d'une geek hardcore version grande mode. Des couleurs chaleureuses s'y mêlent au milieu des meubles de récupération et ornements faits main, quelques masque africains et autres broutilles de fortune. Le plus gros de son bordel est focalisé autour de son lit, que sept marches masquent à la vue de ses rares visiteurs. Elle fait tout de même l'effort de ramasser le jean et les deux pulls qui trônent sur sa table basse pour les jeter dans un coin de la pièce. Après quoi elle va chercher sa trousse de secours et pose séant sur une chaise en face de lui, une pince à épiler entre les doigts.

      - Donne moi ta main. Tu as faim? Moi j’ai faim. Sandwich au salami et beurre de cacahuète, ça te tente ?

      Elle sourit enfin, d'un sourire aussi explosif que sa colère. Allez t'inquiètes, je te parie ma chemise que dans dix minutes on baise. Peut être vingt... Tu n'as pas l'air adepte du " on baise comme on prend le café, ça réveille ".
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    Atticus

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    MessageSujet: Re: 28 - Sacrebleu !   28 - Sacrebleu ! EmptyMer 16 Mai - 23:35
      Eh, je ne suis pas qu'un grand benêt maladroit ! Mes mains expertes savent faire des tas de choses, chérie.

      T'as encore tué personne ? C'est ça, comme si j'allais te croire. Ta rage au fond des yeux en dit long sur toi, je suis sûr qu'avant d'être ici, tu étais une psychopathe en cavale. J'ai un don pour les roder, ces gens-là !
      Non c'est pas vrai. Si j'avais de l'intuition, je ne serais pas là.

      Amorçant le soulèvement de mon pauvre, pauvre petit corps malmené, je resserre l'étreinte de sa main sur la mienne par réflexe, me souvenant bien trop tard que je l'ai redécorée façon scène de meurtre à Buckingham Palace, des gouttes de sang parsemant les éclats de cristal. Un cri muet m'échappe, déformation faciale disgrâcieuse qui se suffit à elle-même.

      - ... ' Pas grave, dis-je en grinçant des dents.

      Je me relève finalement avec son aide. A peine le temps de me demander ce qui a fait "crac" dans ma colonne vertébrale, et me voilà déjà embarqué dans de nouvelles aventures, ou bien en route pour un nouvel enfer, peut-être.
      Mais c'est que j'ai pas le temps, là, tu vois ! Je dois porter secours à mon lapin, c'est une question de vie ou de... Okay, je te suis.
      Je crois que je n'ai pas vraiment le choix, de toute manière. J'avance à ses côtés, la tête basse, comme un gamin pourri-gâté qui s'est pris une rouste par sa mère au supermarché. M'en fiche, je demanderai à Papa, lui il m'offrira des bonbons...

      Nan, me livre pas aux tortionnaires pour un stupide accident ! Je ne suis qu'un boulet - doux euphémisme ! - et je ne le fais pas exprès... Tu m'emmènes où comme ça ?
      Quelques kilomètres plus tard, essouflés comme des boeufs, le palpitant prêt à exploser, nous accédons enfin à ce qui semble être son appartement. En montant les escaliers j'ai bien cru qu'elle me réservait le donjon.

      L'ambiance de sa piaule est tout à fait chaleureuse, ce qui rend la furie nettement moins effrayante à mes yeux. J'aime beaucoup la déco ! Je toucherais bien juste pour voir, motivé par le réflexe stupide mais totalement humain de vouloir palper les oeuvres d'art, mais j'ai peur d'y laisser mes précieux doigts.
      Prudence, Mimi, elle n'a pas encore lâché son balai.

