26 - Combat Eugène VS Mihaïl.

- Mimichou, t'es une loque !

Ca fait toujours plaisir, les compliments au réveil.
Je me suis désespérément accroché à mon oreiller, j'ai grogné, sorti les crocs et affiché un air redoutable. Mais quand Ed décide de m'arracher à mon plummard, il y arrive !
La dernière fois qu'il m'a emmené courir dans les bois, il a réussi à m'apâter avec une tarte au citron. Mais maintenant je ne me laisse plus avoir, et l'usage de la force devient inévitable. On ne me manipule pas avec une carotte au bout d'un bâton, Môssieu Vanelsin ! Un cake au kiwi et au gingembre, à la rigueur...

Bref, mon regard de psychopathe planté au milieu de ma bouille de nounours, ça ne l'a pas dissuadé de me menacer. Sous la contrainte d'être privé de dessert pendant un mois, j'ai enfilé des fringues confortables et je l'ai suivi dans les bois. Il m'a fait courir jusqu'aux arènes, et quand j'ai enfin compris ce que j'allais y faire, j'ai bien tenté de me sauver... Malheureusement Ed est bien plus rapide que moi. Il m'a jeté sur son épaule, ignorant mes cris de désespoir et de rancoeur, et m'a largué au milieu du terrain.
Une tape affectueuse dans le dos, un "Rends-moi fier de toi, ma bête féroce !", et puis il a disparu dans le public.

Grmblblblblbl.
Comme si j'avais la hargne et la carrure d'un gladiateur...

Le type en face de moi, il va me faire bobo ! Quoique... Il n'a pas l'air bien méchant avec son nounours. Il va faire quoi, me le prêter pour dormir ?
Je lui adresse un délicieux sourire, un regard doux et prends la parole d'une voix de velours :

- Tu ne vas pas oser me faire du mal, quand même ?

Ben oui, qui donc serait assez cruel pour s'en prendre à un amouuuuuuuur de Mimichou, l'incarnation de la bonté et de la douceur ?
Pour une fois que ma gueule d'ange pourrait me sortir du pétrin au lieu de m'y plonger, autant m'en servir intelligemment -désespérément, surtout.

Voyons voir mes armes : une batte, un bouquin... Que veulent-ils que je fasse de ça ?
Je balance la batte par-dessus mon épaule. Trop lourde pour fuir si jamais j'y suis contraint. J'ouvre le livre, et au lieu d'améliorer ma culture, arrache soigneusement une page.

- Allez viens par là, mec... Je vais te montrer comment faire une grenouille en papier.

Sur ces mots, je m'assieds en tailleur dans le sable, ignorant royalement les cris, les menaces et les insultes du public, puis entreprends de réaliser mon pliage.
S'ils voulaient de la baston et des effusions de sang gratuites, tous ces ploucs, c'est pas à Mihaïl Egonov qu'il fallait s'adresser !

Sur la table du petit déjeuner, j’observais, l’œil philosophe ma double portion de Golden Grahams. Un grand verre de lait remplaçait ma tasse habituelle de café et des cachets de vitamine avaient été éparpillé à coté de mon bol. J’étais perplexe, ça oui. Aussi perplexe que lorsqu’une fille me draguait, ce qui m’arrivait fréquemment lorsque je rendais visite à mon oncle Marcel dans une clinique de dépressifs. Sebastian n’avait pas la main si généreuse d’hab’.

Bref, ce fut à cet instant précis que je pressentis la journée de merde, un sixième sens chez moi. Et je ne me trompais pas. Lazlow s’était mis en tête de remporter un tournoi débile avec son esclave débile. J’étais loin d’être une montagne, plutôt une pile de billes à démolir dans la cour de récré mais, à son plus grand dam, il ne disposait que de moi. Et moi-même ne disposais que de moi, impossible donc de me carapater, j’étais vénère !
Comme le Tortionnaire ne doutait pas de mes capacités héroïques, il gaspilla de longues heures à me briffer avec autant de délicatesse que s’il s’adressait à un simplet. J’appréciais le geste en mon for extérieur, un sourire niais aux lèvres.

Une heure plus tard et j’arrivais sur-le-champ de bataille armé d’un Morgenstern que Caillou et moi tirions à bout de bras. Caillou ? C’est le rabbit en peluche qu’on m’a filé pour m’aider à combattre. Quand j’appuis sur son cœur, il m’encourage d’une voix enjouée et répétitive.

- Je suis Caillou ! Ton meilleur ami ! Mon seul ami quoi. Prend-moi dans tes bras, fais-moi un câlin ! Pas devant tout le monde Caillou, déconne pas. Je suis Caillou ! Ton meilleur ami ! Erf excusez le, il bugue ! Dis-moi que je suis mignon … et je te chanterai YMCA ! Euh Caillou, tu crains … Euh Caillou, pitié, ferme-là …

Arrivé au milieu de l’arène, je scrute mon ‘adversaire’, tractant mon morgenstern, courbé comme un ancêtre macaque tellement qu’c’est lourd. Ce mec me ressemble. Son maître a dû l’envoyer au casse-pipe, comme moi, une occasion de s’en débarrasser sans culpabiliser !

- Hey, Salut ! Moi c’est Eugène ! J’ai vingt ans et je suis étudiant en suicidologie …
- Et moiii Caillou ! The Fun Rabbit !
- La ferme Caillou ! Que je hurle à l’intéressé avant de m’asseoir sur le manche super lourd de mon arme viking. Hahum … Oui donc, j’ai pas très bien compris si on doit attendre les lions, les chariots de romains ou si on doit se fritter, toi et moi …

Scrtssssssssssssssssssssssschhhhhhhhhhhhhhh uuuuuuuuuuuuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiit.
J’ajuste l’oreillette qui me relie à Lazlow, sans comprendre un traître mot de ce qu’il dit.
- Hein ?! J’t’entends pas bien Seb’ ! Articule ! Le même bruit de fond sans signification m’est retourné et j’en conclus qu’encore une fois, je vais devoir me démerder seul au monde.
- Une grenouille en papier ? Moi je faisais des petits bateaux et je les faisais flotter dans mon bain … à l’époque ou j’avais l’occasion de prendre un vrai bain. Elle flotte peut-être mieux la grenouille, non ?

Le public hurlait sa frustration et son envie de voir gicler sang, os et boyau. De vrais barbares, c’est clair. Nous, new génération, nous avons des méthodes bien plus sophistiqués, bien plus élaborés pour tomber d’accord. Pas de combat sanguinolant, non, mais de longs raisonnements purement stratégiques, quelque chose qui fait travailler la cervelle.

- On le joue à la bataille navale ou on se fait un pierre-feuille-ciseau ? Et pas le droit au puits hein !

Impossible ! Eugène ne s'était pas donné la peine de se vêtir correctement. Le tortionnaire était persuadé que son poulain l'avait fait exprès. Il était excédé par cette attitude, pourtant il le lui avait dit et redit qu'il voulait qu'il mette ce short, il l'avait acheté tout spécialement pour cette occasion. De plus, le caïnite avait fait imprimer un t-shirt recto verso assorti qu’il portait avec fierté. Bon certes, Liziat était du style plutôt fluet, pour ne pas dire maigrichon, mais un homme, aussi aride que lui, en torse nu dans une arène, dégoulinant de sueur, ça le faisait, même si ce gaillard s'appelait Eugène.

Fou de rage, le caleçon dans une main, un lecteur CD portable gros format, callé sous l'autre bras, Sebastian dévala les gradins et sauta lestement dans l'arène pour se diriger vers son "protégé".

- Bon t’as pas un peu fini de faire des origamis ? T’es pas là pour ça ! Allez à poil, je t’ai fait un cadeau, je veux que tu le portes. Puis s’adressant à l’adversaire d’Eugène, il poursuivit. Et toi le mollusque, tu la mets en sourdine deux secondes, t’attends que mon Champion soit prêt et vous vous mettez au boulot, c’est clair ? Plus bas sans que personne ne puisse entendre (remarque vu le raffut que les Immortels produisaient dans les rangs, il était impossible qu’ils entendent), sinon c’est moi qui vais te faire ta fête…

Attrapant son Représentant par le collet, Sebastian le souleva de terre, lui retira Caillou des bras, le posa délicatement au sol, dos tourner à Eugène et retira à son esclave, pantalon, chemise, laissant un Liziat en boxer et en chaussette retomber sur la sciure. Tenant le short ouvert devant l’humain, il l’incita d’un regard assassin à l’enfiler. Satisfait du spectacle qu’offrait à présent Eugène, le vampire trifouilla son oreille et échangea le minuscule émetteur qu’il y avait placé.

- Là, celle là marche, je l’ai testée et remets tes pompes.

Le tortionnaire ne s’occupa plus des deux larbins qui devaient se regarder en chien de faïence, mais ce n’était pas son soucis principal pour l’instant. Enclenchant le CD portable une forte musique emplit les arènes.

Un large sourire vint prendre place sur les lèvres fines du tortionnaire qui se saisit du poignet de sa Limace, l’éleva en l’air et s’adressa à la foule, couvrant comme il le pouvait la musique qui n’en finissait pas.

- La Lazlowwwwwwwwwwww Teamm !

Lorgnant le Morgenstern, il fit un petit signe à Liziat.

- Bouge pas mon grand, je vais te montrer comment ca marche ce truc là !

Le manche bien en main, il fit tourner la boule de piques au-dessus de sa tête, un sourire absolument sûr de lui, peint sur ses traits. Malheureusement, le matériel devait être de mauvaise qualité… et la boule d’acier se détacha de la chaîne volant à travers l’arène pour venir s’écraser dans la cabine du « speakrin », défigurant Mark au passage, le mettant hors totalement hors d’état de commenter quoi que ce soit.

- Oups… Attends, je vais régler ça.

Filant à une vitesse vertigineuse, Sebastian aperçu l’autre abruti de commentateur. Sauvé ! SON combat ne pouvait se passer d’explications complexes qu’Eugène allait effectuer, c’était impensable ! Attrapant Yanes par le bras, il le traîna jusqu’à la cabine, poussa Tsori du pied et assis abruptement son semblable sur la chaise, lui fourrant le micro dans les mains.

- Vas-y ! Le ptit en rouge là… c’est le mien, il s’appelle Eugène Liziat, c’est le mien… à moi ! T’oublie pas de le dire, hein, à moi, le mien ! Tu sais, celui avec Caillou. C’est bon ? Tu l’as repéré ? A Sebastian Lazlow. Te trompes pas !