      Lorsque mon délicat fessier épouse la surface du fauteuil proposé, je me sens comme aspiré vers une autre dimension. Affalé malgré moi, j'essaye désespérément de remonter à la surface pour atteindre la lumière. Ca c'est pas un fauteuil pour timides, pas le genre moelleux comme du béton où tu peux poser une fesse sur le bord, laissant ainsi un peu de place à ta confusion ! Nan, dans ce fauteuil là, tu te mets à ton aise, parce que t'as pas le choix.
      Je suis sûr qu'il y a des tas de gens qui n'ont jamais pu en sortir vivants. Et qu'elle a découpé leurs cadavres en petits morceaux !

      Après moultes tentatives pour me redresser, j'abandonne, et porte enfin attention au décor. C'est à cet instant précis que je me demande enfin ce que je fiche ici.
      Elle veut me tuer chez elle ? Bah, chacun ses préférences, après tout. Ca ne me déplairait pas d'être assassiné dans ce fauteuil ! Mais pas à coups de balai, hein, je préfère la douceur... Je suis du genre douillet, pour ceux qui l'ignorent encore.

      Un sandwich au salami... Cette nana sait comment parler aux hommes. J'acquièsce d'un hochement de tête, me risquant à mon premier sourire depuis l'ouverture des hostilités. Encore légèrement intimidé, j'obéis et lui tends ma paume sanglante, jonchée de débris tel un cimetière glauque un soir d'Halloween. Je ne comprends pas ce qui l'a motivée à m'emmener ici pour me soigner...
      Moua ha ha, c'est pour mieux te dévorer, mon enfant !
      Parano ? Ouais, peut-être bien. Mais j'ai un permis pour ça.

      - Merci...

      ... de m'avoir laissé la vie sauve, et de prendre soin de mes petits bobos, ça me touche beaucoup.

      - Euh... Je compte bien réparer ce que j'ai cassé, ou te dédommager si tout ça t'appartient. Enfin, pour le Renoir, j'ai pas la prétention d'avoir son talent... Je ne te promets rien, j'ai pas peint depuis la maternelle.

      Ah hem. C'est comme mon humour, ce sera pas du grand art, quoi...
      Jetant à nouveau un regard dans la pièce, je me rends compte qu'elle a l'air d'être la seule occupante des lieux. Aurait-elle effrayé son maître de la même manière que moi ? Ou peut-être qu'elle l'a tué. Un bon coup de balai derrière la tête pour le déstabiliser, des UV pour l'achever. Facile, certes, mais c'est une méthode qui marche ! Testée par votre serviteur ! Sauf que dans mon cas, j'avais pas de balai... alors comme c'était un cas de force majeure, j'ai usé de mon sex-appeal.
      Vous ne me croyez pas ?

      - C'est sympa chez toi ! Tu vis toute seule ici ?

      Je pars du principe qu'à partir du moment où l'on familiarise avec son futur assassin, on a plus de chances de survivre.

      - Ah, au fait, je m'appelle Mihaïl ! Et j'insiste, je tiens à me faire pardonner. Tu peux me demander ce que tu veux !

      Est-ce que j'ai bien fait de dire ça ?
      Planquer ses cadavres, ça doit être dans mes cordes.


    Stephany Johnson

      Il est mignon, c'est amusant. Le côté petit animal apeuré et complètement infoutu de mettre un pied devant l'autre a quelque chose d'attendrissant. Bon, Stephany serait évidemment bien plus touchée si cette gaucherie n'avait pas réduit copieusement ses chances de survie immédiate, mais c'est mignon.

      Elle rit brièvement à sa remarque, penchée sur les bouts de verre qu'elle extirpe un à un avec un maximum de délicatesse. Pour sûr, elle n'a pas l'habitude d'y aller avec des pincettes, si on puit dire. La plupart du temps, son quotidien ressemble d'avantage aux chars d'assaut qu'à la frappe chirurgicale. Mais elle a déjà été blessée, d'autres sont déjà venus chouiner sur ses pompes parce qu'ils étaient blessés ... bref, elle a l'habitude des petits bobo. Sans rire, avec une hygiène de vie moins débauchée et un caractère légèrement moins timbré, elle ferait certainement une très bonne mère. Une mère d'enfants alcooliques, vulgaires et gavés au salami, certes, mais une bonne mère tout de même. Et c'est donc avec la patience d'une tendre maman qu'elle nettoie les petites blessures, légèrement hésitante quant à la raison de son acte. Elle n'est peut être pas si détraquée que ça, après tout. A croire que le sort de ce gus lui importe un peu. Ouais, enfin, c'est surtout le sort de celle qui va devoir expliquer cette pagaille à son maître qui la préoccupe, en fait.