Sortant de la cabine, tel César admirant les gladiateurs, Sebastian contempla son poulain. Bon… certes, il était un peu plus fin que ces arénaires du temps passé, mais il en jetait quand même.

Reprenant place dans les gradins, où il s’était créé un périmètre assez large de chaises vides pour ne pas être importuné, il éleva sa main droite vers sa bouche et fit un essai.

- Un-deux-un-deux. Si tu m’entends, lève la main droite.

Ma foi, il a l'air vachement sympa, ce type ! Je délaisse un instant la construction de ma grenouille pour lui serrer la main.

- Enchanté, Eugène ! Je m'appelle Mihaïl. Je t'avoue que je n'en sais pas plus que toi...

J'interromps son flot de questions en levant symboliquement la main, signe que j'ai quelque chose à faire avant de le défier.
Inclinez-vous respectueusement devant le Seigneur des Origamis, humbles mortels ! Ma grenouille est parfaite.

Je m'agenouille dans le sable, brandis glorieusement l'index et donne une toute petite impulsion à l'arrière de ma grenouille qui exécute un formidable bond d'un mètre cinquante ! Le public est en liesse, tous ces cris, ces poings hargneux tendus... Ca m'émeut. Je lui jette un regard et incline la tête avec honneur, la main sur le coeur. Moi aussi je vous aime ! Sans vous je ne serais pas là aujourd'hui.

Satisfait, je me relève avec un sourire, et m'apprête à accepter le pierre-feuille-ciseau lorsque, soudain, un type déboule au milieu de l'arène et se rapproche de nous pour nous intimider.
Mais qui c'est ce gus ?

Tu crois que tu me fais peur, hein, pas vrai ? Tu crois que tu peux me faire trembler devant toi avec des menaces ?
Eh bien... t'as raison.
Nerveusement, je triture du bout des doigts la poche ventrale de mon sweat, baissant le regard en direction de mes panards, comme un gamin coupable... lèvres tremblantes, yeux humides, et oreilles rabattues. Un ridicule petit "Oui, M'sieur" s'extirpe de mes lèvres à peine ouvertes.

Tandis qu'il ramasse Eugène, je m'écarte rapidement d'un mètre ou deux et me relève. J'observe en silence la scène qui se déroule sous mes yeux... et par un réflexe tardif, me baisse après que la boule piquante ait frôlé mon oreille, agitant ma chevelure dans un courant d'air.

Je croise le regard absent et plastifié de Caillou. Non mais t'as vu ce que je viens de voir ?!

Les yeux ronds comme des billes, la bouche figée en cul de poule, je redessine lentement du regard la trajectoire de la boule en acier. Nom d'un soviet bourré en tutu rose, mais c'est que j'aurais pu me la prendre en pleine poire !! Mon coeur bat à cent à l'heure, et tellement fort que je suis certain qu'Edwin peut l'entendre. Merci, Vanelsin, tu m'as fichu dans une belle galère ! Sois sûr que je me vengerai... si je m'en sors vivant.

Le vampire s'en va vers la cabine du commentateur dont il s'est gentiment chargé de la chirurgie esthétique. Je me retourne vers Eugène, stupéfié.
Punaise... Mais il est dingo ce mec !

Je ramasse le bouquin aux pages cornées dans le sable et le feuillette vivement. Il doit bien y avoir la solution à mon problème, là-dedans ! Aaaah tiens : "Fuir, verbe intransitif : s'éloigner en toute vitesse, par un motif de crainte." Niquel ! Merveilleux bouquin... certainement une perle de littérature ! Robert, tu es un auteur de génie.

Je relève la tête lorsque le vampire demande si on l'entend, et lui adresse un signe d'au revoir de la main droite - comme convenu ! -, un large sourire aux lèvres, avant de balancer le livre, attraper le poignet d'Eugène et l'entrainer avec moi à travers le terrain.

Fuyons, compagnon d'infortune, fuyons !
C'est tout ce qui nous reste.

Depuis qu'elle avait inscrit son humain aux combats, Gillian n'attendait que d'être assignée au jury. Cette fonction lui semblait de loin la plus intéressante, et c'est fébrilement qu'elle consulta les listes jusqu'à trouver son nom.
Voilà...
Eugène Liziat contre Mihaïl Egonov...
Ces noms ne lui disaient rien du tout, mais elle imagina naturellement deux hommes baraqués luttant à l'instar des antiques gladiateurs. Oui, vraiment, c'est avec un sourire satisfait qu'elle prit le chemin de l'arène.
Saluant les commentateurs ainsi que ses congénères les juges, elle s'installa et attendit avec impatience l'entrée des bêtes...

Je crois qu'on appelle ça "tomber de haut". Déjà, l'entrée. Peu glorieuse. Un esclave porté par son maître, l'autre ramassant sa peluche à peine arrivé. Et là, au lieu de se jeter l'un contre l'autre, de déployer des trésors d'inventivité comme on était en droit de l'attendre pour utiliser ces inoffensifs objets à des fins meurtrières... non ! Ils se tapent la discute ! Non mais dites-moi que je rêve. C'est qui, leurs maîtres ? Mais faites quelque chose, bon dieu !!!

Comme une réponse à son appel muet, un vampire s'amène d'un pas décidé et équipe son esclave. Bah voilà ! Ca nous met déjà plus dans l'ambiance. Silencieusement reconnaissante, Gillian ne tarde pas à déchanter lorsqu'il commence à commenter à la place de celui qui est là pour ça.
Lazlow team... Lazlow, Lazlow... Mais oui, mais c'est bien sûr ! Lazlow, le tortionnaire ! Tout le monde le connaît de réputation ! Réputation qu'il ne va pas tarder à perdre, ceci dit, s'il choisit de se faire représenter par un tel... Hum... La vampire doute fort qu'il arrive à en tirer quelque chose... Quant au deuxième... Gillian commence à s'effondrer, la tête dans les mains, devant une telle catastrophe... Relève les yeux aux cris redoublés...

Hey mais...! Ils se tirent ! Empêchez-les !! Mais fermez les portes !!! Lâchez la foule !!!

Et là, c’est le drame. Pas possible, dans une vie antérieure, j’ai dû être un sacré gangster pour mériter une telle claque dans la trombine à ce jour. Seb’ arrive sur moi comme une balle et met fin à nos discutions de vieux sioux.

J’observe sa prestation, les yeux d’un poisson rouge et tente de chercher un peu de réconfort dans l’étreinte So-doudoux de Caillou. Pitié quoi. Une seconde passée, je me sens soulevé par sa force toute vampirique et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouve à moitié à poil au milieu d’une assemblée de succubes. J’voudrais vous y voir tiens. J’a-do-reuh. Y’a pas à dire !

Je me débats comme une larve s’extirpe de sa chrysalide, tétanisé à l’idée que mon corps d’artichaut est désormais le sujet des contemplation. Génial. Papa vient changer ma couche en public. Mes mains se groupent sur le bras du Tortionnaire et lorsque ma voix résonne, j’ai l’impression de m’entendre crever.

- Argff … Dis-je, me sentant l’âme d’un pendu. Gs !g ;r ,ds … efzm,g’ t : « é& : …
Traduction : Avant de perdre mon semblant d’honneur, je voulais remercier Mélina qui m’a toujours soutenu dans les moments les plus noirs ainsi que Janelou qui ne m’a jamais jugé et qui a cru en moi jusqu’au … bout. Ouais.

Inutile de braver sa force, je me laisse flotter comme drapeau au vent au bout de la main de Lazlow. Ce même vent faisait tanguer Caillou qui me faisait dos, menaçant de le retourner vers moi. Il ne devait pas me voir ainsi, non, pas comme ça, en short Lazlow !! Et je hurle :

- Naaaaan ! Caillou !! Ne te retourne paaas ! Ne bouge pas Caillou ! Papa va venir te chercher très vite ! Ôwww, Caillouuuu ! Puis, tentant de pointer du menton vers le tortionnaire : Il est si jeune ! Tu m’entends ? Il vient à peine de sortir de Toy’s ‘R’ Us ! C’est inhumain ! Si jeune pour voir de telles images, c’t’indécent quoi !
- Je suis Caillou, fais-moi-un-câlin …
- Caillou, petit pervers ! Je t’interdis ! Dis-je, choqué.

Impuissant, je ne pouvais plus qu’assister à ma déchéance. Lazlow leva mon poing si haut que mes pieds pendaient lamentablement à quelques centimètres du sable. Dans ma honte, je fixais Mihaïl avec autant de vivacité que Caillou, l’air de dire : Sauve moi, achève-moi !
Puis, comme un berger-allemand qui part chercher un boomerang, Seb’ détale pour aller récupérer sa boulette. Moi ben, je m’écroule au sol et que mort s’en suive, voilà.

- J’ai jamais fait de mal à mon prochain pourtant … What ? Que j’me dis, amer.
- Je suis Caillou, The Fun Rabbit !
- C’est ça Caillou … et moi j’suis Eugène, The Fuck Relique !

Mihaïl agrippe mon poignet et me redresse sur mes deux jambes, m’arrachant à mon état larvaire et à mes questions existentielles. Caillou sous l’aisselle, on taille la route en toute hâte et c’est dès qu’on a fait 7 fois le tour de l’arène que je lui hurle, pour qu’il m’entende.

- Mihaïl … Mihaïl ! J’crois qu’on les a semés ! Faut qu’on trouve le Portail pour sortir de là !

Et ça y est, je m’imagine piégé dans Stargate, dans un monde parallèle bête et méchant. Nous arrivons au pied de la longue grille fermée que nous avons, tous les deux, fait la connerie de franchir pour rentrer dans l’enfer. Rapidement, je m’agenouille sur le sable et me mets à creuser un petit tunnel sous la grille, un peu comme dans Koh Lanta.

- Viiite, viiite ! On a plus de temps !! Ou Fort Boyard, c’est selon … On a pas la clef mais c’est pas grave !!! Faut qu’on dégage !!