      - Le Renoir était à jeter. Oui, c'est moche, mais les chiens du quartier vont avoir une nouvelle décoration à admirer ce soir. Pour la lampe, en revanche, il y a des chances qu'on soit condamné. D'autant que tu as laissé des traces de sang dessus. C'pire qu'une emprunte ADN ce truc là.

      Elle relève le regard vers lui, souriante. Pas réconfortante, non, quoique sa zénitude pourrait éventuellement être apaisante si elle n'était pas aussi discordante. Mais souriante. Une fois le dernier débris extirpé, elle tamponne la plaie avec du désinfectant, le plus délicatement possible toujours, non sans un certain effort de bonne volonté. Puis elle bande soigneusement sa paume et lui rend sa liberté.
      Les questions familières commencent à poindre alors qu'elle se lève pour leur chercher des denrées alimentaires. Elle se marre légèrement, amusée par la méfiance encore présente dans la voix de son hôte. Il est de plus en plus drôle. A croire qu'il a peur de se faire assassiner sauvagement ... Il a de bonnes raisons, ceci dit. Mais elle ne ferait pas l'erreur de le tuer avant d'avoir consommé son petit corps, mouhahaha...
      Steph ?
      Oui ?
      Il faut que tu arrêtes de baiser avec des vampires. Sérieux, tu me fais peur.
      Roh, tout de suite.

      - Seule et sans attache, c'est le principe oui. répond elle depuis sa minuscule cuisine, pendant qu'elle fouille dans son réfrigérateur. Il y a des types qui passent la nuit de temps à autre, mais ils finissent souvent dans le placard. ajoute t'elle en revenant vers lui.

      Elle pose le pain, le salami et le beurre de cacahuètes sur la table basse, un sourire terrifiant à l'adresse du petit homme. D'accord, c'est un peu déplacé. Mais c'est tellement drôle. Regardez ce teint qui blêmit légèrement, ça ne vous amuserait pas, vous ? Bah vous manquez quelque chose de grand, moi j'vous l'dis !
      Le pire, c'est que ce crétin s'enfonce. Enfin, peut être le fait il exprès, peut être veut il tester ses limites avec une humaine avant de s'attaquer à un vampire en provoquant ce qu'il voit visiblement comme une dangereuse psychopathe. Ou alors, il est aussi benêt que ce qu'elle présume et il ne se rend pas compte de ses bourdes. Non pas que ça aurait de conséquence particulière, elle n'est pas sadique à ce point là. Mais ça, il ne le sait pas. Et ce n'est certainement pas elle qui va le détromper. Elle hausse un sourcil.

      - Enchantée Mihaïl. Moi c'est Stephany, mais tu peux m'appeler Steph. Commence par enlever ton haut mon joli.
      Quoi ?
      poursuit elle à la vue de son regard légèrement plus abruti qu'avant. Ne me dis pas que tu es de ceux qui flippent dès les préliminaires ?

      Elle se marre. Là, elle doit vraiment l'air d'avoir une colonie d'araignées au plafond. Et re mouhahahaha. Bon, un peu de sérieux jeune fille ! En voilà des manières...

      - Il faut que je soigne ton épaule, andouille. Je peux le faire les yeux fermés si ça te chante, mais je garantis pas un résultat très encourageant. Tu n'as rien contre la giclée de désinfectant dans les yeux ?