Puis, une voix grandit dans ma tête, je suis hantééé et maudit ! Ah non, c’est mon oreillette …
- Eugèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèène tu vas ouuuuuuuuuuu ?
- Loiiiinn de touaaaaa !!! J'vais me suicider à Hawaï !! Youpla boum !!
D'une voix nettement plus posée.
- Ah oui ? Et tu comptes sortir comment de l'arène ? En volant peut-être, bois du Red Bull...ça te donnera des ailes. Bats toi ! Fais lui un croche patte ! Ou faut-il que je me lève pour vous mettre une raclée à tous les deux ?
- Si j'buvais du RedBull, sois sûr que je viendrais te chier sur l'épaule ! Seeeb, je n'sais pas me battre alors je fais ce que je sais faire de mieux ! En plus, et ben le caleçon il est trop grand et il me gratte les .... Alors moi j’dis chiotte !
- Tsssssssss ! Tu veux que je te le dise comment ! Fais lui un croche patte et quand il est au sol... tu lui sautes sur la colonne. Allez bouge toi les fesses Liziat, sinon triple corvée de donjon.
Et pis le caleçon il est pas trop grand. Ca se porte large... t'y connais vraiment rien en mode !

Il m’énerve, il se permet de me donner des conseils alors qu’il se dore la couane sous la lune, bien installé dans les stalles. Je m’approche de Miel et lui désigne l'oreillette comme je montrerais un sceau maudit sur ma peau.
« Seeeb, j’me sens pas prêt … Psychologiquement et physiquement … J’ai besoin de temps … Que j’lui dis, comme une ado boutonneuse aborderait le sujet X. Miel, dis lui pliz !! Dis lui qu'il capte que dalle ! »

Qu'on deux quiches et qu'on a même pas honte ! Tous les cris les SOS, partent dans les airs …

Mais qu’il fout dans ces endroit, comme toujours il s’est vêtu simplement.. Pourquoi venir voir se genre de combat et pourquoi avoir prit son son ailes un des humains.. Mais qu’elle idiotie… Il s’était attendu a s’ennuyer la plus par des humains ne sachant plus vraiment se battre.. Bref il est venu sans se faire aucun espoir.. Mais bon voir apparaître Mihail dans l’aréne lui a fait un cou au cœur qu’il n’a plus… Mais bon a voir son adversaire du moment, il n’y a pas a dire il ne risque pas grand chose… On dirait deux enfants perdus dans un monde trop grand..
Le vampire porta un instant sa main a sa bouche, pour s’empêcher d’éclater de rire, cela ne se faisait pas… mais bon le spectacle qui se déroulait sous ces yeux l’amusait au plus haut point.. Sauf peu être l’arrivée du vampire.. Bien que le voir habiller son esclave est des plus amusant… Bref le vampire savourait ce moment.. Voir fuir mihaïl avec l’autre est aussi amusant, mais enfin qu’elle idée a eu edwin d’inscrire l’humain a ce genre de combat…

Doucement Oscar décida de se déplacer, juste pour agir, si il venait dans l’idée du tortionnaire d’agir… Bien oui si quelqu’un fait du mal a Mihaïl il risque de se fâcher… Un sourire toujours sur ces lèvres.. Bien quoi on a le droit de s’amuser… Il est mignon le petit a creuser la terre comme cela, mais il va se casser les ongles…. Bref Oscar s’amuse plus a regarder qu’autre chose…

Ces quelques heures auraient dû être un moment de paix. Quelques instants de bonheur et de tranquilité durant lesquels j'allais pouvoir regarder tranquillement un combat les pieds en éventail tout en sirotant de la Virgin Sanguine.

Mais voilà qu'un petit teigneux que je ne connaissais pas s'avança vers moi, m'attrappa par le bras et me traîna jusqu'à la cabine de commentateur. Mes yeux devinrent aussi gros que des balles de golfe lorsqu'ils se posèrent sur Mark, le commentateur officiel du match. Je me dégageai de l'autre teigne et me dirigeai vers l'amoché.

- Mark. Sois fort, tout ira bien.

J'hochai la tête en silence. La seconde d'après, l'autre tâche me prenait par le col et m'asseyait dans la cabine, micro en main. Je lui fis un sourire à la émail diamant lorsqu'il eu fini de me donner des directives, mais pourtant n'en pensait pas moins.

- Pas d'inquiétudes Monsieur, je ne le louperais pas!

Et j'enchainais

- Mesdames et messieurs bonsoir!

Suite à quelques... incidents sans grandes conséquences nous voici en direct pour le Liziat versus Egonov, parce que même les nounours ont une part d'agressivité en eux!

Alors Mihaïl Egonov est issu de la Vanelsin team... Bonjour à Sweety au passage, tandis que Eugène Liziat est fabuleusement entraîné par Sébastien Lasso.

Pour juger ce combat des experts, Oscar de La Lyserai, Gillian Norwell et Ulysse Galaad!

Silence. Je regardais, interdit, les deux humains s'éxécuter. Que pouvaient-ils être en train de traficoter?
Le public, très vite, se met à siffler, huer. L'organisateur arrive dans la cabine les larmes au bord des yeux. Le pauvre type me murmurent d'une voix désespérée...

-Débrouillez-vous, improviez mais... il faut faire quelque chose, c'est un fiasco!

Je regardai dépité l'Egonovprendre par la main son concurent pour l'entraîner à travers l'arène... Et que pouvais-je raconter avec ça?

- Alors mesdames et messieurs... En fait... là... Egonov met à exécution une technique qui s'appelle... euh s'appelle... le courrons-très-très-vite-et-épuisons-nous-pour-rien... C'est une technique trèèès ancienne qui, comme son nom l'indique, consiste à courire à vive allure en compagnie de son adversaire afin de l'épuiser pour mieux l'achever.. Car il est très endurant l'Egonov... oh oui!

Oh mais regardez! Liziat riposte! Il se dégage de l'emprise d'Egonov et se met à..

Je fais un blocage. C'était à n'y rien comprendre... Qu'elle connerie allais-je bien pouvoir tenter de faire passer en argument tout à fait crédible avec ça?

- creuser! Il s'agit également là d'une technique difficile à mettre en oeuvre qui peut avoir une portée double! Soit dérouter l'adversaire pour mieux riposter, soit l'encourager à faire pareil dans le but qu'il finisse en position de l'autruche! Astucieux le Liziat, Egonov tombera t-il dans le piège?

Et flûte, nous sommes pris au piège ! Eugène prend l'initiative de creuser sous la grille. Sa solution désespérée a un goût de bord de mer. Il ne lui manque plus que le seau et la pelle en plastique...
De mon côté, je teste la sortie par-dessus... en vain. Ca glisse.
Réfléchis, Egonov, réfléchis bien... Les situations désespérées, c'est ton rayon, non ? T'as déjà fait cramer un vampire en ouvrant la fenêtre ! Sortir d'ici les papattes en-dessous et pas devant, c'est sûrement possible !

Visiblement, un parasite dans l'oreille de mon congénère tente de le manipuler. Ah non ! Il ne va pas commencer à perturber mon nouveau poteau, celui-là !
D'un calme presque surnaturel, j'incite Eugène à me filer l'oreillette. Après qu'il me l'ai donnée, je l'approche de mon oreille.

- Aaaaallô ? Schkkkkkkkrrrrrrrrrrrrssssssccccchuiiiiiitttttttcrrrr... Pardon, vous dites ? Non, Monsieur, nous n'avons pas commandé de pizza trois fromages, vous faites erreur ! Sccchhhhhcrrrrrrrr... Je ne vous entends plus, Monsieur... Schcrrrrrrr... C'est cela, au revoir !

Je balance l'oreillette dans le sable, loin de nous. Relevant le regard vers le public, tandis qu'Eugène fait son trou, je me rends compte que deux ou trois types pâlichons et énervés, certainement des vampires - quel fascinant esprit déductif ! Je m'épate de jour en jour - sortent des gradins pour s'introduire dans l'arène.
N'étant pas satisfaits de notre prestation, ils cherchent certainement à pimenter le spectacle. Mais retenez-les, bon sang, ils trichent ! Et accessoirement, ils vont nous massacrer, mais ce n'est qu'un détail.

Un regard désespéré à Eugène. Un regard terrifié aux types qui courrent dans notre direction. Un miraculeux et hasardeux regard à la batte fichée dans le sable, à une trentaine de mètres de notre position.
*Tilt*
Mes pupilles s'illuminent. Elle m'apparait soudainement comme le Graal sur un piedestal. Alleluïaaaa !

Abandonnant Eugène à ses jeux de plage, je m'élance en direction de la seule arme correcte dont nous disposons désormais. Les vampires se rapprochent, mais j'atteindrai la batte bien avant eux ! Même si j'en ai bavé, je bénis ces footings forcés, finalement.
L'entrainement spécial "esclave de VK", breveté par Edwin Vanelsin (droits d'utilisation à reverser à l'association des Petits Russes Poisseux), consiste à courir comme un dingue sans jamais se retourner... tout en sachant manipuler dans le feu de l'action un pieu, un flacon d'eau bénite et un briquet - le kit de survie de l'appétissant humain en milieu hostile, toujours en poche.
Testé scientifiquement sur dîner plutôt convoité.

Le tout en se persuadant que si on survit à la chasse, on pourra récupérer toutes les calories qu'on aura brûlé pendant l'exercice. Miam !
Y'a intérêt à ce que ma tarte soit déjà dans le four.

Cette batte, je vais l'avoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir ! J'exécute un majestueux bond de trois mètres, pulvérisant le reccord de ma grenouille, dégageant sous l'impulsion de mes pieds une volée de sable, et m'écrase lourdement par terre... à environ deux mètres de ma cible.
Shit ! Mal visé !
Rhooo le boulet...

Mais je ne m'avoue pas vaincu, je rampe jusqu'à l'atteindre et l'attrape vivement. Je me relève et fuis, poursuivi dans l'arène par les monstres. Manque plus que le fond musical punk, et c'est le remake de Scooby-Doo !

- Sammyyyyyyy ! Euh... Eugène, creuse plus vite !! Je protège tes arrières !

Je me place derrière lui, face aux vampires. Ils se rapprochent, ils sont déjà là... Je brandis ma batte, mes deux poings serrés sur le manche, et la pose sur mon épaule, prêt à frapper si besoin... prêt à mourir en héros ! Fatalisme chronique, quand tu me tiens...

Je zieute Caillou déposé à même le sable. T'en fais pas, mon p'tit père, tu t'en sortiras ! Il est temps de voler de tes propres ailes, désormais...

Les vampires nous encerclent. Je leur adresse un regard menaçant peu crédible.

- Le premier qui s'approche, je lui éclate la tête !

Dit-il en tremblant comme une petite fille de huit ans avant son premier spectacle de danse...