      Elle le provoque, elle le titille, elle teste ses limites puisqu'il a l'air d'en avoir envie. Ah non, au temps pour moi, c'est juste un grand benêt. C'est fou ce qu'on peut s'amuser avec un blessé terrifié et un balai, quand même. L'aurait elle vraiment assommé si elle l'avait rattrapé plus tôt ? Une question qui restera sans réponses pour nos chers auditeurs. Oooooooooooooh, fait la foule. Jbang jbang, on se recadre petit cerveau !
      Et pendant ce temps, le mâle dominateur - tousse, tousse - enlève son classieux sweat-shirt pour laisser échapper un buste digne des dieux grecs. Avec beaucoup de muscle et de bronzage en moins... Quoique, les dieux grecs étaient ils bronzés ? Quelle était la mode de l'époque ? Parce que s'ils étaient blancs comme des culs, là, il se rapproche d'avantage du Dieu grec. Médisante, moi ? Non ... ça reste un torse masculin et plutôt bien sculpté, en plus.

      Elle se rassoit, lui prépare une sandwich au salami bien dosé et le fourre dans sa main valide.

      - J'ai tendance à mélanger le salami et le beurre de cacahuète dans le même sandwich... mais je ne vais pas t'imposer cette spécialité de la maison, hein? Tu rates quelque chose, ceci dit.

      Stephany désinfecte donc la deuxième plaie, avec le même soin que la première, à savoir celui d'une infirmière plus douce que l'hippopotame mais quand moins que la rose matinale. Bref, elle fait ce qu'elle peut et lui casse la gueule s'il n'est pas content. Compresse, bandages et tout le toutim, elle finit par aller leur chercher deux bières et s'effondrer dans sa chaise avec sa bouteille dans une main, une clope dans l’autre et un cendrier sur ses genoux.

      - Bon, déclare t'elle finalement avec un peu plus de sérieux. Inutile d'espérer recoller les morceaux de cette lampe. Je connais le propriétaire et je peux négocier notre survie, en revanche. Mais va falloir le dédommager. Comme je présume que tu n'as pas l'intention de te prostituer, pisse-froid comme tu es, et que personnellement je n'ai déjà pas le temps de dormir plus de trois heures par nuit, il faut trouver une autre combine. Tu es artisan, right ? Bien. Votre mission si vous l'acceptez est de créer des oeuvres vendables à la boutique du coin, histoire de rembourser quelques milliers de livres. Et si tu sais jouer de la guitare je vais aussi te demander de faire la manche. Santé !

      Elle sourit, lève sa bouteille, boit deux gorgées, tire une latte, fait tomber sa cendre. La manche, c'était à moitié une plaisanterie. Pourquoi la manche d'ailleurs ? Aucun rapport avec la mer, a priori. Certainement la manche de blouson. Peut être que les gens jetaient les pièces dans la manche des aveugles autrefois, histoire de leur faire une petite blagounette. Elle se marre en imaginant la scène.
      C'est officielle, il doit te croire complètement siphonnée.

      - De mon côté je vais tâcher d'augmenter la somme de mes pourboires. Oui parce que c'est toi qui as fait la connerie, mais mes employeurs ne s'arrêteront pas à ça. Pas envie de couvrir le donjon de mon sang dans la semaine, je l'ai nettoyé hier et c'est du gaspillage d'énergie au travail.
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    MessageSujet: Re: 28 - Sacrebleu !   28 - Sacrebleu ! EmptyMer 16 Mai - 23:42
      Plaît-il ? Se déshabiller devant elle ?