Et l’oreillette part valdinguer dans le sable de l’arène. Freedom, freedom ! Je suis enfin libre de penser comme un grand garçon, sans les bons conseils de Lazlow pour m’illuminer la sainte voie du sanguinaire. Mon poteau m’a littéralement exorcisé. Je me redresse un moment, cherchant parmi les bouilles déconfites du public la tronche de mon tortionnaire et une fois dénichée, je lui tends un sourire peiné, presque compatissant. C’est vrai Seb’, entre nous, rien n’allait plus, il était temps de faire un break.

- Mon héroooooos …! Que j’dis à Mihaïl, mes yeux devenus deux aquariums. ( *-* )

Enfin, on se jettera des fleurs plus tard hein, si du moins il y a un plus tard. J’entends dans mon dos Mihaïl se battre comme un dieu avec la force du désespoir. Ses cris vaillants m’encouragent à m’affairer à la tâche, sous les yeux insipides de Caillou. Je creuse, je creuse à en prendre la boule. C’est notre seule chance. Certes, pleins de dangers nous attendent, mais nous allons souffrir et nous battre jusqu’à la dernière de nos forces. Nous sommes des Winners.

Et je creuse. Papa, Maman, vous qui êtes au ciel, soyez fiers de moi ! C’est pour vous que je creuse mon trou de vingt centimètres. Et Slash, j’ai du sable dans les yeux et dans le caleçon. Pas grave. J’en ai vu d’autres. Et Slash, je me casse un ongle. Pas grave. Je survivrai. Et je creuse encore, le cul en l’air, sentant les yeux de Caillou posés sur mon postérieur.

- Cailllouuuu !! Arrête de faire ton vilain vicieux et aide-moi ! ‘Tain, pourquoi Syrielle m’a pas filé une pelle et un seau !!
- Je suis Caillou. Et j’aime les pelles. Moins les seaux.
- Tu m’dégoûtes, vieux machin !!

Enfin, mes efforts sont couronnés de succès et ma main surgit de l’autre coté de la grille. Je me glisse en apnée dans le petit tunnel improvisé, laissant Caillou à son triste sort. Le pauvre quand même … Non ! Sois fort, Liziat, pas de salut pour les pervers cotonneux. Mais ce n’est qu’une peluche … Oui ben non, c’est pas une Peluche, c’est Caillou. L’infâme Caillou.

Au bout d’une longue minute, j’émerge du sable brusquement, reprenant mon souffle comme si j’avais manqué la noyade. La sueur colle mes cheveux sur mon front plein de sable. Dommage que je n’ai pas d’appareil photo sous la main car j’ai l’air d’un héros, à bout de forces, revenant de la guerre. Enfin, comme la luminosité du corridor est un tantinet trop sombre, ce sera sans regret.

- MIHAAAAAAAAAAAAAÏL !!!!! CAMARADE !! Que j’lui cris alors qu’il se bat, becs et ongles.
- Mon poooote, magne-toi !!!! J’te promets que quand on sortira de là, on ira se bourrer la gueule toi et moi jusqu’à ramper par terre ! Mihaïl !!!

Quelques secondes plus tard, mon poteau échappe à l’emprise de ses assaillants et me rejoint derrière la grille. Mission réussie, sans bavure, nickel chrome. Je lui fais un clin d’œil très ricain et on détale comme deux lièvres dans la galerie, laissant une arène vide. Je cours aussi vite que mes jambes me le permettent, mon cœur s’affole, je sens mon énergie m’abandonner mais je tiens bon.
La chute. Cinq mètres plus tard, j’aperçois la silhouette raide de Sebastian qui nous attend de pied ferme et entrave notre route. Tous mes projets d’avenirs se brisent alors. Pour qui il se prend à la fin ? Il va dégager de mon chemin, de gré ou de force, c'est moi qui vous l'dit. Je réfléchis longuement et …

J’attaque.

- Pourquoi tant de haine … ? Petite larme. Pourquoi se battre alors que demain, le soleil brillera et les p’tits oiseaux chanteront ? Pourquoi s’affronter alors qu’on pourrait tous s’aimer les uns les autres et courir ensemble dans de vastes champs de blés comme des enfants enjoués ? Pourquoi se saigner comme des porcs alors qu’on pourrait rire tous autant que nous sommes, tous unis contre la vie chère ! Qu’on pourrait affronter le destin, la main dans la main, porté par l’amour, l’amitié, le courage, la sagesse, l’honneur et la baise ? Pourquoi est ce que la mère à Bambi elle est morte, tuée par des chasseurs alors qu’il n’était encore qu’un tout petit faon tout mimi ? Pourquoi est ce que Bliss, Cybèle et Blanche, et ben pourquoi elles en chient tant ? Pourquoi est-ce qu’on fait pas noël tous les jours, comme Barthelemy ? Pourquoi !! Pourquoi est-ce qu’Edwin, il a viré Rune de Nightwish ? Pourquoi est-ce que Mélina, elle veut pas avoir de gosses ? Hein ?! c’est parce qu’il y a pas de péridurale à VK ? J’comprends paaaas ! Pourquoiiii ! HEIN SEB ! DIS MOI POURQWOUAA ! J’suis une victime des Temps Modernes !!! Et je cris, les bras déployés, comme si le petit jésus pouvait m’entendre.
- MONDE CRUEL !!!!! VIE DE MEEEEEEEEEERDE !!

Allez Seb’, un petit effort, pour la première fois de ta Non-Vie, essaye d’avoir pitié …Tu peux le faire !