      La Honte interplanétaire. Il affiche cette innocente et parfaite mine effarouchée de la petite pucelle. Elle semble l'avoir déjà cerné, mais il est persuadé de pouvoir tomber encore plus bas. Il l'a déjà fait. Le plus difficile reste d'arriver à se maintenir à tout prix au-dessus de la zone "pathétique".
      Mihaïl est mal à l'aise, c'est peu dire. Aussi loin qu'il s'en souvienne, il a toujours été gauche avec les femmes. Cela dit, ça n'a jamais été vraiment plus glorieux avec les hommes.
      Détends-toi mon gars. T'es un mec, un vrai, digne de ce nom ! T'as du poil au menton ! Prends une clope, ça te détendra.
      Sur ces pensées, il laisse son regard vagabonder devant lui et retrouve un paquet de cigarettes. Et si ... ? Allez, il s'en grille une.

      - Tu permets ?

      Aujourd'hui, j'enlève le haut.
      Il se relève du fauteuil avec beaucoup plus de classe qu'au moment où il s'y est enfoncé. Et lentement, dans un geste très sensuel, il fait glisser la fermeture éclair de son vêtement, dévoilant un torse d'albâtre sculpté tout en finesse. Un clin d'oeil suggestif pour la donzelle, tandis qu'il dépose sa cigarette fumante sur le rebord du cendrier. Dans les volutes de tabac qu'il expire, les mouvements de son corps ne font qu'un avec la musique envoûtante, révélant au grand jour un charme qu'on ne lui connaissait guère. Le sweat glisse le long de ses bras tatoués, dévoilant enfin l'entièreté d'un buste androgyne et mystérieusement pâle, puis chute le long de ses cuisses pour être balancé par son pied à l'autre bout de la pièce. Sa sombre chevelure danse naturellement sur ses épaules, caresse les contours de son visage. Lorsqu'il se rapproche de Steph, son regard malicieux en dit long sur ses intentions.
      Il lui saisit délicatement la main puis l'attire contre lui. Ses doigts se faufilent dans la chevelure de la jeune femme. Et il l'embrasse langoureusement, avant de la renverser sur un côté, laissant à ses mains baladeuses le loisir de s'aventurer sur ses hanches et de remonter l'une de ses cuisses contre lui.

      Oh yeah, like a sex machine, man.


      Ouais enfin ... Ca, c'était dans ses rêves. On rembobine le film, siouplait ?
      On en revient au moment où il regarde le paquet de clopes sur la table basse et se dit que de toutes façons, il s'étoufferait avec. Avec toute la grâce dont il est capable - hum - le russe retire son sweat en le tirant au-dessus de sa tête, et en se coinçant une mèche de cheveux dans la fermeture éclair qu'il aurait pu, éventuellement, défaire pour s'en sortir avec dignité. On ne se refait pas. Elle s'attendait à découvrir un Apollon ? T'as pas tiré le gros lot, poulette. En-dessous, ce n'était qu'un mec qui a grandi façon Monsieur Jack, tout maigre. Un buste pâlot paré d'un véritable champ de côtes dont il n'imagine même pas qu'une nana pourrait rafoler un jour. Ceci dit, il n'est pas très objectif.

      Il accepte le sandwich et, comme un réflexe canin, le renifle pour savoir s'il peut le manger ou non. On ne sait jamais. Peut-être qu'elle veut le droguer pour abuser de lui ?
      Arrêtes tes films, Egonov, les lecteurs vont trouver ça lassant.
      Il acquiesce avec un sourire pour lui confirmer que, finalement, c'est sans doute mieux sans beurre de cacahuète, puis mord dans le sandwich.

      - Merci beaucoup ! dit-il la bouche à moitié-pleine.

      A peine l'a-t-elle frôlé à l'épaule qu'un "Putain j'suis amoureux" s'écrase comme une météorite à l'intérieur de son crâne. En fait, elle voudrait abuser de lui, ça ne le dérangerait pas du tout.
      Calme tes ardeurs, grand benêt, n'oublies pas qu'elle est dangereuse, cette gonzesse.
      Ouais, mais j'aime le danger, moi !
      C'est c'la, oui, et demain il pleuvra des poulets.