J'ai jamais joué au baseball, mais ce sera l'occasion.
Concentration ! J'imagine des balles bien blanches à la place de leurs têtes... Voilà, c'est ça... Aah, y'en a une qui bouge, là ! Et vlaaaaaaaaaan, j'la dégomme !! Ca ne suffira jamais (oui les vampires c'est comme les zombies dans Resident Evil, t'as beau frapper, ça sert à rien... bref, hors-sujet !), et j'avoue que je préfère de loin les négociations courtoises autour d'un petit thé à la menthe, mais tant qu'à devoir subir une mort violente... autant se lâcher un peu.

Accompagnant ses gestes de rugissements bestiaux, le gladiateur de Néandertal impressionne... par son pathétisme ?! Je rêve ou quoi ! Ils se marrent ! C'est ça, fichez-vous de ma tronche, j'aimerai vous y voir. Allez, approchez-vous donc, et ratatinez-moi vite fait, qu'on n'en parle plus !

Je suis Caillou, the Fun Rabbit ! Tu vas te prendre une raclée !
Caillou, ta gueuuuuuule ! C'est toi qui vas te prendre un coup de batte si ça continue.
Je suis Caillou, fais-moi un câlin !
C'est ça, ouais... J'en fais pas à mon Alter-Ego, je ne vois pas pourquoi j'en donnerais à un inconnu poilu et à la conversation limitée.

Le cri d'Eugène me signale que le tunnel est opérationnel. Nous "bourrer la gueule" ? Euh... hum... Tu sais, moi quand je bois, j'essaye de me balancer du toit...
Ou alors, je prie. Dieu ? Oh que non... Cathy O'Connor, ça suffit !

- J'arrive !

Je me retourne en direction de la grille et croise le regard d'Eugène à travers les barreaux.
Flûte ! On a failli oublier Caillou ! Même s'il m'insupporte, je ne peux me résoudre à l'abandonner. Je pivote sur mes talons, choppe le nounours et le balance par-dessus la grille. Sauve-toi, Caillou, et ne te retourne paaaaas !!

Je balance violemment la batte sur les vampires, et plonge dans le sable avec toute l'élégance d'un hippopotame se prenant pour une autruche. Je passe les bras dans le trou, puis tout le haut du corps, ignorant les ricanements stupides, inutiles et frustrants qui retentissent derrière moi.

Et là, naaaaaan ! La poisse a encore frappé !
Arf. Mon postérieur est coincé sous la grille. Je vais mourir ici, comme un débile, à cause de ma gourmandise. Et moi qui me demandais si la balance et Edwin avaient monté un complot contre moi, et où passaient donc tous ces kilos... ben maintenant, je le sais.

Au prix de nombreux efforts et d'un peu de sable dans le pantalon, je finis par me sortir du pétrin, et me relève aux côtés d'Eugène, dans un couloir sombre. Nous nous mettons tous deux à courir le plus vite possible.

Euh... Y'a un truc qui cloche. Les suceurs de sang abandonnent et s'éloignent. Ils pourraient faire ouvrir la grille, nous poursuivre ! Mais visiblement la nature ne les a pas dotés de l'intelligence de tourner une clé dans une serrure. Ils sont déjà forts et immortels, fallait pas trop en demander, hein !

- Attends... Eugène, non ! C'est un piège !!!

Zut ! Je le savais ! Lazlow nous attend, là-devant !
J'attrape devant moi une manche du magnifique tee-shirt de la Lazlow Team (eark ! Ca pique les yeux, c'est immonde...). Eugène s'arrête brusquement et dans mon élan je percute son dos de plein fouet. Mon profil s'écrase contre l'arrière de son crâne et je m'écroule, sonné, le nez en sang.

Gégène : 1. Mimi : 0.
Mais c'est qu'on avait de bonnes intentions, au départ...

C'est que j'ai l'air fin avec tout ce sang sur le museau. Tout en transférant le flot rouge sur la manche de mon sweat, j'imagine déjà le cri d'horreur d'Edwin qui devra laver le linge du futur cadavre déchiqueté qui lui sert de protégé. A l'eau froide, Edounet, et laisse bien tremper surtout !

Admiratif, je me relève tout en écoutant la sublime tirade d'Eugène. Du bout de l'index, j'éjecte du coin de mon oeil la petite larmichette qui s'y est nichée, et pose une main sur l'épaule de mon compagnon. Bravo... Très émouvant. Si j'avais été à la place de son maître, je me serais écroulé sous le poids du désespoir de ses mots.
Bambi... Noooooon ! Oh, ça me tue...

Reniflement bruyant.

Bon, c'est pas tout, faut qu'on se débarasse de Lazlow, maintenant... Je ne suis pas sûr que les mots, même bien choisis, suffisent.
Je me souviens soudainement que je possède un pieu, un briquet et de l'eau bénite, là dans ma tenue so sexy de super gladiateur (hum... un sweat miteux et un futal en coton de type pyjama). Au choix ! Plouf plouf... Ce sera toi. Je plonge la main dans ma poche, en sors vivement le briquet et me rapproche du caïnite pour le lui agiter sous le nez, frottant désespérément la roulette.
Eh merde. Vide.

Qu'est-ce que le comble de la poisse ? Eh ben... c'est nous.

- Hum... Peace and love, mon frère ! La vie sauve, ça se négocie ?