      Quelques minutes plus tard, les voilà vautrés dans leur sièges respectifs, une bière en main. Mihaïl a tout l'air d'un rescapé ayant survécu à un tsunami en s'accrochant à un chêne centenaire. Ca fait aventurier viril, les bandages. Il lui manque quelques points de suture à l'arcade et une côte cassée pour parfaire le tableau. Mais il est particulièrement douillet, rappelons-le. Ce n'est pas un scénario pour ce pauvre biquet.
      Il manque de recracher sa bière lorsqu'elle lui parle de prostitution. Non en effet, c'est bien la dernière chose qu'il ferait pour s'en sortir ! Ici, les éventuels clients ne sont pas des tendres, il n'a pas envie de finir décharné ou découpé en petits morceaux pour être jetés aux chiens, ou même juste avoir à satisfaire n'importe quel homme, qu'il soit tendre ou non. Sa dignité, dans tout ça ? En fait c'est pas grave, pour ce qu'il en reste ...

      - T'inquiètes, va, je vais me débrouiller pour trouver du fric, annonce-t-il entre deux gorgées de bière. J'ai repéré une boutique de pompes funèbres qui recherche quelqu'un pour faire des cercueils ! C'est au poil.


      Bien entendu, avec lui rien ne se déroule jamais vraiment comme prévu.
      Après quelques tentatives d'échanges verbaux, Mihaïl prend congé de Stephany. Dès le lendemain soir, il obtient une autorisation de sortie pour Northwood et décroche le job en question. Les jours s'écoulent, presque heureux, dans un univers qui lui est familier. S'occuper de la sorte lui aère l'esprit. Il viendrait bien travailler dans cet atelier indéfiniment !
      Jusqu'à ce qu'une nuit, il découvre un corps ensanglanté dans un sac noir, déposé dans un cercueil qu'il avait verni la veille. La femme du boss. Après moults tentatives pour se défiler, Mihaïl s'est retrouvé dans le vieux cimetière pour creuser la tombe de madame, ainsi que la sienne, un canon de fusil pointé sur le crâne. Et c'est dans son propre cercueil qu'il s'est retrouvé enfermé, un mètre sous terre, juste au-dessus du cadavre de la victime assassinée. Son seul souci étant : "Edwin va s'inquiéter. Je suis très en retard".
      Fort heureusement, ayant fabriqué la boîte tout juste assemblée, il savait où donner des coups de tournevis - toujours dans la poche de son bleu de travail, en bon ouvrier - pour l'ouvrir. Deux bonnes heures plus tard, les mains en sang à force de gratter la terre, Mihaïl s'est extirpé du sol tel le zombie, sous les yeux d'une petite vieille venue se recueillir sur la tombe de son mari.

      C'est un peu - beaucoup, en fait - crado, égratigné - oh quel dommage, Steph va devoir le bichonner à nouveau ! - et pas très frais que le jeune russe est rentré chez lui. Croisant le regard perplexe d'Edwin, il s'est dirigé vers le téléphone.

      - Ne me demande surtout pas d'où je viens, s'il te plait.

      Il compose le numéro de la chambre de la sorcière au balai. Heureusement, son patron l'a payé en liquide un jour avant de le forcer à creuser sa tombe.

      - Salut Steph ! Voilà, j'ai le fric. Par contre ... Tu vas me prendre pour une tapette - si c'est pas déjà fait ... Mais j'ai rien contre les tapettes, hein, ajoute-t-il à l'égard d'Edwin planté juste à côté de lui. Mais ... J'ai la trouille d'y aller tout seul, j'aime pas les vampires en général. Eloignant le combiné de ses lèvres, il s'adresse à Edwin. Non mais toi c'est différent, mon chou, j't'adore tu le sais ! Reprenant le combiné. Tu veux pas m'accompagner chez le proprio des meubles ?
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    28 - Sacrebleu !
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